De probables législatives anticipées à l’automne pour résoudre la crise

Jiří Rusnok, photo: ČTK

« Elections anticipées » pour Mladá fronta Dnes, « La Tchéquie se dirige vers les élections » pour Lidové noviny, « La décomposition de l’ODS rapproche des élections anticipées » pour Hospodářské noviny, et enfin « Des élections anticipées attendent la Tchéquie » pour Právo. Avec des gros titres presque identiques, les quatre grands quotidiens tchèques étaient unanimes jeudi matin, au lendemain du vote de confiance au gouvernement intérimaire « d’experts » de Jiři Rusnok. Non seulement celui-ci n’a pas obtenu la confiance du Parlement et va donc démissionner, mais l’ancienne coalition gouvernementale de droite, qui disposait encore d’une faible majorité jusqu’à mercredi, s’est déchirée et a volé en éclats. En conséquence de quoi, la Chambre des députés devrait de nouveau décider de son autodissolution la semaine prochaine avec cette fois une forte probabilité d'aboutir. Si tel est bien le cas, comme tout semble l’indiquer, des élections législatives anticipées seront organisées à l’automne.

Karel Schwarzenberg,  Miroslava Němcová y Karolína Peake,  photo: ČTK
« Je constate que la Chambre des députés a refusé d’accorder sa confiance au gouvernement ». Il est un peu plus de 21 heures mercredi soir quand, après une longue journée de palabres, la présidente de la Chambre basse, Miroslava Němcová, annonce le résultat du vote de confiance au gouvernement dit d’experts nommé début juillet par le président de la République. Bien que trois membres de l’ancienne coalition tripartite de droite (deux députés du Parti démocrate civique ODS et la leader du parti LIDEM, Karolina Peake) n’aient pas voté, Jiři Rusnok et son équipe ne sont pas parvenus à convaincre les députés de leur donner leur aval. Seuls 93 d’entre eux, essentiellement issus du parti social-démocrate (ČSSD) et du parti communiste (KSČM), les deux principales formations de l’ancienne opposition, ont manifesté leur soutien au cabinet, les 100 autres députés présents au moment du scrutin s’étant eux prononcés contre. La Chambre comptant 200 sièges, une majorité simple de votants était requise pour obtenir cette fameuse confiance.

« Comme le stipule l’ordre constitutionnel, je vais remettre la démission au président de la République et, conformément à ses instructions, je suppose que nous allons continuer à remplir les fonctions élémentaires de l’administration du pays. »

Jiří Rusnok,  photo: ČTK
Outre une brève déclaration d’usage sur ses prochaines intentions, concrètement la remise de la démission formelle de son gouvernement au chef de l’Etat « ce jeudi ou ce vendredi » comme il l’a précisé, Jiří Rusnok, proche du président Miloš Zeman, a qualifié le résultat du vote de « défaite honorable » et de « positif pour la scène politique du pays ». Surtout, le Premier ministre s’est félicité du rôle de « catalyseur » joué par son gouvernement. « Catalyseur » n’est cependant qu’une façon de voir les choses.

En effet, en plus de ne pas faire l’unanimité à la Chambre des députés depuis sa nomination, le cabinet est finalement également parvenu à diviser l’ancienne coalition. Alors que celle-ci clamait depuis plusieurs semaines posséder une majorité de 101 voix, majorité fragile qui selon elle justifiait le droit de se voir offrir une chance de former un nouveau cabinet sur les cendres de l’ancien gouvernement de Petr Nečas, deux députés de l’ODS, qui était la principale formation de cette coalition désormais inexistante, ont choisi de quitter la salle au moment du vote. Ceux-ci ont été suivis dans leur démarche par Karolina Peake la présidente de LIDEM, le plus petit des trois partis de la coalition.

« Etant donné que deux de nos alliés ont manqué à leurs engagements et que la majorité de 101 voix n’existe plus, la seule solution désormais envisageable est l’organisation d’élections anticipées. »

Miroslav Kalousek,  photo: ČTK
Se sentant trahi par l’ODS, Miroslav Kalousek, l’ancien ministre des Finances et vice-président de TOP 09, a donc réagi en déclarant que son parti, le deuxième grand parti de droite du pays et de l’ancienne coalition, était désormais favorable à une autodissolution de la Chambre des députés. Celle-ci se réunira la semaine prochaine, mardi au plus tôt, pour se prononcer. Mais après un premier échec en juillet, qui faisait suite à une initiative de la social-démocratie en tête des sondages depuis plusieurs mois et donc favorable à des élections anticipées, la manœuvre, forte du soutien de TOP 09, devrait cette fois aboutir. Si tel est le cas, de nouvelles législatives devront alors être organisées dans les 60 jours suivants, soit donc probablement en octobre ou novembre. Et, mercredi, le président de la République Miloš Zeman, très critiqué depuis la démission de l’ancien Premier ministre Petr Nečas pour son style autocratique et son non respect des forces en présence à la Chambre des députés, a promis qu’il prendrait acte du résultat du scrutin et chargerait le leader du parti vainqueur de former le gouvernement. La République tchèque sortira alors enfin peut-être d’une longue crise politique dont les pratiques latentes de corruption sont à l’origine.