Ce qui rapproche et sépare Tchèques et Allemands
La visite à Prague, jeudi, de la chancelière allemande Angela Merkel a donné lieu à l’apparition dans la presse de toute une série de textes se penchant sur l’état des relations tchéco-allemandes. Nous en avons retenu l’extrait de l’un de ces textes. Les traces laissées dans les mentalités tchèques par l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques le 21 août 1968 sont un des autres sujets qui seront traités dans cette nouvelle revue de presse de la semaine écoulée, tout comme un écho aux Jeux olympiques de Rio ou encore une réflexion sur les conséquences des sondages relatifs aux intentions de vote.
« Angela Merkel est partiellement responsable de ce profond clivage d’opinions entre Allemands et Tchèques. En dépit de ses nombreuses autres préoccupations, elle aurait dû venir à Prague plus tôt pour discuter non seulement avec les responsables politiques tchèques, mais aussi pour communiquer avec le public, sous forme, par exemple, d’une longue interview pour la Télévision tchèque. Cela aurait été une façon d’expliquer et de contredire certains mensonges ou semi-vérités. Quant à la partie tchèque, la liste de ses erreurs est longue. En premier lieu, le gouvernement n’a pas profité de l’occasion d’aider son voisin plus fort et plus riche à un moment pénible, de façon à pouvoir espérer que l’Allemagne renvoie l’ascenseur à son voisin tchèque lorsque celui-ci traversera à son tour une période difficile. »
Toutefois, la question migratoire n’est pas l’unique dimension des relations tchéco-allemandes. Compte tenu de la coopération dans les domaines économique et des infrastructures, ainsi que du règlement de questions sensibles et douloureuses du passé, les relations germano-tchèques peuvent être considérées comme les meilleures de toute leur histoire. En conclusion, l’auteur du texte soulève la question de savoir si l’opinion publique tchèque est dotée d’une sensibilité suffisante pour lui permettre de reconnaître les qualités d’un bon politicien ou d’une bonne politicienne. Voici sa réponse :
« Il n’y a pas lieu d’aduler la chancelière allemande et de feindre d’ignorer les erreurs qu’elle a commises. Il convient de discerner les raisons du succès qui est le sien depuis quelques années déjà. Il s’agit, par exemple, de sa capacité à analyser les problèmes à fond, de sa volonté de trouver des solutions par le biais du compromis et aussi, tout simplement, de son respect des convenances. Autant de qualités que les Allemands apprécient à leur juste valeur, mais il se peut que si Angela Merkel se présentait à des élections en Tchéquie, elle échouerait. »
L’héritage inattendu de l’occupation soviétique du pays en août 1968
« L’invasion du pays par l’Union soviétique en août 1968 a constitué une expérience déterminante pour toute une génération de Tchèques et de Slovaques. » C’est en somme ce que rappelle un texte mis en ligne sur le site echo24.cz en rappel des événements survenu il y a 48 ans de cela. L’occupation a établi les bases d’un régime dit de « normalisation » sous lequel cette génération a été contrainte de vivre pendant vingt-et-un ans et qui avait pour traits caractéristiques la léthargie, la soumission et la méfiance. L’auteur de cette réflexion remarque:« L’occupation semble avoir infiltré dans la société tchèque des matières nuisibles dont elle ne s’est depuis jamais débarrassée. Aujourd’hui, c’est peut-être plus visible encore que pendant les années qui ont suivi la chute du régime communiste en 1989. La léthargie et la méfiance sont toujours bien présentes, et ce bien qu’elles ne touchent pas, et de loin, tout le monde. Cette méfiance se manifeste non seulement vis-à-vis des autorités et des institutions, mais aussi à l’égard des autres. »
Toujours selon le même texte, le 21 août 1968 symbolise aujourd’hui une histoire aussi vivante que le 17 novembre 1989, date du début de la révolution dite de velours. Il s’agirait là de deux racines et de deux sources étroitement liées à notre présent. Bien que l’une comme l’autre soient fortes, il apparaît néanmoins que l’influence ayant trait à l’occupation soviétique va crescendo. « Nous nous comportons comme si nous vivions au lendemain de l’occupation d’août alors qu’aucun événement analogue ne s’est plus produit », conclut l’auteur.
Selon un éditorial du quotidien économique Hospodářské noviny, 1968, « une année à la fois critique et célèbre », est encore perçue comme un drame par une majorité de ceux qui sont nés à l’époque, car l’invasion par les troupes du Pacte de Varsovie a constitué un drame pour la génération de leurs parents. En revanche, ceux qui sont nés plus tard peuvent oublier plus facilement cet événement, car il ne constitue pour eux qu’un chapitre intéressant de l’histoire, un événement parmi tant d’autres.
Les JO de Rio : un événement bariolé
« C’est une bonne chose que les Jeux olympiques d’été se soient tenus à Rio de Janeiro. C’est une bonne chose tant des points de vue sportif et politique que social. » C’est ce qu’affirme une note publiée en une de l’édition de lundi du quotidien Lidové noviny. Le journal précise :« Rio a confirmé que les JO ne sont plus seulement l’affaire de ‘l’homme blanc’ ou des superpuissances et de leurs blocs, mais que même un pays considéré récemment encore comme un pays en voie de développement était en mesure de les organiser. Universels, les Jeux font désormais partie d’un monde unique qui est le nôtre. »
L’auteur du texte observe plus loin que les prévisions alarmistes relatives au virus zika et à la criminalité florissante ne se sont pas confirmées, même si certains problèmes ont évidemment accompagné ces Jeux. Autrement dit, comme il le remarque en conclusion, « Rio a offert des Jeux bariolés dans un pays bariolé, avec tous les avantages et inconvénients que cela suppose. Ces Jeux ont été un succès que nul ne peut contester. »
Ce que révèlent les intentions de vote
Quelle importance doit-on accorder aux intentions de vote telles qu’elles sont présentées par les différents sondages ? Pour en savoir plus à un moment où ces sondages se multiplient à l’approche des élections régionales qui se tiendront en Tchéquie en octobre prochain, c’est la question que l’hebdomadaire Reflex a posée au politologue Jan Kubáček, directeur de l’une des agences chargée de mesurer les intentions de vote. Jan Kubáček a répondu :« Les sondages sur les intentions de vote donnent plutôt une indication sur les tendances, sur l’intérêt pour les élections ou sur la volonté de participer. A quelques mois ou semaines des élections, ils ne permettent en aucun cas de désigner le vainqueur ou de donner les résultats détaillés. Ces sondages constituent un rapport intéressant sur le climat qui règne à un moment donné au sein de la société. »
Toujours selon Jan Kubáček, il n’est pas non plus possible d’évaluer dans quelle mesure les résultats des sondages influencent les électeurs dans leurs choix. Sur ce point précis, il existe différentes théories. Tandis que l’une d’entre elles estime que les électeurs ont tendance à soutenir le vainqueur supposé des élections, une autre prétend, au contraire, que ces mêmes électeurs sont plutôt enclins à voter en faveur des outsiders. Parallèlement, les analyses démontrent que le charisme du candidat et l’énergie qui s’en dégage, ou encore sa façon de se présenter en public et d’argumenter, sont les éléments qui influencent le plus les électeurs.