Centre social autonome Klinika : « Nous avons décidé de rester dans le bâtiment »
Le centre social autonome Klinika, né à la fin 2014 dans une ancienne polyclinique qui avait fermé boutique cinq ans plus tôt, est une structure originale dans le quartier de Žižkov à Prague proposant toute sorte d’activités et d’événements souvent militants, des cours de langue à prix libre, des projections, des débats, des conférences. Pourtant, malgré d’importantes manifestations de soutien, les autorités compétentes, suivant l’avis de la mairie de Prague 3, ont décidé de ne pas prolonger le contrat de location dudit bâtiment, dont le terme est arrivé ce mercredi. Contestant cette décision, le collectif Klinika a décidé de ne pas quitter les lieux et de poursuivre ses activités. Pour Radio Prague, Sára Vidímová, membre de cette équipe, a expliqué la situation :
Pourquoi selon vous le contrat de location n’a-t-il pas été prolongé ?
« C’est sans doute lié à ce que nous faisons parce que le centre social et culturel Klinika est un centre autonome donc nous essayons d’aborder la politique, la vie quotidienne autrement. On essaye d’être vraiment autonomes, d’aider les gens qui rencontrent des problèmes sociaux, qui sont dans la misère. Nous avons soutenu pendant l’automne des organisations qui aident les immigrés. Ce sont sans doute les principales raisons car c’est une autre culture, c’est une autre manière de faire des projets, d’intervenir dans la société. C’est quelque chose qui n’est pas conformiste, qui est autonome avec des gens qui adorent faire des projets et des événements pas vraiment classiques, quelque chose d’autre.
Bien sûr, il y avait certaines critiques de nos voisins, mais c’était lié par exemple à la musique. Nous avons changé cela et terminé les concerts en extérieur ou à l’intérieur. Maintenant, nous organisons des cours de langue, des projections de film, des débats, etc. On invite aussi les voisins pour qu’ils nous parlent, nous disent éventuellement leurs critiques et nous essayons de nous adapter à ces critiques. »Vous allez donc maintenant occuper le bâtiment illégalement. Espérez-vous toujours pouvoir obtenir un nouveau contrat ? Comment envisagez-vous de façon plus globale cette occupation ?
« L’année dernière, nous avons voulu appuyer un changement législatif. Aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, il existe déjà une loi sur le « squatting » qui légitime le « squatting » dans un cas spécifique. Nous souhaitions que la loi change ici aussi en République tchèque mais cela ne s’est pas passé. On espère maintenant rester dans le bâtiment et il y a ensuite le public qui s’engage aussi. Donc peut-être l’opinion publique ou l’opinion politique pourra changer. Parce qu’en fait la Klinika est bien soutenue par beaucoup d’habitants, et pas seulement pragois, mais aussi d’autres villes. Il y a beaucoup de gens qui participent aux événements. Samedi dernier, il y a eu une grande manifestation avec à peu près 2000 participants. On espère maintenant reprendre ce sujet d’un changement de loi concernant le « squatting » et on espère que cela change un petit peu, qu’on puisse peut-être à l’avenir louer ce bâtiment ou tout simplement de l’utiliser pour nos activités. »
Il y a eu ces manifestations de soutien. Avez-vous également essayé de discuter avec des politiciens qui pourraient appuyer vos revendications ?« Oui, en fait l’année dernière, il y avait aussi un groupe ministériel fondé pour gérer un peu ce sujet du « squatting » mais nous ne savons pas vraiment quels sont les résultats du travail de ce groupe. Nous avons discuté avec madame la maire de Prague 3. Nous avons aussi essayé de discuter avec certains ministres. Mercredi, quelques personnes du collectif sont allées rencontrer le ministre en charge des droits de l’Homme, Jiří Dienstbier, et le ministre des Finances Andrej Babiš est venu voir la situation à Klinika. En fait, toute cette année nous avons essayé d’évoquer ces sujets qui concernent toute la société. Ce n’est pas seulement un projet à Žižkov, mais globalement cela se passe dans plusieurs villes et villages. Ce n’est pas un cas particulier. »