Be2Can met à l’honneur les principaux films des festivals de Cannes, Berlin et Venise
Après une édition partiellement en ligne l’année dernière, le festival de cinéma Be2Can revient en République Tchèque du 6 au 12 octobre pour sa huitième édition. Au programme des divers cinémas du pays, une sélection de films présentés lors des derniers festivals de Berlin, Cannes et Venise. Ivan Hronec, directeur du festival, revient sur son concept au micro de Radio Prague International :
« L’idée du festival est assez simple et reste la même depuis le début. Environ 15 000 films sont réalisés chaque année dans le monde et il y a approximativement 3 500 festivals. Trois d’entre eux sont très importants et font partie des plus influents du monde : la Berlinale, le Mostra de Venise et Cannes. A Be2Can, nous regroupons les principaux films en compétition lors de ces trois festivals. En fonction de nos capacités de négociation et de financement, nous présentons en République tchèque et en Slovaquie environ dix films chaque année. Les films sont distribués dans environ 36 cinémas en République tchèque et entre 22 et 25 cinémas slovaques. Le festival se déroule donc dans plusieurs villes et régions de ces deux pays. »
Comment sélectionnez-vous les films présentés chaque année dans le cadre du festival ?
« Nous sommes une société de distribution qui s’appelle FilmEurope et Be2Can fait partie de notre stratégie de distribution. Donc nous achetons ces films, nous ne faisons pas que les sélectionner. Nous négocions souvent des années avant même que le film ne soit réalisé. Prenons l’exemple de Julia Ducournau qui a remporté la Palme d’or cette année avec son film ‘Titane’. Nous avons acheté les droits du film avant qu’il soit nominé pour le festival de Cannes et nous avons finalement acquis le vainqueur du festival de Cannes, c’est incroyable et c’est ça notre approche. Be2Can est en réalité le moyen d’amener ce genre de films dans la région c’est-à-dire en République tchèque et en Slovaquie. FilmEurope se focalise sur les films européens et les films de festivals. Nous évitons les films commerciaux d’Hollywood sauf s’ils font partie des films nominés dans le cadre des principaux festivals de cinéma. Nous prêtons également attention à la valeur commerciale d’un film car s’il remporte la Palme d’or évidemment que sa valeur devient importante. Je n’ai pas peur d’associer ces deux mots qui sont la qualité artistique et la valeur commerciale. »
Pourriez-vous me présenter rapidement les films qui seront présentés cette année ?
« Nous avons onze films cette année dans le cadre du festival dont six ont été réalisés par des femmes. Ils n’ont pas été sélectionnés pour une question de rectitude politique mais pour leur qualité. Nous présentons par exemple le film ‘L’histoire de ma femme’ de l’hongroise Ildikó Enyedi nominée au festival de Cannes. Nous avons ensuite Gia Coppola avec le film ‘Mainstream’, un film allemand de Maria Schrader intitulé ‘I am your man’ et qui a remporté le prix de la meilleure actrice à Berlinale. Nous présentons également les films de deux réalisatrices venant de l’Est : la géorgienne Dea Kulumbegashvili avec ‘Au commencement’, un film très fort, et la russe Kira Kovalenko qui a réalisé ‘Les Poings desserrés’. Je souhaiterais aussi mentionner Justin Kurzel avec son film ‘Nitram’ à propos du massacre de Port-Arthur en Australie ainsi que le jeune hongrois Dénes Nagy qui a gagné le prix du meilleur réalisateur à Berlin pour son premier film ‘Natural Light’. C’est donc une belle sélection tirée de Cannes, Berlin ainsi que Venise notamment avec le film ‘Chers Camarades’ d’Andreï Kontchalovski, une histoire vraie se déroulant dans les années 60 lorsque Nikita Khrouchtchev est arrivée au pouvoir. C’est donc l’offre que nous proposons cette année et qui représente les tendances et la qualité des trois festivals ce qui est la mission de Be2Can. »
Parmi les films sélectionnés il y a donc Titane de la réalisatrice française Julia Ducournau, vous arrive-t-il souvent de choisir des films français pour le festival ?
« Les films français représentent une part importante de ces festivals et y sont souvent récompensés et je ne parle pas seulement de Cannes, de nombreux auteurs et réalisateurs français participent au festival de Venise et à la Berlinale. La capacité de production française est très grande, il me semble que plus de 250 films par an sont produits en France. Une autre raison pour laquelle nous choisissons des films français est que nous avons de bonnes relations et les agents français sont très actifs et professionnels. Aussi, le gouvernement français supporte à la fois la production mais aussi les ventes ce qui est très bien. »
D’après vous, les publics tchèques et slovaques sont-ils réceptifs et intéressés par le cinéma européen et plus particulièrement français ?
« Si nous n’y travaillons pas, la réponse est non. Nous devons y travailler, trouver une stratégie et nous devons le faire constamment et à maintes reprises. Cela dépend du niveau d’éducation, du niveau d’opportunités culturelles donc je peux dire qu’approximativement 5% ou peut-être 10% de la population cultivée est ouverte et réceptive. Pour donner des chiffres plus précis, Be2Can accueille environ 10 000 personnes en une semaine à Prague. Pour le reste de la République tchèque, ce chiffre se situe autour de 15 000. Si nous avons de la chance, Be2Can peut atteindre entre 25 000 et 35 000 spectateurs en une semaine ce qui n’est pas beaucoup mais cela nous convient car c’est notre concept.
Je souhaiterais ajouter que nous ne distribuons pas uniquement des films dans les cinémas, nous avons notre propre plateforme VOD qui s’appelle ‘Edisonline’. Elle recueille des milliers de films dont cinq cents sont européens. Cinq cents autres sont d’ailleurs des archives tchèques et slovaques. Notre audience n’est donc pas seulement due aux cinémas mais aussi à notre travail en ligne. Tout cela réuni, nous atteignons facilement les 500 000 personnes en un mois. Donc, oui, nous sommes spécialisés dans un art qui n’a pas une audience massive ou prédominante mais elle est loyale, ils reviennent et c’est cela qui est important. »