Solidarités tchèques avec le Tibet
Nous vous avons déjà parlé la semaine dernière des manifestations de soutien au Tibet à travers la RT, avec des drapeaux tibétains accrochés un peu partout aux fenêtres des maisons de particuliers ou de bâtiments officiels. Ce dimanche en début de soirée, un rassemblement a mené manifestants anonymes ou connus, devant l’ambassade de Chine à Prague.
« Environ 500 personnes ont participé à la manifestation. Tout s’est déroulé dans le calme. Il s’agissait de se souvenir des victimes des violences chinoises au Tibet. A côté des nombreuses associations présentes, l’ancien président Václav Havel était également présent. Un représentant tibétain a donné des informations sur la situation actuelle. Nous avons lu plusieurs déclarations adressées au gouvernement chinois, au gouvernement tchèque et au Comité international olympique. »
Depuis presque une semaine, les manifestations se multiplient à Lhassa à l’occasion du 49e anniversaire de l’annexion du Tibet par la Chine. Toutes durement réprimées par les autorités chinoises. Le Parlement des Tibétains en exil parle même de centaines de victimes. Olympic Watch a notamment appelé à la création et à l’envoi d’une mission internationale. D’après Petr Kutílek, les nouvelles en provenance de Lhassa sont inquiétantes en terme de liberté d’expression :
« D’après ce que l’on sait, l’accès à Internet et le fonctionnement des réseaux de téléphonie mobile ont été limités à Lhassa et dans d’autres parties du Tibet. La Chine a d’ailleurs censuré You Tube sur tout le territoire chinois, car on pouvait y voir des vidéos montrant la répression chinoise contre les manifestants. »
Quelques voix discordantes parmi les hommes politiques tchèques se sont faites entendre, notamment issues des rangs du Parti communiste de Bohême et de Moravie. Pour le chef du parti, Vojtěch Filip, RAS du côté de possibles violations des droits de l’homme. Plus surprenante quand même, la réaction du chef de file des sociaux-démocrates, Jiří Paroubek, peu convaincu de la gravité de la situation. Mais côté officiel, le ministère des Affaires étrangères tchèque a condamné les violences de ces derniers jours. Zuzana Opletalová, porte-parole du ministère :« D’après nous, l’utilisation de la force ne peut qu’envenimer la situation. C’est pourquoi nous appelons à une retenue maximale. Nous sommes convaincus qu’un accès libre à des informations objectives est déjà une partie de la solution. Il est donc absolument nécessaire de rétablir le flux d’informations et que les représentants de médias libres puissent se rendre au Tibet. C’est dans l’intérêt de la communauté internationale, mais aussi du gouvernement chinois et des Tibétains. »
A l’approche des JO de Pékin, les regards sont désormais tournés vers le CIO. Pour l’heure, comme le Dalaï Lama, son président Jacques Rogge a fait savoir qu’un « boycott n’était pas une solution ». Pour Petr Kutílek, c’est le moment où jamais pour faire pression sur la Chine :« Dès vendredi, avant l’escalade des violences, nous avons publié une déclaration où nous invitons le CIO à rappeler à la Chine qu’elle avait pris certains engagements en 2001, lors de sa candidature aux JO. Nous préparons une autre déclaration à l’attention M. Rogge car nous estimons qu’il est de son devoir de réagir. Il ne s’agit plus de savoir s’il doit protester ou non, mais de quelle manière et quand. »
De la même façon que certains sportifs ont protesté contre la Chine qui soutient le pouvoir soudanais, lui conférant une responsabilité certaine dans les récents massacres au Darfour, Petr Kutílek espère que des voix vont vite se faire entendre sur le Tibet.