Artisanat : des œufs de Pâques tchèques en frivolité
Les œufs richement décorés représentent un symbole incontournable de Pâques en Tchéquie. Teintés avec des motifs grattés, dessinés à la cire ou créés avec de la paille collée, ils peuvent aussi, plus rarement cependant, être décorés à la dentelle.
Originaire de Strakonice, en Bohême du Sud, Eva Drančáková se consacre depuis plusieurs décennies, à la création de la frivolité : une dentelle splendide et délicate constituée d’un ensemble de nœuds et de picots, dont elle créée des bijoux, en particulier des boucles d’oreille et des colliers, mais aussi des décorations de Noël et de Pâques. Elle explique :
« Dans les pays anglo-saxons, cette technique s’appelle ‘tatting’. En Tchéquie, nous utilisons pour ce type de dentelle le mot français frivolité, ou alors on parle d’une ‘frivolitka’. Comme la technique consiste en fait à faire des nœuds, elle était autrefois utilisée par des pêcheurs qui réparaient leurs filets de cette manière. Pour cela, ils se servaient bien sûr d’un fil solide et beaucoup plus épais. Ensuite, la frivolité est devenue beaucoup plus fine. Elle était surtout utilisée pour orner les nappes d’autel dans les églises ou encore comme bordure de sous-vêtements. De plus en plus populaire, cette technique nous permet aujourd’hui de créer toute sorte de décorations et d’apporter un élément peu commun à une robe par exemple. »
Dans ses créations originales, Eva Drančáková combine la dentelle frivolité avec des perles artificielles, des boutons en céramique et même avec des écailles de poisson. Cette fine dentelle constituée d’une série de nœuds autour d’un fil peut être réalisée avec une aiguille ou un crochet, mais l’instrument le plus utilisé reste la navette qui sert à stocker et manipuler le fil :
« La frivolité à la navette est pratiquée notamment en Pologne, en Italie, en France et en Espagne. Les Ukrainiennes et les Russes maîtrisent également cet art, de même que les Américaines. Moi-même, je me consacre à la frivolité depuis 1995. A l’époque, c’est la frivolité à l’aiguille qui est arrivée chez nous des Etats-Unis. Mais ces aiguilles spéciales étaient introuvables en Tchéquie, de même que les navettes. Alors j’utilisais une aiguille ordinaire que j’émoussais, pour ne pas me blesser. Le chas de l’aiguille devait être très petit. Je suis restée fidèle à cette technique. Pour chaque fil, j’ai besoin d’une aiguille de taille différente. Avec un fil épais, le travail est assez rapide, mais lorsqu’il est très fin, cela prend beaucoup plus de temps. Pour les œufs que l’on voit ici, il m’a fallu pas moins de quatre heures par pièce. »
« En Tchéquie, nous ne sommes pas nombreuses à perpétuer ce savoir-faire. C’est un travail méticuleux qui nécessite beaucoup de patience. Personnellement, je ne vends pas mes produits sur les marchés, je trouve la dentelle trop belle et trop fragile pour l’exposer et la vendre dehors, sur un stand. En revanche, j’aime bien participer aux ateliers et expositions dans des musées, cela m’arrive même assez souvent. C’est un milieu propre, où il n’y a pas de poussière. La dentelle mérite un traitement particulier. »
Eva Drančáková présente régulièrement ses œuvres au Musée de la Bohême du Sud de České Budějovice. Ceux qui seraient intéressés par ses produits peuvent contacter l’artisane via Facebook.