Brundibár, un opéra d’enfants créé il y a 75 ans de cela au ghetto de Terezín
Le 23 septembre 1943, un opéra créé par des enfants et pour les enfants a été monté et joué au camps de concentration de Terezín, situé près de la ville de Litoměřice, à une soixantaine de kilomètres au nord de Prague. Quelque 150 000 juifs de toute l'Europe sont passés par ce camp que les nazis ont tenté de faire passer pour un « ghetto modèle ». « Brundibár », tel est le nom ce célèbre opéra créé par le compositeur juif pragois Hans Krása et dont le livret a été rédigé par l’écrivain Adolf Hoffmeister.
Brundibár, cet opéra monté au sein du ghetto malgré les vagues de déportation des enfants vers une mort certaine, a été présenté au comité de la Croix-Rouge en juin 1944, venu constater les conditions de vie à Terezín. Le comité est reparti en n’ayant pas voulu voir que ce « camp modèle » n’était qu’une mascarade orchestrée par les nazis pour duper l’opinion internationale. Des scènes de l’opéra apparaissent aussi dans le film de propagande intitulé « Theresienstadt » et tourné en été 1944.
L’histoire singulière de l’opéra Brundibár est bien connue à l’international et notamment dans les pays francophones, où il a été monté à plusieurs reprises. Par exemple, en 2010, un groupe de lycéens français et tchèques a réalisé un projet pédagogique autour de Brundibár à Terezín (cf. : https://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/lyceens-francais-et-tcheques-font-revivre-la-memoire-des-enfants-de-terezin). L’opéra a ensuite été joué à Caen ou à Dijon. En mai dernier, nous avons parlé sur Radio Prague, d’une pièce de théâtre documentaire intitulée « Eldorado Terezín» et montée par Claire Audhuy, spécialiste du théâtre des camps de concentration, et sa compagnie Rodéo d’âme. (cf. : https://www.radio.cz/fr/rubrique/special/eldorado-terezin-lhistoire-dun-camp-de-concentration-tcheque-racontee-par-des-marionnettes-francaises). En décembre prochain, la pièce devrait être présentée à Lille.Assassiné par les nazis en 1944 à Auschwitz, le compositeur tchéco-allemand et l’auteur de Brundibár, Hans Krása, fait partie de la pléiade de musiciens, écrivains et artistes internés à Terezín. Parmi eux, le chef d’orchestre Karel Ančerl, le pianiste Gideon Klein, le compositeur Viktor Ullmann, les écrivains Arnošt Lustig et Ivan Klíma, ou encore le poète français Robert Desnos.