Presse : les élections en Pologne, une inspiration pour la Tchéquie

Les élections législatives en Pologne

Cette nouvelle revue de presse s’arrêtera tout d’abord sur l’intérêt des élections polonaises pour la Tchéquie et sur le phénomène de la repolitisation en Europe centrale. Elle s’intéresse également aux protestations des universitaires tchèques et aux interrogations qui accompagnent l’adoption du plan d’austérité du gouvernement. Un mot enfin sur une exposition consacrée aux cent dernières années de l’architecture tchèque et slovaque.

La majorité de la presse locale a replacé les résultats des élections législatives en Pologne dans le contexte européen. « La défaite électorale des populistes polonais au pouvoir peut être considérée comme un des plus importants tournants européens de ces dernières années », titrait le site Seznam Zprávy. Selon le site info.cz, la fin du gouvernement du parti Droit et Justice (PiS) va marquer non seulement une position plus forte de la Pologne dans les structures européennes mais aussi le renforcement de l’ensemble de l’Union européenne. L’éditorialiste du quotidien Deník relève pour sa part les points qui intéressent la Tchéquie :

« Les vainqueurs et les héros des élections législatives, de la lutte pour sauvegarder le concept européen de la démocratie en Pologne, ce sont tous ceux qui se sont rendus aux urnes, soit quatre électeurs polonais sur cinq. Le résultat en est le taux de participation le plus élevé de l’histoire de la Pologne démocratique. Cette participation est peut-être la chose la plus importante que nous, Tchèques, devrions retenir du résultat des élections polonaises. De même, c’est un avertissement face aux tendances autoritaires. »

Pourtant, selon l’éditorialiste de Deník, dans la situation tchèque, le message est d’autant plus difficile que le Parti civique démocrate (ODS), principal parti au pouvoir en Tchéquie, est allié à Jarosław Kaczyński et à son parti PiS, les deux étant au Parlement européen membres du groupe des Conservateurs et réformistes européens. Ainsi, ce principal parti de la droite tchèque a excusé leurs actions inappropriées pendant huit ans ou a fait semblant de ne pas les voir :

« Le Premier ministre et chef de l’ODS, Petr Fiala, aura beaucoup de mal à trouver un terrain d’entente avec Donald Tusk, son probable nouvel homologue polonais. Cet aspect du principal parti au pouvoir en République tchèque ne doit pas être négligé, car il remet en question tout l’esprit démocratique de l’actuel gouvernement tchèque, celui qui a permis à la coalition de cinq partis de remporter les élections il y a deux ans face à Andrej Babiš. »

L’Europe centrale et le temps de la « repolitisation »

A ce même propos, le journal Deník N a constaté que l’intérêt pour les élections augmente dans les quatre pays du groupe de Visegrád, la Tchéquie, la Slovaquie, la Pologne et la Hongrie. Tous des pays avec un passé communiste qui, en 2004, sont entrés au même moment dans l’Union européenne et qui sont aussi membres de l’OTAN :

Les élections polonaises | Photo: Vladimír Pryček,  ČTK

« Hormis cela, ils ont aujourd’hui encore un autre point en commun : un taux de participation élevé aux élections. Tandis que dans les démocraties traditionnelles d’Europe occidentale, ce taux demeure pratiquement stable ou s’affaiblit légèrement, en Europe centrale, l’intérêt pour les élections connaît un véritable boom, ce dont les récentes élections en Slovaquie et en Pologne ont donné un exemple flagrant. »

En Tchéquie aussi, cette tendance se renforce. Deník N rappelle que 65,5% des électeurs s’y sont rendus aux urnes lors des élections législatives il y a deux ans. Les deux tours de l’élection présidentielle qui s’est tenue cette année ont vu un taux de participation de plus de 68 %.

Les universitaires tchèques vent debout pour défendre leurs droits

« Nous voulons des salaires au moins aussi élevés que ceux des employés de Lidl ». Voilà un des slogans aperçus lors de la grève tenue mardi à laquelle des universitaires de plusieurs grandes villes tchèques ont participé pour réclamer des salaires plus élevés. Le magazine Reflex note à ce sujet :

La manifestation des universitaires | Photo: Martina Kutková,  Radio Prague Int.

