Basket : les filles de Brno championnes d'Europe !
Après avoir battu (61-54) Valenciennes, vendredi, en demi-finale, puis les Russes de Samara (68-54) en finale, dimanche, Brno a remporté l'Euroligue féminine de basket-ball pour la première fois de son histoire. Le Final Four, tournoi final réunissant les quatre équipes demi-finalistes de la plus prestigieuse des compétitions européennes de clubs, se disputait tout au long du week-end dans la capitale morave et Radio Prague était présent sur les lieux.
« Je crois que sur le match de ce soir, elles nous étaient supérieures, même si nous nous sommes bien battues. Nous avons fait un début de match vraiment catastrophique, et en demi-finale de coupe d'Europe, c'est difficile de gagner en ne marquant que cinq points dans le premier quart-temps. Brno est une équipe très athlétique, physique, qui nous a posé des problèmes en attaque car elles changent sur beaucoup d'écrans et elles sont très complémentaires. C'est donc une très belle équipe qui nous a battues. »
-Comment expliquez-vous votre mauvais début de match et l'écart au score qui a rapidement pris de l'ampleur ?
« Je pense qu'il y a eu une certaine fébrilité de notre part dans l'approche de cette demi-finale. Pourtant, nous ne nous étions pas mis trop de pression de résultat par rapport à ce Final Four. Nous étions déjà très contentes d'y être, mais d'un autre côté, il est sûr que nous sommes toutes des compétitrices et quand on rentre sur le terrain, c'est pour gagner. Alors, cette pression, on se l'est mise toutes seules et puis nous n'avons pas su la gérer. Je pense que défensivement nous nous sommes bien battues, nous avons été sur les ballons, mais après, c'est vrai qu'en attaque et dans la finition, cela a été un peu plus compliqué, et je pense que c'est dû à cette pression et à cette fébrilité que nous avons eues, surtout en première mi-temps, car en seconde je trouve que nous avons quand même réussi à montrer des choses. »
Dans les deuxième et troisième quart-temps, les joueuses de Valenciennes ont toutefois bien réagi, refaisant tout d'abord leur retard au tableau d'affichage avant même de prendre l'avantage pour un court instant. Mais les mouches ne changeaint pas d'âne pour autant, Brno ne lâchait pas le morceau et reprenait la direction des opérations. Sandra Le Dréan :
« Oui, c'est certain. Quand on commence si mal le match, on dépense ensuite beaucoup d'énergie à essayer de remonter au score, mais à un moment donné, ces efforts se paient. Or, ils se paient dans les moments décisifs, comme nous l'avons fait dans les troisième et quatrième quart-temps. Je pense que si nous n'avions pas fait un aussi mauvais début de match, nous aurions été certainement plus près au score à la mi-temps et peut-être que nous aurions mieux géré la fin de match. Mais bon, vous le savez bien, avec des « si » on referait le match et peut-être que nous aurions gagné ce match (elle s'efforce de sourire)... Donc voilà, nous sommes très déçues, parce que même si nous n'avions pas d'obligation de résultat, nous avions forcément envie de gagner. Mais il faut nous reconcentrer sur le match pour la troisième place qui sera aussi un match important. Voilà, avant cette demi-finale, nous n'avions perdu qu'un seul match cette saison en Euroligue (contre Vilnius en phase régulière de groupes), il faudra donc reprendre nos bonnes habitudes et terminer sur une bonne note. »
A l'issue du match, l'entraîneur de l'USVO, Laurent Buffard, tenait, lui aussi, à rendre hommage à Brno, dont l'ossature est formée des joueuses de l'équipe de République tchèque sacrée championne d'Europe en 2005:
« Je crois que Brno est une équipe qui s'est construite sur trois-quatre ans, qui a un fond de jeu et des joueuses tchèques championnes d'Europe quand même, avec du talent. Ce n'est donc pas n'importe quelle équipe que nous avons jouée. Elles étaient dans leur salle, elles étaient favorites et elles ont assumé leur statut. Bravo à eux ! De notre côté, nous sommes encore un peu jeunes, nous avons une équipe en reconstruction avec un projet sur trois ans. Je crois que le basket français ne se porte pas si mal que cela, mais aujourd'hui, nous manquons de dimension physique, mais aussi d'argent tout simplement pour nous meusrer aux très grosses cylindrées de l'Euroligue. Mais en même temps nous travaillons et je pense que c'est plutôt de bon augure pour la suite. »
-Avant la rencontre, l'entraîneur de Brno avait déclaré que des trois équipes françaises que ses joueuses auront rencontrées cette saison en Euroligue, Valenciennes était sans doute la plus forte. Mais aujourd'hui, l'USVO a-t-il évolué à son niveau habituel ?
« Non. Je crois que nous avons été gênés en première mi-temps par une très bonne défense de Brno et nous avons été incapables de marquer un panier. D'ailleurs, nous n'avons pas marqué de points à l'extérieur, puisque nous sommes à deux tirs réussis sur dix-huit avec les ailières, ce qui est dramatique pour gagner un match de basket. Ensuite, quand nous revenons au score, il est beaucoup trop tard, nous avons dépensé trop d'énergie. Je pense que Valenciennes est premier du championnat de France, c'est une bonne équipe, mais une équipe en restructuration, en construction pour les années à venir et d'ici un ou deux ans, comme Brno l'a fait avec ses joueuses, nous serons capables d'avoir un meilleur niveau de jeu et d'aborder les matches avec moins de stresss, moins de pression et plus d'assurance. »
Pour la « petite » finale, le match pour la troisème place, les joueuses de Laurent Buffard avaient à faire aux Lituaniennes de Vilnius, défaites (65-63) dans l'autre demi-finale par les Russes de Samara, tenantes du titre. Une rencontre que les Valenciennoises ont su aborder suffisamment remotivées pour l'emporter avec quinze points d'avance (77-62), à la satisfaction de la leader de l'équipe, Sandra Le Dréan:« Ce match, je crois que nous l'avons gagné d'abord mentalement. Après la défaite en demi-finale, c'est ce que nous nous étions dit, que cette troisième place, il fallait aller la chercher mentalement. Nous l'avons fait et c'est bien d'avoir su réagir après cette élimination. Nous avons été très déçues, alors c'est bien de monter sur le podium malgré tout. »
-Que représente pour vous et pour l'équoipe cette troisième place ?
« Beaucoup de choses. Elle nous permet d'abord d'être qualifiées directement pour l'Euroligue la saison prochaine. C'est important pour le club. Et puis elle représente aussi quelque chose de très important pour une première participation avec une équipe nouvelle en Euroligue. Nous montons sur la troisième marche du podium et peu de gens y auraient cru en début de saison. Nous avons travaillé pour arriver à cela, et même si nous sommes passées à côté de la demi-finale, ce Final Four restera malgré tout un très bon souvenir. »
-Vous considérez cette troisième place comme un lot de consolation ou c'est bel et bien une déception ?
« Non, ce n'est pas du tout une déception. L'objectif en début de saison était clair : se qualifier pour le Final Four. L'objectif était donc atteint quand nous sommes arrivées ici. Nous n'avons pas eu de chance, nous avons mal joué, mais ce n'est pas grave. L'équipe a beaucoup appris. C'est plutôt une réussite que de terminer troisième de l'Euroligue cette saison. »
-Un petit mot sur vos supporters...
« Ils sont extraordinaires. Ce sont vraiment des supporters qui sont là dans toutes les épreuves. D'ailleurs, la banderole qu'ils avaient préparée le montre bien. Ils nous supportent que l'on gagne ou que l'on perde, et ça, ce sont des vrais supporters. »
Ce large succès contre une solide équipe lituanienne, agressive et physique, aurait pu donner encore un peu plus de regrets aux Nordistes d'être passées à côté de leur demi-finale, même si l'entraîneur Laurent Buffard préférait relativiser:
« Si. On peut avoir du regret, mais on ne peut pas revenir en arrière. Après les matches, on fait toujours un bilan, un debriefing pour analyser la situation. Aujourd'hui, nous nous en sommes servis pour trouver de la motivation et gagner le match. Je dirais que cette troisième place, pour nous, c'était déjà une mission accomplie. Nous venions au Final Four sans pression, pour apprendre, nous sommes une équipe jeune. Maintenant, j'espère que l'année prochaine nous reviendrons pour faire autre chose. »
Enfin, en finale, remake de la saison dernière, mais cette fois avec le soutien de ses 4000 supporters, Brno est venu à bout (68-54) des Russes de Samara, dans les rangs desquelles évoluent la Belge Ann Wauters et les Françaises Edwige Lawson et Nathalie Lesdema. Après plusieurs participations au tournoi final, les Tchèques sont donc devenues championnes d'Europe pour la première fois de leur histoire et pour le plus grand bonheur de leur pivote, Ivana Vecerova.
« Je suis très heureuse, c'est un moment magnifique que de gagner un tel tournoi. C'est la victoire de toute l'équipe. En finale, nous avons su conserver notre avance au score en seconde mi-temps grâce à d'autres joueuses que celles du cinq de départ. Ensuite, c'est vrai que c'est notre Américaine Nykesa Sales qui a pris notre destin entre ses mains. Elle a été décisive au moment décisif et elle a prouvé à tout le monde pourquoi elle était une des meilleures joueuses aux Etats-Unis. »
Nous reviendrons plus longuement sur la victoire de Brno en Euroligue dans nos Faits et événements datés du mercredi 5 avril.