Ayahuasca : des scientifiques tchèques étudient les effets de la drogue amazonienne hallucinogène
L’ayahuasca (ou yagé) est un breuvage préparé à base de lianes et consommé traditionnellement par les chamans des tribus amérindiennes d'Amazonie, mais ses effets psychotropes et potentiellement antidépressifs ont attiré ces dernières décennies bon nombre de « touristes chamaniques ». Une équipe de chercheurs tchèques de l’Institut national pour la santé mentale (NUDZ) a entrepris de réaliser des analyses scientifiques sur les effets de l’ayahuasca, en coopération avec des tribus du Brésil.
« A l’origine, notre projet est tchèque et a reçu le soutien de la fondation Neuron mais par la suite l’équipe est devenue internationale, avec des collègues brésilien, allemand et italiens. L’anthropologue canado-suisse Jeremy Narby collabore également avec nous ; c’est lui qui a popularisé en premier la recherche sur l’ayahuasca. Il est venu au colloque que nous avons organisé à Prague, avec aussi des membres de la tribu amérindienne Huni Kui. »
Tomáš Páleníček a lui-même testé l’ayahuasca au cours d’un rituel traditionnel et les réactions de son cerveau ont été enregistrées grâce à un casque à électrodes pour électroencéphalographie. L’objectif pour la prochaine expédition en 2020 est d’enregistrer grâce à cette méthode les données d’une vingtaine de participants afin de réaliser une étude sur les effets neuropsychologiques et neurobiologiques de l’ayahuasca. Tomáš Páleníček: « Nous voudrions étudier ces données sur un minimum de 18 volontaires. Nous voulons nous rendre là où se déroulent ces cérémonies et grâce à l’encéphalographie enregistrer des données et leurs témoignages. On aimerait leur demander de participer à deux cérémonies, l’une pendant laquelle sera bue l’ayahuasca contenant la substance psychotrope appelée DMT (diméthyltryptamine) et l’autre qui sera en réalité une cérémonie avec de l’ayahuasca ‘placebo’, sans DMT, pour pouvoir comparer les deux. Nous aurons probablement des indigènes parmi nos volontaires. »
Quant au ministère tchèque des Affaires étrangères, il met expressément en garde contre « les risques et les effets imprévisibles » de ce breuvage qui a notamment valu à l’ambassade tchèque au Pérou de « s’occuper de plusieurs cas d’hospitalisation de ressortissants souffrant de graves problèmes psychiques ».