Avoir une double culture, française et tchèque
Les sections tchèques du lycée Alphonse Daudet à Nîmes et du lycée Carnot à Dijon, créées dans les années 1920, ont figuré parmi les lauréats des prix Gratias agit qui ont été récemment décernés à Prague à 15 personnalités et institutions pour leurs efforts en vue de la diffusion de la bonne renommée de la République tchèque à l’étranger. Le proviseur du lycée de Nîmes, Mme Uturald Giraudeau, s’est confiée à cette occasion à Radio Prague.
De quels milieux les élèves tchèques à Nîmes sont-ils issus ?
« Du point de vue social, nous avons des élèves de milieux très différents, ce sont parfois des enfants de milieux défavorisés qui connaissent l’existence de la section tchèque. L’ambassade de France en RT fait un gros travail d’information si bien que maintenant le recrutement se fait sur un nombre très grand des lycées en RT. Toutes les régions sont concernées et je pense que c’est une grande richesse pour les sections tchèques de recruter très largement, pas uniquement sur Prague. Il y a donc une diversité sociale et nous y tenons beaucoup. «Qu’est-ce qui est le plus difficile pour un élève tchèque qui vient à Nîmes ?
« D’abord, il faut vivre en internat ce qui est très nouveau pour eux, ils quittent leurs familles, mais nous avons quand même une chance très particulière, car nous avons pu construire un internat qui leur est dédié, avec une cuisine, avec un salon, avec des chambres individuelles, ces jeunes filles vivent donc dans des conditions de confort. C’est difficile bien sûr, parce que nous sommes des gens du Midi et avons un tempérament différent… Je crois que le plus difficile dans un premier temps, c’est la rupture avec la famille, mais qui est assez bien compensée par le fait que ces jeunes filles vivent entre elles avec la gentillesse du professeur assistant tchèque qui sert de sœur aînée de substitution. Nous sommes aussi un certain nombre à veiller sur elles, à leur santé et à leur adaptation. Mais les jeunes filles sont totalement déterminées à venir voir comment vivent les Français, comment fonctionne notre pays. Elles sont prêtent à côtoyer des gens différents. «Suivez-vous le parcours de vos anciens élèves ?
« On suit le parcours de tous nos élèves tchèques, parce que non seulement nous les gardons dans le seconde degré, mais nous leur proposons, si elles le souhaitent, de faire leurs études après le baccalauréat dans l’établissement, puisque le lycée Daudet est un lycée avec des classes préparatoires. Nous restons en relation avec elles et nous savons qui fait des études de médecine, des études de droit, qui s’est lancé dans la diplomatie. D’ailleurs nous avons un annuaire des anciens élèves et nous savons qui ils sont et ce qu’ils sont devenus ».Quel est le niveau du français que les élèves tchèques atteignent quand ils terminent le lycée ? Une question pour l’enseignante du lycée Alphone Daudet de Nîmes, Mme Anne Petit.
« Elles sont pratiquement bien. La première année, elles ont certaines difficultés notamment à l’écrit, mais quand on regarde les notes de français qu’elles ont plus tard, on constate qu’elles sont excellentes. A l’oral c’est encore mieux. «
Avez-vous des contacts avec vos anciennes élèves ?
« Oui j’ai des contacts avec une partie des garçons qui étaient là en 1969-1973, et puis avec un nombre variable de jeunes filles. Il y en a qui viennent à Nîmes, qui passent me voir et qui logent chez moi parfois, et toujours quand je viens pour le concours, je viens depuis 1994, il y en a une qui organise un repas avec les anciennes. Cela me permet d’être au courant de leurs réussites professionnelles et de leurs vies familiales aussi. Depuis 1972, je viens en moyenne chaque année en République tchèque et en Slovaquie ».Pensez-vous que vos anciens élèves tchèques utilisent aujourd’hui le français ?
« Peut-être pas la totalité, mais une bonne partie de façon variable. Ceux qui sont des chercheurs scientifiques par exemple me disent que la plupart des communications dans les congrès scientifiques de haut niveau se font en anglais. Mais ça leur permet de discuter avec des collègues francophones, d’enseigner comme des professeurs associés dans des universités françaises, et ça reste quand même pour eux une phase importante de leur vie, de leur formation humaine et sur le plan universitaire ».