Le déficit 2017 est le deuxième plus faible de ces vingt dernières années

Alena Schillerová, photo: ČTK

Avec 6,2 milliards de couronnes (240 millions d’euros), le montant du déficit du budget tchèque en 2017 est le deuxième meilleur résultat enregistré depuis vingt ans. D’après la ministre des Finances Alena Schillerová (ANO), qui a présenté ces chiffres mercredi, il s’explique par la hausse des recettes fiscales. Mais d’aucuns à droite trouvent encore ce déficit trop élevé et beaucoup regrettent le bas niveau des investissements.

Alena Schillerová,  photo: ČTK
En République tchèque, le déficit du budget a représenté en 2017 environ 0,1 % du PIB, autant dire pas grand-chose. C’est un chiffre largement inférieur au seuil des 3 %, qui est imposé par Bruxelles pour les Etats de la zone euro et contre lequel bataillent depuis quelques années des pays comme l’Espagne ou la France. L’année précédente, en 2016, le budget tchèque avait d’ailleurs fini en excédent de 61,8 milliards de couronnes (2,4 milliards d’euros). Le résultat apparaît donc moins bon en 2017, mais cela est lié essentiellement à la baisse drastique des recettes liées aux subventions européennes.

Par ailleurs, le déficit final est bien moindre que celui qui était prévu dans le projet de budget 2017. Les députés qui avaient adopté ce document tablaient sur un déficit de l’ordre de 60 milliards de couronnes. Ils n’ont pas visé juste et la ministre des Finances Alena Schillerová, membre du gouvernement minoritaire d’Andrej Babiš, invoquant le haut niveau de la croissance de l’économie tchèque, également supérieure aux prévisions, a expliqué pourquoi :

« Ce qui est fondamental, c’est la croissance des recettes fiscales. Elles ont augmenté de 22,8 milliards de couronnes. Il y a la croissance des recettes de l’assurance santé, qui sont supérieures de 18,3 milliards de couronnes. Les autres recettes contribuent à une hausse d’environ 3,3 milliards. Ce qui est aussi important et très significatif, c’est que nous avons économisé sur le service de la dette. »

Chez les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates, c’est-à-dire les partis qui formaient l’ancienne coalition gouvernementale avec le mouvement ANO, un cabinet responsable de ce budget, ces résultats sont accueillis comme la preuve que le pays aurait été géré au mieux ces dernières années.

Jan Skopeček,  photo: Noemi Fingerlandová,  ČRo
Dans l’opposition de droite, on entend jouer les rabat-joie. Pour l’ancien ministre des Finances Miroslav Kalousek, du parti conservateur TOP 09, le niveau du déficit n’est pas satisfaisant. Selon lui, le gouvernement aurait dû profiter de la période de croissance économique pour préparer les mauvais jours. L’avis est partagé du côté du parti civique-démocrate ODS. Spécialiste pour cette formation des questions économiques, le député Jan Skopeček dénonce de surcroît le gouffre séparant le budget adopté par les parlementaires et le déficit finalement enregistré :

« Un écart aussi phénoménal entre le plan prévu et le résultat final ne peut pas être perçu comme un progrès si l’on considère les prévisions économiques données au cours de l’année. Le ministère des Finances ne soumet pas aux citoyens et aux députés un budget crédible. »

Mais le faible niveau du déficit 2017 fait l’objet d’une autre critique, plus largement partagée. Le niveau des investissements a baissé par rapport à 2016 et il est très inférieur à ce que prévoyait le projet de budget. Pour certains analystes, Prague devrait précisément profiter de la bonne santé de son économie pour investir, notamment dans les infrastructures de transport. Alena Schillerová, qui n’était pas en poste dans le précédent gouvernement, se dit consciente du problème :

« Je ne suis pas du tout satisfaite dans ce domaine. Le gouvernement est conscient du problème qui a déjà été évoqué au moins à une reprise en conseil des ministres. C’est pourquoi nous voudrions transformer le ministère pour le développement régional en ministère de l’Investissement public. Il faudrait que la chose soit prise en main de façon centralisée. »

Pour l’exercice 2018, les députés ont adopté au mois de décembre un budget tablant sur un déficit de 50 millions de couronnes. Le mystère reste entier de savoir si le gouvernement minoritaire d’Andrej Babiš, dont l’avenir est très incertain, en respectera les grandes lignes.