Avec les grands froids, les centres d’accueil de Tchéquie face à l’afflux des sans-abri
Comme chaque année, l’arrivée de l’hiver signifie une situation d’encore plus grande précarité pour les personnes sans domicile fixe. Les fortes chutes de neige combinées aux températures glaciales de ces derniers jours entraînent une saturation des centres d’accueil de nuit et de jour – et la nécessité de trouver des solutions d’appoint.
Des températures négatives qui descendent jusqu’à au moins -10 °C la nuit et qui ne dépassent pas 0 °C en journée, et de la neige qui recommence à tomber ce mardi : à Prague, comme dans les régions, les personnes sans domicile fixe sont les plus vulnérables dès l’arrivée de l’hiver, a fortiori lorsque surviennent des grands froids comme c’est le cas en ce début du mois de décembre. Comme chaque année, de nombreuses associations sont sur le pied de guerre pour faire face à l’afflux de personnes dans le besoin, comme l’Armée du Salut, dont Jan Desenský est le directeur :
« A Prague, notre centre a une capacité d’accueil de 56 lits et nous sommes généralement pleins tous les jours. La ville de Prague a toutefois mis en place 300 lits supplémentaires pour les sans-abri dans le cadre des mesures hivernales. Les travailleurs sociaux qui s’occupent des programmes de nuit sillonnent la ville, vont à leur contact et leur proposent de les emmener dans un centre d’accueil. La ville de Prague est bien consciente des besoins en lits et augmente ses capacités pour quatre mois, de décembre à mars. Cela signifie que si nous ne pouvons pas trouver quelqu’un dans notre organisation ou même dans d’autres organisations, la ville dispose d’autres capacités d’accueil encore. »
Le dernier recensement de la population de sans-abri remonte à 2019 et avait dénombré près de 24 000 personnes vivant à la rue en Tchéquie, dont 2 600 de moins de 18 ans et plus de 3 200 rien que dans la capitale tchèque. Les hommes sont largement majoritaires au sein de cette catégorie de population précaire.
Si tous ne veulent pas toujours avoir recours aux services des refuges, certains peuvent y être refusés pour des questions d’addiction ou de comportement. Mais alors que le mercure est descendu très bas, les centres accueillent tous les gens dans le besoin et font preuve d’adaptation à leur situation de vie :
« Nous ne nous préoccupons généralement pas de la question de l’alcool pendant les mois d’hiver car la priorité est avant toute chose de protéger les sans-abri. Les refuges d’hiver fonctionnent de manière à ce que les personnes ayant un problème d’addiction à l’alcool puissent aussi y séjourner – mais évidemment, elles doivent respecter quelques principes de base. Dans certains foyers, les sans-abri qui ont un animal de compagnie ont la possibilité d’y passer la nuit avec lui. La capacité d’accueil des personnes ayant un chien n’est pas aussi grande que nous le souhaiterions. Mais il y en a. »
Prague n’est évidemment pas la seule ville de Tchéquie à faire face à ce problème humanitaire : en province aussi, les ONG sont mobilisées. Certaines associations qui n’ont pas assez de couchettes à disposition face aux nombres de personnes dans le besoin, proposent également une « chaise pour la nuit », faute de mieux, comme l’explique Jana Kudlová, du service de la Croix-Rouge à Havlíčkův Brod :
« Nous avons une capacité d’une dizaine de places pour les accueillir dans la cuisine : ils peuvent au moins passer du temps bien au chaud, et se faire un thé ou un café. »
En cette fin d’année marquée par les fêtes de Noël, les Tchèques qui souhaitent faire un geste peuvent contribuer au bien-être des sans-abris en achetant en quelques clics un coupon d’hébergement appelé « nocleženka » : d’une valeur de 100 couronnes (soit environ 4 euros), ce coupon permet d’acheter un hébergement pour une personne et une nuit dans un des centres de l’Armée du Salut dans le pays.
Ce geste peu onéreux et facile à faire permet aux personnes SDF de passer une nuit au chaud, mais aussi d’avoir accès à des douches, à un repas sous forme de soupe, de pain et de boisson chaude, mais aussi de faire une visite médicale et de faire le point sur leur situation avec des travailleurs sociaux.