Budget de l’Etat : un déficit prévu pour 2017, mais un excédent attendu

Andrej Babiš, photo : ČTK

60 milliards de couronnes, ou 2,2 milliards d’euros : tel est le montant prévu du déficit du budget de l’Etat pour 2017. Le projet, le plus ambitieux depuis 2009, a été adopté par les députés mercredi. Mais comme devrait le confirmer l’exercice 2016, pour lequel un excédent budgétaire a été récemment annoncé, les chiffres et les prévisions sont une chose, la réalité en est souvent une autre.

Photo : ČTK
Pas assez ambitieux en période de croissance. Déficit artificiellement gonflé. Pas assez ceci, ou encore trop cela… Critiqué de toutes parts, et pas seulement par l’opposition, mais aussi par nombre d’économistes, le budget 2017 concocté par Andrej Babiš est pourtant passé comme une lettre à la poste à la Chambre basse du Parlement, où la coalition gouvernementale tripartite possède une confortable majorité. 104 des 174 députés présents lors de sa troisième lecture mercredi ont voté en faveur de la loi, et ce après un débat long de près de sept heures. Et à cela, le ministre des Finances voit une explication très simple :

Andrej Babiš,  photo : ČTK
« A la fin de cette année, nous aurons une dette publique dont le montant sera inférieur de 40 milliards de couronnes (1,5 milliard d’euros) à ce qu’il était quand j’ai pris mes fonctions ministérielles (en janvier 2014). Bien sûr, le budget 2017 est prévu comme étant déficitaire. Mais c’est le résultat d’un compromis. Je suis convaincu que cela va fonctionner. Nous voulons investir, nous voulons augmenter les retraites et les salaires. Nous avons besoin de motiver les gens pour qu’ils travaillent et ne profitent pas des allocations sociales. Les chiffres ne mentent pas et le plus important est le résultat final. Or, le résultat pour cette année sera un excédent budgétaire, et ce sera le meilleur résultat dans l’histoire de notre pays. »

Photo : Filip Jandourek,  ČRo
Le budget envisagé pour 2017 est le plus ambitieux d’un gouvernement tchèque depuis 2009. A l’époque, le ministre Miroslav Kalousek, dont la volonté de « consolider » les finances de l’Etat était devenue une quasi-obsession, avait prévu un déficit de 38 milliards de couronnes. Finalement, dans un contexte de crise économique et de récession, c’est avec un déficit de près de 200 milliards qu’il s’était retrouvé sur les bras un an plus tard.

En 2016, c’est l’inverse qui se produit. Alors qu’Andrej Babiš avait tablé sur un déficit de 70 milliards de couronnes, un excédent de quelque 20 milliards devrait être atteint à la fin de l’année. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle des voix se sont élevées pour s’étonner qu’un nouveau déficit soit prévu pour l’année prochaine, parmi lesquelles la voix du leader du parti de droite TOP 09, Miroslav Kalousek :

Miroslav Kalousek,  photo : ČTK
« Ce budget comporte des dépenses tellement élevées qu’elles en sont impardonnables. A la lumière de l’excédent qui a été annoncé en fanfare à la fin du mois de novembre pour cette année, et alors que l’on s’attend de nouveau à une croissance économique et à des recettes plus importantes, prévoir un déficit de 60 milliards de couronnes pour l’année prochaine est absolument irresponsable. C’est un déficit pour lequel il n’existe aucune explication rationnelle. »

Le financement des retraites, des salaires des employés de la fonction publique et des allocations sociales, qui à eux seuls représentent 745 milliards de couronnes, constitueront les trois principaux postes de dépenses en 2017, année qui sera marquée à l’automne par la tenue des élections législatives. C’est pourquoi certains économistes estiment déjà que l’on pourrait assister à un scénario semblable à celui de cette année avec un déficit qui se transforme en un excédent. Ce serait là un moyen, croissance économique et faible taux de chômage aidant, de féliciter le gouvernement pour son travail…