Episode Šmarda : « Un espace qui peut permettre au président Zeman de jouer un rôle encore plus actif »
Le candidat du Parti social-démocrate (ČSSD) au poste de ministre de la Culture, Michal Šmarda, a finalement annoncé lundi soir qu’il retirait sa candidature, suite aux réserves émises par le Président de la République et le Premier ministre. Dans quelle mesure le feuilleton politique de l’été affaiblit encore un peu plus la position du ČSSD au sein de la coalition gouvernementale formée avec le mouvement ANO ? C’est la première question posée au politologue Michel Perottino :
Dès ce mardi, une des antennes régionales du ČSSD, celle de la région d’Usti nad Labem, a demandé que Jan Hamáček démissionne de la présidence du parti. Peut-il faire face selon vous ?
« Cela risque effectivement d’être un peu difficile pour lui de continuer dans cette situation. La première chose à régler pour lui est de savoir si le ČSSD va rester ou non dans la coalition gouvernementale et de tirer les conséquences de la décision prise. »
La République tchèque est-elle en train de passer à un régime présidentiel ?« Régime présidentiel, pas encore, mais on commence à tendre vers un régime semi-présidentiel de manière assez lourde. Il suffit d’observer divers éléments, notamment le rôle actif joué actuellement par le président de la République, un rôle que ses prédécesseurs n’avaient pas joué ainsi. On commence également par exemple à parler de la visite du chef du Parti communiste aux armées ce mercredi pour les cérémonies du 21 août… On voit en fait que le chef de l’Etat joue un rôle extrêmement actif, qui change son positionnement dans le système politique d’une manière plus générale. »
Une « plainte constitutionnelle » contre le chef de l’Etat et ses agissements potentiellement anticonstitutionnels est actuellement en cours au parlement. A-t-elle des chances d’aboutir selon vous ?
« A priori non, parce que la constellation actuelle est telle que le président de la République a beaucoup trop de cartes entre les mains et que les acteurs qui pourraient agir dans cette procédure ne vont sans doute pas aller au conflit avec Miloš Zeman. »Le soutien d’autres partis parlementaires dont il pourrait bénéficier explique-t-il le fait que Miloš Zeman agisse un peu comme il l’entend actuellement ?
« On voit en effet qu’il y a une coalition latente qui déborde de la coalition gouvernementale actuelle et qui serait composée par ANO avec les communistes du KSČM et l’extrême-droite du SPD. On observe aussi la fragmentation de la scène politique, avec certains départs du parti ODS, notamment celui de Václav Klaus Junior qui a formé son propre parti. On voit se développer un espace qui peut permettre au président Zeman de jouer un rôle encore plus actif. »
On attend une manifestation ce 21 août – le mouvement citoyen contre le Premier ministre Andrej Babiš et contre le président Miloš Zeman peut-il influer sur l’évolution de la scène politique dans les prochaines semaines ?« Oui, cela va influencer l’évolution de la scène politique mais je ne pense pas que cela influencera la situation de la coalition actuelle et faire bouger les lignes. On va voir quelle sera la participation à cette manifestation de mercredi mais surtout on va voir quelle sera l’ampleur du prochain rassemblement prévu le 16 novembre, à l’occasion du trentième anniversaire de la révolution de Velours. »