Cette année, des fêtes pascales perturbées par le coronavirus
Tout comme pour les fêtes de Noël, les traditions pascales sont encore pratiquées avec assiduité en République tchèque. Et ce en dépit du fort athéisme de la population. Tour d'horizon des spécialités culinaires et des différentes coutumes pascales : décoration des œufs, chants de Pâques mais aussi et surtout une tradition qui suscite toujours la surprise chez les étrangers, soit le fameux fouet tressé destiné aux filles. Pâques 2020 sera toutefois fêté de manière bien plus retreinte en raison des mesures de confinement en vigueur dans le pays.
En Tchéquie, pas de fêtes de Pâques qui se respectent sans œufs peints de toutes sortes de façon. La décoration des œufs, symboles de vie nouvelle et de renaissance, est un art qui a été poussé à la perfection : si les enfants peuvent le faire de manière amateure à la maison, pour le plaisir, des artisans – jadis des femmes essentiellement – confectionnent également des œufs richement décorés (« kraslice »).
Un savoir-faire traditionnel qui tend à disparaître avec les nouvelles générations, mais que certains s'efforcent de faire perdurer, comme Lenka Volková, membre de l’Association des peintres d’œufs de Pâques, que nous avions rencontrée en 2018.
Côté culinaire, plusieurs plats sont associés avec Pâques en Tchéquie, et tout particulièrement des pâtisseries. Parmi les plats typiques, la viande d'agneau, associée à la tradition chrétienne, occupe évidemment une place de choix. Mais également le lapin. Les deux peuvent être accompagnés d'une farce aux orties. Côté spécialités sucrées, citons la brioche de Pâques fabriquée à partir de pâte levée (« mazanec ») ou encore l’ « agneau » à base de biscuits glacé au sucre (« piškotový beránek »). Selon les familles, d'autres douceurs peuvent être préparées comme les « grâces de dieu » frites enrobées de sucre (« boží milosti », sorte de beignets). Et pour finir la tradition qui fait l'originalité de Pâques en Tchéquie : le lundi de Pâques, les hommes et les jeunes garçons sortent dehors et vont « koledovat », c'est-à-dire chanter dans les rues des villages et font un porte à porte un peu particulier. Armés de branches de saule tressées et décorées de rubans, ils fouettent les filles et les femmes qu'ils croisent, la tradition populaire étant que cette pratique est censée leur apporter beauté et fraîcheur pour toute l’année. Une coutume qui remonterait plutôt aux temps pré-chrétiens mais qui continue à être pratiquée encore aujourd'hui. En « échange » de ces chants et de ces coups de fouets, les enfants reçoivent généralement des œufs colorés ou des sucreries. Les plus âgés sont récompensés par un petit verre de la gnôle locale, de la prune le plus souvent, et des pâtisseries.Cette année pourtant, les fêtes de Pâques seront confinées comme le reste de la population : aucune sortie ni visite n'étant autorisée, les représentants de la gent masculine devront se contenter de donner un coup de fouet aux filles et femmes de la maisonnée exclusivement. Les petits garçons ne pourront pas rendre visite aux voisins du quartier ou du village et seront réduits à consommer les friandises de leur foyer.
Enfin, si leurs parents auront réussi à confectionner les pâtisseries traditionnelles : la plupart des recettes pascales se font à base de levure qui est en actuellement en rupture de stock dans de nombreux magasins.