Brundibár, un opéra d’enfants créé il y a 75 ans de cela au ghetto de Terezín

L'opéra Brundibár

Le 23 septembre 1943, un opéra créé par des enfants et pour les enfants a été monté et joué au camps de concentration de Terezín, situé près de la ville de Litoměřice, à une soixantaine de kilomètres au nord de Prague. Quelque 150 000 juifs de toute l'Europe sont passés par ce camp que les nazis ont tenté de faire passer pour un « ghetto modèle ». « Brundibár », tel est le nom ce célèbre opéra créé par le compositeur juif pragois Hans Krása et dont le livret a été rédigé par l’écrivain Adolf Hoffmeister.

Hans Krása
Créé par Hans Krása en 1938, Brundibár, raconte l'histoire d’un frère et d’une sœur, très pauvres. Ils vivent avec leur mère malade et doivent lui acheter du lait. N'ayant pas d'argent, ils décident de chanter dans la rue pour en récolter un peu. Mais le tyrannique Brundibár étouffe leurs chants avec son orgue de barbarie. Avec l'aide d'autres enfants et d'animaux, ils vont tenter de le chasser.

Brundibár, cet opéra monté au sein du ghetto malgré les vagues de déportation des enfants vers une mort certaine, a été présenté au comité de la Croix-Rouge en juin 1944, venu constater les conditions de vie à Terezín. Le comité est reparti en n’ayant pas voulu voir que ce « camp modèle » n’était qu’une mascarade orchestrée par les nazis pour duper l’opinion internationale. Des scènes de l’opéra apparaissent aussi dans le film de propagande intitulé « Theresienstadt » et tourné en été 1944.

L'opéra Brundibár
L’histoire singulière de l’opéra Brundibár est bien connue à l’international et notamment dans les pays francophones, où il a été monté à plusieurs reprises. Par exemple, en 2010, un groupe de lycéens français et tchèques a réalisé un projet pédagogique autour de Brundibár à Terezín (cf. : https://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/lyceens-francais-et-tcheques-font-revivre-la-memoire-des-enfants-de-terezin). L’opéra a ensuite été joué à Caen ou à Dijon. En mai dernier, nous avons parlé sur Radio Prague, d’une pièce de théâtre documentaire intitulée « Eldorado Terezín» et montée par Claire Audhuy, spécialiste du théâtre des camps de concentration, et sa compagnie Rodéo d’âme. (cf. : https://www.radio.cz/fr/rubrique/special/eldorado-terezin-lhistoire-dun-camp-de-concentration-tcheque-racontee-par-des-marionnettes-francaises). En décembre prochain, la pièce devrait être présentée à Lille.

Assassiné par les nazis en 1944 à Auschwitz, le compositeur tchéco-allemand et l’auteur de Brundibár, Hans Krása, fait partie de la pléiade de musiciens, écrivains et artistes internés à Terezín. Parmi eux, le chef d’orchestre Karel Ančerl, le pianiste Gideon Klein, le compositeur Viktor Ullmann, les écrivains Arnošt Lustig et Ivan Klíma, ou encore le poète français Robert Desnos.