Le cinéma d’animation tchèque, jeune génération, au Centre tchèque à Paris
« Les cinq braves de la Famu » : c’est sous ce titre que se présente le cinéma d’animation tchèque actuel dans le cadre d’une exposition au Centre tchèque à Paris. Ces cinq « braves », ce sont Michal Žabka, Václav Švankmajer, Noro Držiak, Jan Bubeníček, David Súkup, tous issus de la chaire d’animation de la FAMU. L’exposition est à voir jusqu’au 20 février, mais le Centre tchèque propose aussi des projections. Entretien avec le directeur de la programmation du Centre tchèque, Jean-Gaspard Páleníček.
Sous quelle forme se présente cette exposition ?
« L’exposition présente un ensemble de croquis préparatoires, de photos de film. Il y a toute une série très intéressante de personnages moulés, en plâtre ou autres matériaux, qui ont été utilisés dans les films. Et puis il y a des projections en boucle de plus d’une dizaine de films des réalisateurs présentés. »Sur votre site Internet, il y a un résumé intéressant pour ceux qui viendraient le consulter et ne connaîtraient pas l’histoire du cinéma d’animation tchèque. On y apprend notamment que la chaire d’animation a été créée en 1990 à la FAMU. Pourquoi si tardivement, alors que le cinéma d’animation tchèque est une référence dans le monde ?
« C’est un peu paradoxal. Avec le changement de régime il y a eu un grand changement en ce qui concerne la production du cinéma d’animation. Il se trouve que tout au long du régime communiste, plus particulièrement à partir de 1945, toute projection d’un long-métrage devait être précédée par celle d’un film court. Ce qui, on peut l’imaginer, était dans les années 1950 le plus souvent un film de propagande, mais aussi souvent un film d’animation justement. Après 1989, le système de financement d’Etat de la cinématographie cesse d’exister. Et il est ebaucoup plus difficile de produire des films. Les films d’animation sont longs à faire, coûteux, sans sponsors ou financement, ils ne peuvent exister. En fait, la création de cette chaire est un peu un moyen d’assurer la subsistance de ce cinéma, qui, sinon, aurait tout simplement disparu, et a d’ailleurs dans une certaine mesure disparu de la scène dans les années 1990. »Quelle est la situation à l’heure actuelle ? Est-ce qu’il y a une prise de conscience sur le besoin de soutenir l’animation tchèque ?
« Les choses ne sont pas idéales, loin de là. Il faut se rendre compte que, sous le communisme, quelqu’un comme Břetislav Pojar, du fait d’un financement plus simple et parfois même de coproduction avec l’étranger, avait à son actif plusieurs dizaines de longs métrages. C’est quelque chose d’inimaginable aujourd’hui.
C’est vrai que les premiers grands succès de ces jeunes réalisateurs issus de la chaire d’animation, succès sous forme de prix assez prestigieux aux quatre coins du monde, ont fait qu’il y a un début de reconnaissance, de renouveau, une prise de conscience que c’est quelque chose d’important. La plupart d’entre eux fonctionnent dans de nouveaux studios ou ont eux-mêmes créé des studios qui se spécialisent dans le cinéma d’animation. Mais la situation est loin d’être simple... »Toujours dans le cadre de cette mise à l’honneur du cinéma d’animation tchèque, au Centre tchèque, vous avez également organisé une soirée Břetislav Pojar lundi, mais vous prévoyez également une autre soirée, le 1er février...
« De manière générale, le Centre tchèque organise tous les lundis soir des projections de film. En complément de l’exposition, ces soirées sont dédiées au cinéma d’animation. Nous avons fait le 25 janvier une soirée dédiée à Pojar, le créateur de la chaire d’animation, le professeur des réalisateurs que nous avons présentés dans notre exposition, mais nous présentons aussi tout un choix de films dont le but est de montrer ce qui se fait en matière d’animation aujourd’hui. Le 1er février, nous aurons toute une soirée présentant les travaux des principales écoles de cinéma tchèques, et nous aurons le 15 février une soirée entièrement consacrée aux films des étudiants de la FAMU, d’autres réalisateurs que ceux présentés dans l’exposition. »