« Ca va de zéro en zéro »
Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Comme promis lors de la dernière émission, nous allons donc pour cette fois nous intéresser aux expressions de la langue tchèque dans lesquelles figurent des chiffres – čísla. La semaine dernière, nous avions présenté le système de notation dans l’enseignement éducatif tchèque et redécouvert que les notes vont de « un », pour la meilleure, à cinq, pour la plus mauvaise. Pour cette fois, nous allons commencer avec le chiffre qui représente la pire des notes pour un élève ou un étudiant français, le zéro – nula.
Généralement, si un élève reçoit un zéro, c’est-à-dire la plus mauvaise note possible, c’est tout simplement parce qu’il est mauvais, que c’est un nullard. Certes, cela peut aussi être une question de paresse, de manque d’intérêt pour une matière ou encore parce que la prof est trop vieille, pas assez belle ni trop sympathique, mais d’une manière générale, reconnaissons qu’il faut quand même être particulièrement mauvais pour récolter un zéro pointé à l’école. Comme nous l’avons expliqué la semaine dernière, un petit Tchèque récolterait, lui, un « cinq » - pětka, équivalent donc du « zéro ». Reste que dans les deux cas, en France comme en République tchèque, on peut alors employer l’expression « être un zéro » - « být nula ». On dira plutôt de la personne en question que « c’est un zéro » - « to je nula », c’est-à-dire être nul, ne rien savoir, ne rien valoir.
En revanche, si quelqu’un est le meilleur, les Tchèques diront parfois de lui « to je jednička », une expression très simple à comprendre mais nettement moins simple à traduire puisque, littéralement, elle signifie « c’est le un ». A la limite, mais la traduction serait alors imprécise, on pourrait dire que « c’est le premier ». En fait, si l’on veut absolument trouver un équivalent, mieux vaut donc se contenter d’affirmer que c’est tout simplement le meilleur – « prostě nejlepší », comme le chante Tina Turner. On se souvient d’ailleurs que lors de la dernière émission, nous avions découvert un mot fort semblable « jedničkář », qui désigne un très bon élève, excellent même, qui n’obtient pratiquement que des « jednička » - des notes de « un », dans toutes les matières. Bref, c’est le meilleur, et on y revient, « to je jednička ».
On notera, et ce n’est pas inintéressant, que la langue tchèque ne fait donc pas la différence entre « zéro » et « nul » puisqu’elle ne possède qu’un seul mot « nula », qui, comme en français et dans de nombreuses autres langues européennes, tire son origine du latin « nullus ». Nul, c’est donc égal à zéro.
Parmi les expressions où l’on retrouve ce « nula », citons, par exemple, celle selon laquelle « on se retrouve à zéro » - « přijít na nulu », lorsque l’on se retrouve complètement ruiné, sans le moindre sou en poche. Les Tchèques diront aussi parfois « to jde nula od nuly », soit littéralement que « ça va de zéro en zéro ». En un mot, les affaires et les comptes ne s’arrangent pas et la poche du pantalon reste toujours aussi profonde, à moins qu’elle ne soit trouée. Enfin, peu importe, si « ça va de zéro en zéro », c’est q’elle est bel et bien vide. Enfin, toujours dans le même ordre d’idées, à savoir se retrouver sans le sou, un Tchèque peut même se retrouver en dessous de zéro avec l’expression « klesnout (upadnout) pod nulu », soit « descendre (tomber) en dessous de zéro ». Bref, une situation tout aussi peu enviable que les précédentes.
Dans ces cas-là, mieux vaut réagir assez vite, le plus rapidement possible même sous peine de tomber encore plus bas qu’en dessous de zéro, et on pourrait alors avoir recours à l’expression suivante, très explicite, « jedna dvě udělat něco », soit, traduit mot à mot, « un deux faire quelque chose ». On peut même ajouter un trois si l’on veut, mais cela ne change rien au sens, à savoir faire quelque chose très vite. En fait, on peut penser que cette expression « jedna dvě » - « un deux », trouve son équivalent en français avec la locution selon laquelle on fait quelque chose « en deux temps trois mouvements », soit très rapidement.
C’est ainsi que s’achève déjà, presque en « jedna dvě » - « deux temps trois mouvements », ce « Tchèque du bout de la langue » consacré aux expressions de la langue tchèque relatives aux chiffres. Et puisque nous n’avons pu traiter que des chiffres « zéro » - « nula », et partiellement « un » - « jedna », et « deux » - « dvě », nous reviendrons sur le sujet dès la semaine prochaine, notre objectif étant d’arriver au moins jusqu’à « dix » - « deset ». En attendant la suite, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp!, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj!