Cette année non plus, pas de vin chaud au son des chants de Noël
Alors que Prague procédait il y a quelques jours à l’installation de son traditionnel arbre de Noël sur la place de la Vieille-Ville, le gouvernement tchèque vient d’annoncer l’annulation pure et simple des marchés de Noël prévus cette année. Une déception pour le grand public en mal de plaisirs simples, une désillusion financière pour les vendeurs.
Cette année non plus, les Tchèques ne pourront pas acheter pain d’épice, décorations de Noël et autres babioles, ni siroter un vin chaud en se promenant entre les petites baraques de bois que l’on a l’habitude de voir pousser sur les places des villes en cette période de l’année. En effet, en lien avec l’état d’urgence déclaré jeudi soir 25 novembre, le gouvernement a annoncé que tous les marchés de Noël seraient interdits à partir de vendredi 26 novembre à 18 h. Cette interdiction concerne uniquement les marchés spécialement installés pour la période d’avant les fêtes ; les marchés qui se tiennent toute l’année seront quant à eux « seulement » frappés d’une interdiction de consommation sur place. Par ailleurs, une exception est faite pour les stands de vente d’arbres de Noël et de carpes (la carpe étant le mets de Noël traditionnel), dont l’activité sera bien autorisée pendant cette période de l’Avent.
Cette mesure prise en réaction à l’aggravation constante de la situation sanitaire ces dernières semaines a certainement gâché le moral des Tchèques et des touristes qui se réjouissaient de la joie enfantine que procure l’ambiance de Noël, après de longs mois autrement marqués par les restrictions, les frustrations et les tensions. Voilà donc un projet de plus qui tombe à l’eau, et les organisateurs et marchands qui avaient loué un stand n’ont qu’à s’adapter. Le maire de Prague, Zdeněk Hřib (Pirates), a qualifié l’annulation « du jour au lendemain » des marchés de Noël « d’insolence envers les exploitants de ces marchés ainsi que les vendeurs, qui bien souvent ont acheté leur marchandise à crédit ». Selon lui, il est nécessaire que le gouvernement offre une contrepartie financière adéquate à tous, afin de pallier à ces investissements qui ne leur rapporteront rien du tout. A titre d’exemple, Adéla Nováková – la porte-parole de la société organisatrice des marchés de Noël à Brno – estime les coûts liés à cette organisation à « plusieurs millions de couronnes ». Par ailleurs, le maire de Prague souligne également le paradoxe entre cette interdiction de marchés en plein air alors qu’à deux pas de ceux-ci, sur la place de la République, par exemple, des centres commerciaux « bondés » sont autorisés à continuer normalement leur activité…
Dans la même lignée, l’Association des hôtels et restaurants de République tchèque (AHR) déplore cette « très mauvaise décision ». En effet, selon son président Václav Stárek, il aurait été possible d’y faire respecter les mesures sanitaires et gestes barrière. Evoquant lui aussi la nécessité de contrepartie financière convenable, il souligne que la publicité touristique récente à l’étranger mettait en avant le fait que les marchés de Noël auraient bien lieu. Selon lui, donc, il faut s’attendre à un impact considérable sur la fréquentation et les recettes du tourisme.
Les marchés de certaines villes avaient déjà ouvert il y a quelques jours, comme par exemple à Olomouc ou encore à Prostějov, également en Moravie. Dépités, les vendeurs s’inquiètent maintenant pour leurs stocks de marchandise, notamment lorsqu’il s’agit de produits alimentaires. Un vendeur à Olomouc a ainsi expliqué au serveur régional JsemzOlomouce.cz. qu’afin d’écouler son stock autant que possible, il offrirait vendredi une réduction de 50 % sur ses produits, profitant donc des dernières heures avant la fermeture définitive du marché vendredi à 18 h.
Le quotidien régional Olomoucký deník fait lui aussi état de « foules » qui, à l’annonce des nouvelles mesures, ont « spontanément afflué » sur la place haute et la place basse d’Olomouc, et ce afin de profiter pour quelques derniers instants de l’ambiance de la période de l’Avent.
Certaines villes s’étaient préparées à la possibilité d’une interdiction des marchés de Noël. Nombreuses sont celles qui avaient d’ailleurs déjà choisi d’annuler le programme culturel qui accompagne traditionnellement les marchés de Noël, et notamment la cérémonie qui va habituellement de pair avec l’allumage du sapin.
A Prague, le sapin est installé sur la place de la Vieille-Ville depuis mardi ; il sera allumé dans la plus grande discrétion, afin d’éviter les attroupements. Il restera sur la place de la Vieille-Ville jusqu’au 6 janvier, date à laquelle il sera – comme le veut la tradition – scié et découpé, les branches étant offertes en guise de nourriture aux animaux du zoo de Prague, tandis que le tronc sera utilisé pour fabriquer des meubles pour les maisons de retraite.