Avant le vote de la motion de censure, une semaine pénible attend Andrej Babiš
Une semaine après les accusations portées par son fils qui ont plongé le pays dans une crise politique, Andrej Babiš reste dans la tourmente et l’affaire dite du « Nid de cigognes » continue de dominer l’actualité en République tchèque. Le Premier ministre refusant toutefois de démissionner, comme le réclament les partis de l’opposition, le sort de la coalition gouvernementale dépendra du résultat du vote de la motion de censure qui se tiendra vendredi.
« Cette affaire complique la vie du gouvernement. Si le mouvement ANO acceptait une solution semblable à celle qui a été adoptée en Slovaquie, cela permettrait de résoudre toute cette affaire. Mais il est évident que ce n’est pas ce que le mouvement ANO souhaite. Je pense qu’une poursuite de la coalition gouvernementale actuelle sans cette charge [à savoir sans Andrej Babiš à sa tête] constituerait une solution politique nette. »
En Slovaquie voisine, face à la pression de la rue et de l’opposition, le désormais ex-Premier ministre Robert Fico avait été contraint de démissionner en mars dernier, quelques semaines après l’assassinat de Jan Kuciak, journaliste qui enquêtait sur des affaires de corruption. Bien que d’abord considéré comme une manœuvre dilatoire, son remplacement à la direction de l’exécutif par Peter Pellegrini, un de ses proches collaborateurs au sein du parti SMER-SD, a permis à la social-démocratie de poursuivre son mandat à la tête de la coalition gouvernementale et ainsi d’éviter des élections anticipées.
Cette sortie de crise « à la slovaque » n’est toutefois pas une option envisagée par Andrej Babiš. Vendredi dernier, le Premier ministre, qui fait l’objet de poursuites judiciaires dans le cadre d’une affaire de détournement de fonds européens surnommée « Nid de cigognes », a déclaré qu’il « ne démissionnera jamais ». Sa position, renforcée par le soutien sans faille de ses subordonnés au sein du mouvement ANO, n’a pas évolué depuis, malgré les importantes manifestations de samedi dernier et les nombreuses critiques le visant.
Ce vendredi, la Chambre des députés se réunira pour voter une motion de censure déposée par les partis de l’opposition. Les six partis composant celle-ci ne disposant toutefois que de 92 voix – sur un total de 200 sièges -, soit un nombre insuffisant pour parvenir à une majorité, le sort de la coalition pourrait dépendre de la position qui sera adoptée par le ČSSD, qui possède quinze députés. Les sociaux-démocrates se réuniront ce mercredi pour décider de la marche à suivre lors du vote. Toutefois, Jan Hamáček a déjà fait savoir qu’il ne voyait pas de raisons à une chute du gouvernement. Il reproche à l’opposition de ne pas proposer de plan B au cabinet actuel, et ce alors que Tomio Okamura, le leader du parti d’extrême-droite SPD, s’est dit prêt à remplacer la social-démocratie au sein d’une nouvelle coalition.
Ce lundi soir, une rencontre entre Andrej Babiš et le président de la République, Miloš Zeman, était également prévue. Ce dernier, qui a toujours soutenu Andrej Babiš depuis la victoire du mouvement ANO aux élections législatives en octobre 2017, a déjà déclaré qu’il le chargerait une nouvelle fois de former un nouveau gouvernement au cas où la motion de censure devait être adoptée, tout en encourageant le Premier ministre à garder « des nerfs solides » et à ne pas céder à la pression.Parallèlement à tout cela, Andrej Babiš a reconnu que son fils, qui a témoigné à charge contre son père an l’accusant d’avoir orchestré son enlèvement dans le cadre de l’affaire du « Nid de cigognes », avait bien séjourné en Crimée. Dans une interview accordée dimanche soir à la chaîne de télévision Nova, le Premier ministre, qui a rencontré son fils samedi en Suisse, où il réside, a toutefois démenti la version défendue par celui-ci et affirmé qu’il était parti en Russie après que son état de santé se soit dégradé en raison des pressions exercées par les journalistes. Pour rappel, le fils d’Andrej Babiš, qualifié de « malade psychiquement » par son père, est lui aussi poursuivi par la justice dans le cadre de l’affaire du « Nid de cigognes ».