Au tour du ministre social-démocrate Petr Krčál de démissionner pour plagiat !

Jan Hamáček et Petr Krčál, photo: ČTK/Krumphanzl Michal

La coalition gouvernementale d’Andrej Babiš se réunissait ce mercredi pour la première fois en conseil des ministres. Mais déjà deux des quatorze membres initiaux de ce gouvernement manquent à l’appel. Mise en cause pour plagiat, la ministre de la Justice Taťána Malá (ANO) a démissionné la semaine dernière. Ce mardi, le ministre du Travail et des Affaires sociales, le social-démocrate Petr Krčál, a, à son tour et pour la même raison, annoncé qu’il démissionnait.

Jan Hamáček et Petr Krčál,  photo: ČTK/Krumphanzl Michal
Le second gouvernement de M. Babiš, nommé le 27 juin dernier, subit comme une hécatombe. Après l’affaire Taťána Malá, laquelle a tenté vainement de s’accrocher à son poste, le sort de Petr Krčál semblait scellé dès lundi, quand le site d’informations Seznam Zprávy.cz a révélé qu’il aurait recopié de larges passages du travail d’un autre étudiant pour réaliser son mémoire de licence, en 2007, au sujet de la jeunesse et de ses loisirs.

Pris la main dans le pot de confiture, le social-démocrate de 53 ans a d’abord nié en bloc. Devant l’évidence – le spécialiste du plagiat Jan Mach affirme qu’il a copié 40 pages sur 65, dont son introduction -, Petr Krčál a annoncé sa démission lors d’une conférence de presse expresse organisée moins de 24 heures plus tard :

« Je veux dire que j’ai consacré beaucoup de temps à ce travail, mais je reconnais qu’il y a pu y avoir des erreurs dans son contenu. Ces erreurs ne me sembleraient pas si importantes dans une situation politique normale, au point de remettre en cause ma position de ministre du Travail et des Affaires sociales. Cependant, au regard de la situation politique actuelle et de la formation d’un gouvernement disposant de la confiance des députés, je ne veux pas être une charge, ni pour le gouvernement, ni pour la social-démocratie. »

Jana Maláčová,  photo: ČTK/PR/ČSSD
Le chef de la social-démocratie, le ministre de l’Intérieur Jan Hamáček, a remercié Petr Krčál pour sa démission, qu’il a acceptée, et pour le travail qu’il a mené au ministère pendant tout de même presque trois semaines. Il a aussi annoncé le nom de son probable successeur :

« Pour les fonctions de ministre du Travail et des Affaires sociales, je vais proposer Jana Maláčová, l’actuelle cheffe du département de la politique familiale dans ce ministère. Mme Maláčová est une spécialiste de ces questions, elle est sociale-démocrate. Elle travaille au sein du ministère et elle n’aura donc aucun problème à en prendre la tête après Petr Krčál. »

Le Premier ministre, à qui Jana Maláčová aurait fait bonne impression lors d’une rencontre passée, semble disposé à la nommer ministre. C’est avant tout l’affaire des sociaux-démocrates, indique le leader du mouvement ANO, qui prévoit d’en discuter avec le chef de l’Etat Miloš Zeman lors d’une rencontre prévue samedi.

Jan Farský,  photo: Luboš Vedral,  ČRo
Mais dans l’opposition, c’est lui, Andrej Babiš, qui est la cible de toutes les attaques. Si certains s’accordent à saluer Petr Krčál pour sa décision rapide de renoncer à ses fonctions, tous dénoncent l’incompétence du chef du gouvernement, qui aurait été incapable, en huit mois de négociations après les législatives, de trouver des ministres qualifiés pour leur poste. Président du club parlementaire du mouvement des Maires et indépendants (STAN), Jan Farský a résumé ces critiques :

« Je dois saluer le fait que ce ministre social-démocrate ait démissionné après une journée seulement. C’est une triste conséquence, mais ce gouvernement a été formé par un politicien, Andrej Babiš, qui fait l’objet de poursuites judiciaires, et cela illustre ici la règle selon laquelle le poisson pourrit par la tête. »

Plusieurs politiciens, comme Jiří Pospíšil, le président des conservateurs de TOP 09, n’hésitent pas à parler du pire gouvernement jamais vu depuis 30 ans. Avec également l'affaire Miroslav Poche, la coalition gouvernementale d’Andrej Babiš, soutenue par les communistes, démarre en tout cas très fort.