Au Sénégal, le succès des aéroports modulaires tchèques « qui sont comme des lego »
Il s’agit du plus important contrat signé ces dernières années par une entreprise tchèque en Afrique. Transcon Electronic Systems, dont les usines sont installées à Frýdek-Místek (Moravie-Silésie), sera chargé, à compter de l’année prochaine, de la réhabilitation de cinq aéroports régionaux au Sénégal. L'accord passé avec l’Etat sénégalais dans le cadre de la mise en œuvre du programme national de reconstruction des aéroports porte sur un montant d’environ 150 millions d’euros. Directeur du bureau de Transcon à Dakar, Ilja Mazánek Jr explique plus en détail la nature de la commande au micro de Radio Prague International :
De quoi s’agira-t-il plus exactement ?
« Il s’agit de la réhabilitation de cinq aéroports régionaux dans leur intégralité, c’est-à-dire que nous fournissons le terminal de passagers, les hangars, la tour de contrôle, la piste d’atterrissage, etc. Bref, des aéroports complets. »
Quelle est la particularité de votre offre ?
« Je pense que notre technologie d’aéroports modulaires est ce qui a séduit la partie sénégalaise. C’est une solution que nous avons développée chez Transcon et qui permet de construire un aéroport complet plus rapidement et à moindres frais par rapport aux réalisations de travaux plus conventionnelles qui exigent davantage de temps et de matériaux. »
« Par concept modulaire, vous pouvez imaginer des jouets de construction comme les lego. C’est très simple et c’est génial ! Cela signifie donc que nous sommes en mesure de construire un aéroport avec toutes les infrastructures nécessaires en réalisant d’abord la structure en République tchèque, puis ensuite l’assemblage sur le chantier au Sénégal. La construction, le transport et les différents services seront confiés à des entreprises locales renommées avec lesquelles nous sous-traiterons. »
Quel sera le calendrier des travaux ?
« Nous allons les lancer dans les semaines à venir. Les deux premiers aéroports à Saint-Louis et à Ourossogui/Matam seront réalisés en l’espace de dix-huit mois (s’ensuivra la reconstruction des aéroports de Kédougou, Tambacounda et Ziguinchor, ndlr.) »
Le fait que la situation politique soit stable au Sénégal était-il important à vos yeux ?« Oui, c’est évidemment un élément positif. Cette stabilité a beaucoup contribué à la bonne conduite des négociations. Ce projet renforcera notre position plus généralement sur le marché africain, car il constituera une très bonne référence. »
La réouverture d’une ambassade tchèque au Sénégal a-t-elle joué aussi ?
« Cela a été très important. L’ambassade tchèque à Dakar nous a beaucoup aidés, en coopération avec le ministère des Affaires étrangères. Mais vous savez, tout grand projet de ce type a besoin d’un soutien politique pour être mené à bien. »
Pourquoi les entreprises tchèques ne sont-elles pas plus actives sur le marché africain, bien que celui-ci constitue une priorité pour la diplomatie économique et que l’économie tchèque soit très dépendante de ses exportations ? Voyez-vous des raisons historiques, culturelles ou linguistiques à ce constat ?
« Bien que la République tchèque ne possède une population que de dix millions d’habitants, elle est un pays exportateur traditionnel. Le total de ses exportations représente près de 1 % du volume mondial, ce n'est pas rien. Mais il est vrai aussi que plus de 80 % des exportations tchèques se font sur le marché de l’Union européenne, et ce grâce à nos connexions traditionnelles avec ces pays. Il faut souligner que le gouvernement a fait de gros efforts ces dernières années pour diversifier les marchés cibles de nos exportations. Malheureusement, la mentalité des entreprises tchèques évolue lentement. Dans tous les cas, chez Transcon, nous croyons au potentiel des marchés africain et asiatique, et nous sommes prêts à faire le nécessaire pour nous y implanter durablement. »