Klaus à Paris, Merkel a Prague : deux Europes au programme
Alors que le très eurosceptique président Václav Klaus a présenté à Paris, ce lundi, la traduction de son dernier livre consacré à l’Europe et à son avenir, ce mardi, la chancelière allemande Angela Merkel est accueillie pour cinq heures en voyage officiel en République tchèque où elle doit débattre de la crise économique, de la fiscalité européenne et de la politique énergétique. Sur l’ensemble de ces points, les deux pays ont des points de vue divergents.
Et d’ajouter que « le couple germano-tchèque n’est plus le tandem proactif qu’il était dans le cadre de l’Europe ». Pour preuve, le ministre des Affaires étrangères tchèque Karel Schwarzenberg, pourtant opposé à la politique gouvernementale tchèque sur les dossiers européens, n’a pas été invité à Berlin lors d’une réunion du groupe des ministres des Affaires étrangères pour l’avenir de l’Europe.
Pour Jennifer Schevardo, membre de la Société allemande pour la politique étrangère, sur les grands dossiers européens, la République tchèque a nettement perdu de son influence.
« Je pense que la République tchèque n’est plus considérée comme un partenaire fiable ou un partenaire constructif non seulement en Allemagne mais dans les autres pays de l’Union européenne. Le fait que la chancelière Angela Merkel a laissé entendre qu’elle ne s’efforcera pas de convaincre le premier ministre Petr Nečas de signer le pacte budgétaire est le signe de sa résignation. »Et de conclure que l’obstruction tchèque joue en faveur d’une forme d’exaspération des partenaires européens qui considèrent que « le gouvernement tchèque est contre l’Europe, qu’il ne souhaite pas de réelle intégration et qu’il ne veut pas l’euro. »
Ce mardi, la chancelière allemande effectue une visite éclair de quelques heures dans la capitale tchèque où elle devrait s’entretenir avec le président Klaus, le premier ministre Petr Nečas et les étudiants de la Faculté de droit de l’Université Charles. Cinq petites heures durant lesquelles la chancelière discutera de politique énergétique, notamment du nucléaire dont l’Allemagne a promis la sortie à l’horizon 2022. Elle abordera également la poursuite de l’intégration politique européenne dont elle se veut l’ardente défenseure et traitera d’économie ; l’Allemagne étant de très loin le principal partenaire commercial de la République tchèque.
Cette brève visite intervient après celle du président Klaus ce lundi à Paris où il était invité par le think tank russe pour la coopération et la démocratie (IDC) à présenter la traduction de son ouvrage intitulé ‘Sauver les démocraties en Europe’.Passé inaperçu dans la capitale française, le président tchèque a souhaité signaler l’expérience du communisme et le goût immodéré de la République tchèque pour la liberté et s’est attaqué au paternalisme économique et social qui, selon lui, dominerait actuellement l’Union européenne et limiterait la capacité de production industrielle du continent ; oubliant au passage de rappeler que jamais dans l’histoire, la liberté d’entreprendre et d’échanger n’ont été aussi grandes et aussi sûrement garanties en Europe.