Budget de l’Etat 2014 : un budget dont personne ne se réclame

Jiří Rusnok, Martin Pecina, Jan Fischer, photo: CTK

Ce jeudi, les députés tchèques ont adopté le budget de l’Etat pour 2014. Cette loi qu’on dit la plus importante de l’année a été approuvée par 109 voix contre 39. Le budget prévoit un déficit de 112 milliards de couronnes (environ 4,15 milliards d’euros), soit une augmentation de 12 milliards (450 millions d’euros) par rapport à celui prévu pour 2013, sans pour autant dépasser la limite des 3 % du PIB.

Jiří Rusnok,  Martin Pecina,  Jan Fischer,  photo: CTK
Les partis de la coalition gouvernementale prospective, les sociaux-démocrates (ČSSD), le mouvement ANO d’Andrej Babiš ainsi que les chrétiens-démocrates (KDU-ČSL) ont soutenu ce projet, tandis que le Parti civique démocrate (ODS) et TOP09 ont voté contre. Quant aux communistes et les députés de l’Aube de la démocratie directe de Tomio Okamura (Úsvit), ils se sont abstenus.

C’est le Premier ministre en démission, Jiří Rusnok, qui avait annoncé le 25 septembre dernier que son cabinet avait alors trouvé un accord sur le projet du budget pour 2014. Voté à l’Assemblée ce jeudi, ce budget a la spécificité de n’être revendiqué et soutenu par aucun parti politique. Ministre des Finances du cabinet fantôme de la social-démocratie, Jan Mládek exprime un avis dans lequel reconnaissent tous les représentants de la future coalition gouvernementale :

« La nouvelle coalition gouvernementale avait la possibilité de chosir entre le pire et le moins pire. A partir du moment où la Chambre des députés était convoquée pour le 26 novembre, elle ne pouvait avoir d’influence sur la version finale du budget qu’accessoirement surtout si elle veut éviter une gestion du budget provisoire. »

Jaroslav Faltýnek, député du mouvement ANO d’Andrej Babiš, justifie les raisons pour lesquelles son parti a voté pour ce projet bien qu’il le trouve insatisfaisant :

Andrej Babiš et Jaroslav Faltýnek,  photo: CTK
« Ce projet de budget n’est pas le nôtre, car il n’a pas été élaboré par notre gouvernement. Je souligne que notre objectif est de nous comporter de manière responsable et d’éviter un régime budgétaire provisoire, et cela pour deux raisons. D’abord, il faut rassurer le public ainsi que les entrepreneurs nationaux et investisseurs étrangers. Ensuite, il faut éviter ce régime provisoire parce qu’il ne nous permettrait pas de puiser les fonds européens et tout le monde sait que sur ce point nous éprouvons déjà des difficultés. »

Mécontents avec les termes de ce budget, les sociaux-démocrates ainsi que le mouvement ANO qualifient ce document, qui s’étend sur presque mille pages, d’enfant posthume de l’ancien ministre des Finances Miroslav Kalousek, lequel ne serait que légèrement ajusté par son successeur en démission, Jan Fischer. Pourtant, Miroslav Kalousek, actuel président du club parlementaire de TOP09, en fait une critique virulente :

Miroslav Kalousek et Jan Mládek,  photo: CTK
« Il s’agit d’un budget tellement lamentable. Il y a au moins 24 milliards dépensés de trop. »

Sans pour autant modifier le montant du déficit, les sociaux-démocrates, ANO et les chrétientés-démocrates ont réussi à introduire plusieurs modifications quant à la répartition des ressources financières. Ainsi, les régions auront 1,24 milliard de couronnes (46 millions d’euros) de plus pour couvrir les dépenses en matière de services sociaux. 300 millions de couronnes de plus (7,4 millions d’euros) seront destinés à la rénovation et le développement des écoles dans les régions et 6 millions de couronnes supplémentaires (222 000 euros) ont été allouées au ministère de la Culture pour l’achat de la maison natale de Jan Palach, étudiant tchèque qui s’est immolé par le feu en janvier 1969 pour protester contre l'invasion de son pays par les chars soviétiques.

Le texte de loi a été adopté en un temps record de treize jours, et cela après un débat d’une heure, sachant que la période habituelle s’étend normalement à deux mois et demi. La loi doit encore être signée par le président de la République.