« C’est la première fois depuis la chute du régime communiste en novembre 1989 qu’une manifestation des universités d’une telle ampleur a eu lieu dans le pays. Ironie du sort, elle se tient au moment où le ministère de l’Education est dirigé par Mikuláš Bek, un ancien recteur, et où à la tête du gouvernement se trouve également un ancien recteur, Petr Fiala. Par ailleurs, des représentants de leur alma mater, l’université Masaryk, ont également participé à la manifestation. »

Le projet de budget pour 2024 prévoit d’économiser jusqu’à 11 milliards sur l’enseignement Pourtant, selon l’éditorialiste de Reflex, la déclaration de programme du gouvernement s’était engagée à augmenter les dépenses liées à l’enseignement pour atteindre la moyenne de l’OCDE :

« Le fait que les salaires des universitaires soient plus élevés dans des pays comme le Danemark et l’Allemagne n’est probablement pas une surprise. Cependant, les universitaires tchèques peuvent également envier leurs collègues slovaques, car leurs salaires ont augmenté de 22 % après d’importantes manifestations il y a un an. En attendant, les grévistes tchèques ont menacé d’une nouvelle grève ou même d’un boycott des examens, y compris les examens d’Etat. »

« L’éducation est-elle vraiment une priorité pour le gouvernement Fiala, comme il le prétendait ? Il lui reste deux ans pour le démontrer, » indique en conclusion l’article de Reflex.

Un plan d’austérité qui soulève des questions

« Après de longs débats émaillés de diverses chamailleries et critiques de l’opposition, la Chambre des députés a adopté le plan d’austérité visant à consolider les finances publiques. Mais au final, personne n’est complètement satisfait du résultat, » indique un texte publié dans le quotidien Hospodářské noviny :

La Chambre des députés a adopté le plan d’austérité visant à consolider les finances publiques | Photo: Kateřina Šulová,  ČTK

« Vu l’évolution des finances publiques qui accuseront cette année un déficit de près de 300 milliards de couronnes, il est clair que l’Etat doit faire beaucoup d’économies. Mais une fois de plus, on a assisté en Tchéquie à de vifs débats pour une chose qui s’avère absolument nécessaire. Dans tout pays où les conditions politiques sont ‘normales’, la coalition et l’opposition reconnaîtraient l’une et l’autre la nécessité de mesures d’austérité. Or, le débat devrait porter sur la rapidité des économies et sur la manière de les réaliser. Malheureusement, ce n’est pas le cas dans ce pays. L’opposition s’y est opposée, tandis que le discours des partis de la coalition gouvernementale se voulait principalement rassurant. »

Selon l’éditorialiste du quotidien économique, c’est la peur de la cote croissante de l’opposition qui a empêché au gouvernement d’être plus audacieux :

« Des économies plus importantes seraient probablement non seulement tolérées mais appréciées par les électeurs des partis gouvernementaux. En plus, le gouvernement a devant lui encore deux ans, donc suffisamment de temps pour convaincre les électeurs hésitants du bien-fondé de ses démarches. Mais il a préféré rester à mi-chemin. Essayant de plaire à tout le monde, il a fini par décevoir tout le monde. »

Le ton de l’éditorialiste de Hospodářské noviny conclut de manière sévère :

« Il se peut que le gouvernement s’inscrive dans l’histoire comme un exemple d’indécision et de peur. Malgré sa volonté d’améliorer considérablement les finances publiques il les laissera dans un mauvais état par peur des conséquences politiques et, en prime, il pourrait perdre les prochaines élections. »

L’architecture tchèque et slovaque mise à l’honneur au Château de Prague

La salle du manège du Château de Prague accueille jusqu’au 30 novembre la plus vaste rétrospective consacré à l’architecture tchèque et slovaque, comme le note le journal Lidové noviny :

L’exposition 'L’architecture tchèque et slovaque' | Photo: Pražský hrad

« L’exposition a lieu à l’occasion du 30e anniversaire de la fondation de la  République tchèque et de la République slovaque suite à la partition de la Tchécoslovaquie en 1993. Elle présente, sur une surface de plus de 2 000 mètres carrés, plus de 500 œuvres architecturales parmi les plus importantes, réalisées par des centaines d’architectes travaillant dans les deux pays depuis le début du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui. L’exposition illustre la transformation physique de nos villes et de nos paysages, d’abord dans l’Etat commun, puis, depuis 1993, dans les deux républiques indépendantes. A commencer par le style national en passant par le poétisme, le fonctionnalisme, le romantisme, le conservatisme de l’époque de la guerre, le réalisme socialiste et le brutalisme des années 1980 jusqu’aux créations les plus récentes. »

« L’exposition qui vise à rapprocher la signification de l’architecture dans la vie sociale, culturelle et économique des deux nations n’a pas d’équivalent en termes de portée et d’expositions similaires », souligne encore Lidové noviny.