Centre tchèque de Paris : inquiétude et indignation après le renvoi de Jean-Gaspard Páleníček
Le Centre tchèque de Paris est actuellement privé de directeur. Jean-Gaspard Páleníček, qui y était jusqu’alors attaché de direction, a bien remporté le concours organisé en juin 2016 pour prendre le poste, mais il apprenait finalement en janvier dernier son licenciement. La décision de la nouvelle direction du réseau des Centres tchèques, motivée pour « sureffectif », a suscité une importante vague de protestations, notamment dans le monde académique français, et l’inquiétude quant à l’avenir de l’institution parisienne.
Le 26 janvier dernier, Jean-Gaspard Páleníček recevait donc sa lettre de licenciement. Joint par Radio Prague, le directeur général des Centres tchèques Jan Závěšický justifie cette décision par les problèmes de sureffectif auxquels de nombreux établissements du réseau seraient confrontés. Le centre parisien vient pourtant d’être doté d’un nouveau poste chargé de « la science, la recherche et les innovations ». Il explique également que des défauts dans la gestion financière du centre pour l’exercice 2016 ont été détectés, tout en reconnaissant qu’à l’heure actuelle, il n’est pas possible d’attribuer ces éventuels manquements à M. Páleníček.
Depuis son arrivée en juillet dernier à la tête des Centres tchèques, ce réseau dépendant du ministère des Affaires étrangères et chargé de la promotion de la culture et de la science tchèque, notamment à l’étranger, Jan Závěšický a déjà procédé à un vaste renouvellement de l’équipe qui l’entoure. Et il faut peut-être aussi comprendre le renvoi de M. Páleníček comme la manifestation de la réorientation des objectifs du réseau :« Nous avons des retours positifs sur la nouvelle orientation impulsée au Centre tchèque de Paris, notamment avec le département pour la recherche et l’éducation. Le centre continue de fonctionner comme auparavant, le programme pour cette année a été sauvegardé et celui pour l’année prochaine est en préparation. Je dois dire que nous avons de très bons retours dans le domaine du design, de la mode tchèque, nous avons des réactions positives pour ce qui est de la joaillerie, de la verrerie. Des réactions qui saluent le fait que nous sommes capables d’étendre des activités qui avaient jusqu’alors un profil assez étroit, notamment avec une orientation pour les sujets littéraires et les domaines affiliés. »
Si le directeur voit l’avenir en rose, c’est loin d’être le cas pour les bohémistes, spécialistes de l’histoire, de la littérature, de la culture tchèque, qui travaillent en France et sont amenés à collaborer avec le Centre tchèque parisien, dont l’avenir les inquiète. Huit d’entre eux, parmi les plus reconnus dans leur domaine respectif, se sont donc fendus d’une lettre en soutien à M. Páleníček, adressée début février à M. Závěšický. Coauteur de ce texte, Xavier Galmiche, professeur à la Sorbonne, explique avoir été « choqué et scandalisé » par ce renvoi :
« Je pense d’abord que c’était quelqu’un qui faisait son travail d’animateur culturel comme on le fait quand on est professionnel. Il savait co-organiser une exposition, un concert, une soirée culturelle, une soirée littéraire. Par ailleurs, il est lui-même créateur, créatif ; il écrit, il joue du piano donc c’est vrai qu’il avait cette sensibilité. Et puis c’est quelqu’un de simple, il était facile de travailler avec lui. »
De nombreuses personnalités ont voulu s’associer à la lettre, envoyée également aux ministres de la Culture et des Affaires étrangères. Jusqu’alors, ils sont plus de 240 à avoir signé la liste de soutien l’accompagnant et des protestations se font jour également en Tchéquie.En guise de réaction à la lettre, Jan Závěšický argue du fait qu’il est normal que les postes évoluent et qu’ils soient pourvus par de nouvelles personnes. Il rencontrait lundi le ministre des Affaires étrangères Lubomír Zaorálek, comme lui social-démocrate, qui se dit très concerné par cette affaire. Il entend la prendre en main selon sa porte-parole Irena Valentová :
« La lettre a provoqué le mécontentement du ministre. Il prend cette pétition très au sérieux. Les relations franco-tchèques sont essentielles pour la République tchèque et le ministre ne veut d’aucune façon qu’elles soient menacées. Il va répondre à cette lettre dans les prochains jours. »
Jean-Gaspard Páleníček, dont le contrat s’achève fin mars, se refuse pour l’instant à tout commentaire. On ignore s’il a pris part au nouveau processus de sélection d’un directeur du Centre tchèque de Paris qui s’achevait vendredi dernier. La Radio tchèque rapporte qu’il envisagerait éventuellement de porter plainte à l’encontre du ministère des Affaires étrangères puisqu’il a remporté à la régulière le premier concours. Comme le remarque le journal Lidové noviny, Jan Závěšický s’est choisi sur un profil professionnel sur internet la devise suivante : « le succès est ma seule option ». La chose semble pour l’heure compromise pour le Centre tchèque de Paris.