Athlétisme – Mondiaux : 25 Tchèques à Pékin, Hejnová, Špotáková et Veselý visent un deuxième titre

Photo: ČTK

Vingt-cinq représentants tchèques participent aux championnats du monde d’athlétisme qui ont débuté samedi à Pékin. Deux ans après les trois médailles ramenées des précédents Mondiaux à Moscou, les principaux espoirs tchèques reposent une nouvelles fois essentiellement sur les épaules de Zuzana Hejnová, championne en titre du 400 mètres haies, et des lanceurs de javelot Vítězslav Veselý et Barbora Špotáková, sacrés respectivement en 2013 et 2007.

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Jamais plus sans doute les Tchèques, et Slovaques, ne feront aussi bien qu’à Helsinki en 1983. A l’époque, pour ce qui était alors les premiers championnats du monde de l’histoire, trois d’entre eux, Jarmila Kratochvilová sur 400 et 800 mètres, Helena Fibingerová au lancer du poids et Imrich Bugár (Tchèque né en Slovaquie) au disque, avaient offert quatre titres à la défunte Tchécoslovaquie. Si on ajoute à ce bilan trois breloques en argent et deux autres en bronze, ce ne sont pas moins de neuf médailles que les athlètes tchécoslovaques avaient décrochées en Finlande.

En comparaison, les trois podiums sur lesquels les athlètes tchèques sont montés trente ans plus tard lors des derniers Mondiaux passeraient presque pour un bilan famélique. Mais les années 1980 sont une époque bel et bien révolue, et sans doute mieux vaut-il ne pas trop s’en plaindre tant on sait les (forts) soupçons de dopage généralisé qui planent aujourd’hui encore sur tous ces résultats « sur-hormonalisés ». Non pas que le problème de l’amélioration artificielle des performances ait disparu, comme l’attestent si besoin encore en est les derniers scandales en date à l’échelle internationale, mais le nombre moins important de succès laisse à penser que, ne serait-ce que dans l’athlétisme tchèque, certaines mœurs et pratiques se sont assainies.

C’est donc avec des ambitions conformes à la taille de leur pays et de leur sélection présente à Pékin que les Tchèques ont attaqué ces XVes Mondiaux de l’histoire. Et s’ils pouvaient repartir de Chine dimanche prochain en ayant fait aussi bien qu’à Moscou en 2013, très probablement s’en satisferaient-ils. Après les trois premiers jours de compétition, une chose est néanmoins acquise : le lanceur de marteau Lukáš Melich ne rééditera pas sa performance d’il y a deux ans. Alors médaillé de bronze, le Tchèque, auteur d’un jet à 72,12 mètres et jamais vraiment dans le coup, n’est pas parvenu cette fois à sortir des qualifications pour la finale.

Zuzana Hejnová,  photo: ČTK
Ce stade des qualifications, c’est en revanche sans le moindre souci que Zuzana Hejnová l’a franchi. La championne du monde en titre et leader de la Ligue de diamant, vainqueur des trois dernières courses à Paris, Londres et Stockholm, s’est qualifiée pour les demi-finales du 400 mètres haies en remportant sa série sans forcer en 54’’55. A la sortie de la piste, Zuzana Hejnová avait donc toutes les raisons d’être satisfaite :

« J’avais de bonnes sensations. Je suis contente d’avoir pu prendre mes repères pour ce qui a été un bon tour de chauffe en économisant des forces pour la suite. Comme avant chaque grande compétition, j’étais un peu nerveuse au départ. On ne sait jamais ce qui peut arriver, et on l’a encore vu aujourd’hui avec l’Italienne qui était juste devant moi qui est tombée. Mais pour le reste, je savais que l’essentiel aujourd’hui était de terminer à une des deux premières places. »

L’essentiel, et même mieux encore, Zuzana Hejnová l’a également accompli ce lundi en se qualifiant cette fois pour la finale. Auteure du meilleur temps des trois demi-finales en 54’’24 tout en déroulant tranquillement dans les derniers mètres, c’est avec l’étiquette de grande favorite sur le dos que la Tchèque s’élancera mercredi. En cas de nouvelle victoire, Zuzana Hejnová, de retour au plus haut niveau après une saison 2014 blanche en raison d’une blessure, deviendrait la troisième athlète tchèque de l’histoire, après le décathlonien Tomáš Dvořák (1997, 1999, 2001) et le lanceur de javelot Jan Železný (1993, 1995 et 2001), à être sacrée championne du monde pour la deuxième fois de sa carrière.

