Aux JO de Pékin, les Tchèques pourront dire ce qu’ils pensent en dehors des stades

Photo: CTK

La flamme olympique a été allumée, dimanche dernier, à Olympie. Un relais long de 137 jours l’emmènera jusqu’à Pékin, où les prochains Jeux olympiques d’été seront ouverts le 8 août. L’attribution des Jeux à la Chine fait l’objet depuis son annonce, il y a sept ans, de controverses qui se sont transformées en contestations voire en appels au boycott après l’éclatement, début mars, de violences au Tibet. Quelles sont les réactions en République tchèque ?

Věra Čáslavská | Photo: http://afbeeldingen.gahetna.nl/ Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0 NL
Deux Tchèques se trouvaient parmi la vingtaine de militants de la cause tibétaine qui se sont efforcés, dimanche, d’entraver le déroulement de la cérémonie de l’allumage de la flamme sur le site du sanctuaire antique grec. Un d’entre eux a été arrêté par la police avant d’être relâché.

A Prague, même l’ancienne gymnaste Věra Čáslavská est sortie du mutisme dans lequel elle est plongée depuis de longues années pour donner son avis dans le quotidien Mladá fronta Dnes. « Participer aux Jeux de Pékin, mais ne pas rester indifférents aux injustices qui se passent en Chine et ne pas avoir peur de s’exprimer sur la question de la violation des droits de l’homme » : tel est le message délivré par l’héroïne des Jeux de Mexico en 1968, qui s’étaient alors déroulés quelques semaines après l’écrasement du Printemps de Prague.

Václav Havel,  photo: CTK
Ami de longue date du Dalaï-lama et défenseur de la cause tibétaine, Václav Havel a, lui aussi, adopté une position semblable. Interrogé par la Télévision tchèque, l’ancien dissident devenu président a affirmé que les sportifs pourraient faire part de leurs opinions politiques en dehors des stades. Une attitude qui ne gêne pas non plus le président du Comité olympique tchèque, Milan Jirásek, qui a confirmé que les représentants tchèques seraient libres de dire ce qu’ils veulent, en dehors toutefois des lieux de compétition. Le Comité olympique tchèque entend rappeler à ses sportifs que toute propagande politique y est en effet interdite. Selon Milan Jirásek, les représentants tchèques devraient d’ailleurs recevoir les passages en question de la Charte olympique en mains propres :

« Une des possibilités est de leur remettre spécialement l’article en question lorsqu’ils recevront leurs équipements pour les Jeux olympiques. En résumé, un extrait imprimé de la Charte olympique s’ajoutera au survêtement que nos sportifs recevront. Une autre possibilité est d’intégrer ce passage à la signature de leur contrat de participation qui définit leurs obligations vis-à-vis des sponsors de notre comité olympique et en matière de marketing. »

Photo: CTK
Un boycott des Jeux chinois est bien entendu également évoqué mais les avis sont plus partagés voire opposés à une telle éventualité. Václav Havel a ainsi rappelé que ce sont avant tout les responsables politiques du monde entier qui devraient prendre position par rapport à l’intervention violente des autorités chinoises au Tibet. L’actuel président tchèque, Václav Klaus, a fait savoir, mercredi, qu’il ne se rendrait pas en Chine avant de préciser que son absence n’était pas motivée par des raisons politiques mais par une opération de la hanche prévue de longue date. Toutefois, le chef de l’Etat a indiqué qu’il était contre la politisation du sport.

Toute une génération de grands noms du sport tchèque, on pense par exemple à la toujours recordwoman du 800 m en athlétisme, Jarmila Kratochvílová, peut en témoigner : leurs carrières avaient souffert du boycott des Jeux de Los Angeles en 1984 par les pays du bloc soviétique.