Cinéma : la Caravane ensorcelée prend ses aises au festival de Jihlava
Bien ancrée dans le parc qui jouxte le cinéma Dukla, il fallait le faire exprès pour manquer la Caravane ensorcelée, cette salle de projection aux dimensions réduites mais mobile, dans laquelle les curieux pouvaient découvrir une sélection de courts métrages dans le cadre du Festival international du film documentaire de Jihlava. Durant cette 19e édition qui s’est achevée dimanche dernier, Radio Prague a eu le plaisir de discuter de ce projet porté par l’association champenoise La Pellicule ensorcelée avec l’un de ses responsables, Christophe Liabeuf, un habitué de la Vysočina désormais.
Dans ce catalogue, quels sont les films qui suscitent le plus de réactions ? Comment réagit le public tchèque aux films que vous projetez ?
« Globalement, il s’agit quand même beaucoup de surprises parce que les gens ici ne viennent pas voir des films français donc ils n’y attendent pas forcément. Ici, il n’y a pas non plus tant de courts métrages que ça et c’est donc un format dont ils ont peut-être moins l’habitude. On a essayé, peut-être de façon un peu moins forte que l’année dernière, de faire un panorama historique. L’année dernière, nous avions vraiment des films d’époque, nous avions des films d’Alain Cavalier, d’Alain Resnais, des films un peu plus longs aussi ; on avait pris deux 52 min au cas où.
Là on a restreint le format à des films qui font plutôt entre 2 et 20 min. Dans les films plus anciens, on avait cette année Réponse de femmes d’Agnès Varda, un film de 1975, qu’on a beaucoup diffusé, qui a été beaucoup demandé et qui a beaucoup plu. J’ose espérer que ce n’est pas seulement parce que c’était le plus ancien et le premier sur la liste. C’est un film qui a 40 ans mais qui est vraiment d’actualité, qui reste encore avant-gardiste. Voilà un film qui a été pas mal sollicité. On a aussi apporté des formes un petit peu mélangées comme Daphné ou la belle plante (de Sébastien Laudenbach et Sylvain Derosne, 2014) ou Je suis une femme, des films souvent basés sur des recueils de témoignages, des voix off et de l’illustration animée, du cinéma d’animation. La force de ces films, c’est qu’ils ne sont pas dans l’illustration des propos mais dans un apport supplémentaire grâce à l’image. »Il y a un second aspect à ce travail avec le festival de Jihlava puisque vous montrez des courts métrages tchèques en Champagne-Ardenne. Quelle expérience avez-vous eu avec ce projet l’année dernière ?
« C’est vrai que l’idée depuis le début, c’est de faire un échange, de films français en République tchèque et de films tchèques en France. Il y a deux volets sur les films tchèques en France. Il y a un volet avec la Caravane ensorcelée, avec laquelle on diffuse des courts métrages, pas forcément seulement en Champagne-Ardenne d’ailleurs. On a vraiment fait un travail avec le Czech Film Center et pour l’instant nous avons une dizaine de films, dont beaucoup des films d’animation non dialogués. Donc c’est vrai que nous ne sommes pas allés encore au bout de la démarche. Nous avons revu des films tchèques cette année et je pense que nous allons vraiment retravailler sur ces questions de sous-titrage, parce que c’est important, et de négociation de droits. Ensuite il y a un deuxième volet, c’est le lien vraiment avec le festival de Jihlava, c’est-à-dire que nous reprenons des films primés de Jihlava. Nous faisons en fait partie de la série des Echoes de Jihlava, des tournées qui sont organisées après le festival. Il y a des films montrés en Slovaquie, à Bruxelles… Et depuis 2015, il y a trois dates en Champagne-Ardenne. Donc en mars dernier, le réalisateur de La Grande nuit (Velká noc, meilleur documentaire tchèque à Jihlava en 2013) Petr Hatle et la productrice exécutive du festival Katarina Holubcová sont venus présenter ce film à Reims, à Vouziers et à Epernay. C’est quelque chose que nous reconduisons cette année. A l’heure où nous faisons cet entretien, nous sommes samedi soir, il y a le palmarès en ce moment. Demain matin, il y a des projections des films primés et je vais me précipiter pour les voir, parce que c’est peut-être bien ceux que nous présenterons en France et en Champagne-Ardenne au printemps 2016. »Vous étiez à Jihlava avec votre Caravane ensorcelée. Quelle est la suite de votre tournée en République tchèque ?
« On continue, comme l’année dernière, on a mis en place un petit partenariat avec les Alliances françaises. On profite du fait d’être présents à Jihlava. On ne va pas seulement faire l’aller-retour. Cela serait dommage, il y a la possibilité d’aller dans d’autres villes et de montrer des films. Donc nous sommes à Ostrava, à Pardubice et à Plzeň avec un catalogue basé sur celui que nous présentons à Jihlava, mais avec quand même deux-trois films supplémentaires parce que nous aimons bien avoir des fictions pour le public. Or les fictions, nous ne pouvons pas les montrer à Jihlava ou alors de façon détournée. Là nous avons notamment deux films, Mur et L’Ours noir, qui sont des films champardennais. Ils sont vraiment tournés en Champagne-Ardenne, nous les avons faits sous-titrer et nous les montrons avec les Alliances françaises. »