L’invasion cinq ans après. Quel est le bilan de la guerre ? Quelle issue au conflit ? Voilà quelques titres par lesquels les journaux tchèques marquent le 5e anniversaire du début de l’invasion américaine en Irak.
George Bush, photo: CTK
Le quotidien Lidové noviny cite le président Georges Bush qui a déclaré que malgré le prix élevé payé, la décision de chasser Saddam Hussein du pouvoir était bonne et qu’il s’agit d’un combat que l’Amérique peut et doit gagner… Et le journal d’ajouter qu’au même moment où George Bush prononçait ces paroles, des centaines de personnes ont manifesté au centre de Washington leur non à la guerre. Guerre qui, en cinq ans, a tué des milliers de civils - selon le gouvernement irakien jusqu’à 150 000, qui a tué près de 4000 soldats américains, et a coûté 750 milliards de dollars si l’on ne compte que les frais directs. Quel est le regard porté sur l’invasion par le politologue Petr Robejšek ?
Photo: CTK
« Mon avis est qu’il faut regarder l’invasion dans une perspective historique, dans le contexte des objectifs suivis : au premier plan et, dans une certaine mesure, il s’agissait, certainement des gisements du pétrole, il s’agissait de lutter contre le terrorisme soutenu par Saddam mais avant tout autre chose, il s’agissait de donner une impulsion à la civilisation islamique pour qu’elle se modernise, car si elle ne se modernise pas assez rapidement, le défi en matière de sécurité restera immense non seulement pour les Etats-Unis mais pour l’Occident tout entier. La démarche de George Bush a certes été impopulaire, douloureuse, elle a fait trop de victimes, mais finalement, je ne vois pas d’autres alternatives. C’est un processus qui a des dimensions historiques, cinq ans est trop court, mais les premiers signes de stabilisation sont déjà patents. »
Interrogé par la TV publique tchèque sur ce que les Etats-Unis ont gagné par leur guerre en Irak, le politologue Michael Romancov a déclaré :
La démonstration à Washington contre le placement des unités américaines en Irak, photo: CTK
« Je dirais que les Etats-Unis ont plutôt perdu, ils ont perdu la réputation d’une puissance d’attrait global. La guerre a altéré le crédit de l’administration américaine et une avalanche de critique s’est abattue sur elle à cause de cette guerre. »
A la Radio tchèque, son envoyé à Washington Roman Bradáč a parlé de l’évolution des sympathies des Américains pour cette guerre :
« D’après les sondages, deux Américains sur trois sont pour le retrait immédiat des unités américaines de l’Irak. Deux tiers estiment que la poursuite de la présence américaine en Irak est inutile et n’en vaut plus la peine. »
Selon le quotidien MfD qui se réfère au résultat d’un sondage de la BBC, 62% des Irakiens se sentent plus en sécurité, 5 ans après, avec la diminution des violences grâce à l’envoi de soldats supplémentaires, soit 20% de plus par rapport à l’année 2007.