Vítězslav Veselý,  photo: Jakub Marek,  ČRo
Cet objectif, à savoir la conquête d’une deuxième couronne mondiale, est également celui des lanceurs de javelot Vítězslav Veselý et Barbora Špotáková. Ce lundi, le premier cité faisait son entrée en matière dans la compétition avec pour seul but de lancer suffisamment loin dès son premier essai pour se qualifier le plus vite possible et ainsi préserver ses forces avant la finale prévue au programme elle aussi mercredi. Lui aussi leader, comme Zuzana Hejnová, du classement général de la Ligue de diamant, le protégé de Jan Železný sait néanmoins que la concurrence est particulièrement rude au plus haut niveau cette saison. Auteur « seulement » de la sixième meilleure performance mondiale de la saison, Vítězslav Veselý est bien conscient que la défense de son titre de champion du monde ne sera pas une partie de plaisir et ne dépendra pas nécessairement que de lui, puisque pas moins de vingt-cinq athlètes ont lancé à plus de 83 mètres cette saison :

« Le fait que je sois le tenant du titre ne joue aucun rôle. Ce n’est ni un avantage, ni un désavantage. En tous les cas, ce n’est pas un poids ou une pression supplémentaire. Les choses sont simples : j’y vais avec l’idée de faire de mon mieux. Après, on verra si ma performance suffit pour conserver mon titre ou monter sur le podium. Ce n’est pas simple cette année. De nombreux autres athlètes ont lancé très loin et le concours sera beaucoup plus ouvert que les années précédentes. »

Jakub Vadlejch,  photo: ČTK
Toujours chez les hommes, tandis que pas moins de trois Tchèques, tous entraînés par Jan Železný, devaient prendre part aux qualifications du javelot, Jakub Vadlejch fait lui aussi figure de prétendant potentiel à une médaille. Huitième meilleur performer mondial de la saison avec 86,21 mètres, son record personnel, le compère de Vítězslav Veselý pourrait causer la surprise dans un bon jour.

Et puis qui dit javelot en République tchèque ces dernières années dit forcément Barbora Špotáková. Sacrée à Osaka en 2007 et médaillée d’argent à Berlin en 2009 et Daegu en 2011, la double championne olympique en titre et recordwoman du monde entend bien retrouver les sommets à Pékin. Pour sa première grande compétition internationale depuis sa maternité, Barbora Špotáková, qui s’entraîne désormais seule après son départ du groupe de Jan Železný en fin de saison dernière, ne fait cependant pas nécessairement figure de principale candidate à l’or.

Barbora Špotáková,  photo: ČTK
Bien que leader elle aussi du classement général de la Ligue de diamant, la Tchèque, tout comme son compatriote Veselý, n’a réalisé pour l’heure que la sixième meilleure performance mondiale de la saison avec 65,66 mètres, et ce lors de son dernier concours pré-Mondiaux au meeting de Stockholm fin juillet. Avec quinze filles à plus de 65 mètres cette saison, Barbora Špotáková entend néanmoins faire valoir son expérience emmagasinée lors des précédents grands championnats et Jeux olympiques pour redevenir la numéro un mondiale. Et si l’affaire pouvait se terminer en apothéose comme lors de son premier titre olympique à Pékin en 2008, où la Tchèque avait remporté le concours à son dernier lancer, elle n’en serait assurément que plus belle…