Lions tchèques : Il Boemo de Petr Václav sacré meilleur film

'Il Boemo'

Samedi soir, la cérémonie des Lions tchèques, équivalent des Césars en France, a vu le sacre du film Il Boemo, du réalisateur Petr Václav, biopic retraçant la vie du compositeur tchèque Josef Mysliveček. On revient sur le palmarès de la 30e édition de ce rendez-vous annuel du cinéma.

Si depuis 2010, il existe le prix cinématographique alternatif de la Critique tchèque, les Lions tchèques demeurent, depuis trente ans déjà, le moment cinéma de la fin de l’hiver.

A l’origine favori, avec 12 nominations, le polar Arvéd, de Vojtěch Mašek, n’est finalement reparti qu’avec trois prix notamment dans les catégories du meilleur scénario et de la meilleure bande originale. Le film raconte une histoire inspirée d’un personnage réel, celle d’un collaborateur nazi qui deviendra un homme de main du régime communiste. Prêt à tout pour atteindre son but, le personnage principal s’inscrit dans la lignée des figures faustiennes de la littérature et du cinéma, incarnée ici par Michal Kern qui a remporté, pour son interprétation, le prix du meilleur acteur dans un rôle principal.

C’est en effet le film Il Boemo de Petr Václav qui a raflé six statuettes dont celle du meilleur film. Il a également été récompensé dans les catégories réalisation, costumes, maquillage et décors. Il Boemo retrace la vie et le destin du compositeur tchèque Josef Mysliveček, contemporain de Mozart, tombé dans l’oubli après sa mort malgré une grande carrière en Italie. Le film a participé l’année dernière au 70e Festival du film de San Sebastian, en Espagne. Bien qu’il n’ait pas remporté le principal prix du festival, le fait qu’il ait été sélectionné pour la compétition principale était un grand succès pour le cinéma tchèque, selon son réalisateur. En outre, il avait été proposé pour l’Oscar dans la catégorie des films en langue étrangère, mais n’a finalement pas été retenu dans la liste des finalistes.

La statuette de la meilleure actrice dans un rôle principal a été remise à Klára Melíšková pour son rôle d’infirmière accusée du meurtre d’un patient dans Podezření (Suspicion).

Le Lion tchèque pour le second rôle féminin a été décerné à Martha Issová pour son interprétation de Tereza dans Buko d’Alice Nellis et à Marsell Bendig pour son rôle dans Banger d’Adam Sedlák, film remarqué pour avoir été tourné entièrement avec un iPhone.

Le Lion tchèque pour sa contribution exceptionnelle au cinéma tchèque a été décerné à Marcela Pittermannová, qui a été la cheville ouvrière de nombreux films et contes de fées destinés aux enfants : plusieurs de ces films marqués par la patte de cette dramaturge ont été primés dans des festivals tchèques et internationaux, comme La petite sirène ou Les garçons. Un deuxième prix pour contribution  exceptionnelle au cinéma a été décerné à Jan Jíra, à qui l’ont doit le la naissance des ciné-clubs dans le pays.

Les séries sont également récompensées lors de cette grand-messe du cinéma tchèque, d’autant plus que les chaînes de télévision ont, en Tchéquie aussi, produit des histoires de grande qualité depuis quelques années : c’est la série Devadesátky du réalisateur Peter Bebják qui a été primée : avec une audience moyenne de 2,23 millions de téléspectateurs, elle est devenue l’an dernier la série la plus regardée de la télévision tchèque au cours des 18 dernières années. Le sujet y est sans doute pour beaucoup puisqu’elle replonge le téléspectateur dans l’ambiance des folles années 1990, cette période assez particulière où tout était permis – ou presque. Après plus de quatre décennies de communisme, les Tchèques étaient assoiffés de nouveauté, d’ouverture au monde et d’expérimentation en tout genre, et c’est cette liberté nouvelle combinée à une criminalité décomplexée qui est retracée dans les six épisodes de la série.

Le Lion tchèque du meilleur film d’animation a été décerné à Zuza v zahradách de la réalisatrice Lucie Sunková, basé sur le livre éponyme de Jana Šrámková.