Comédie Musicale : Brno, pépinière de jeunes talents
Après avoir connu un boom il y a dix ans, la comédie musicale s'affirme aujourd'hui comme le genre préféré du public tchèque. Si Prague est devenue un petit « Broadway de l'Est », avec de grosses productions à l'affiche toute l'année, Brno apparaît de plus en plus comme une rivale. C'est en effet là que se trouve l'Académie Janacek de Musique et des Arts de la Scène, que l'on abrège en tchèque par JAMU, et qui est la seule université de Tchéquie et de Slovaquie à proposer un cursus de formation à la comédie musicale. Nous sommes donc partis à la rencontre de deux jeunes artistes issus de JAMU, Lucie Chlumska, 23 ans, et Peter Veslar, 26 ans, qui nous ont parlé de leurs études et de de leurs projets d'avenir.
L'Académie Janacek, du nom du fameux compositeur originaire de Brno, Leos Janacek, a été fondée en 1947, mais la section comédie musicale existe seulement depuis le début des années 1990. Seule une petite dizaine d'étudiants, en grande majorité des filles, sortent diplômés de cette spécialité chaque année. Une sélection extrêmement rigoureuse est en effet pratiquée à l'entrée. Lucie Chlumská nous explique les raisons qui l'ont motivée à venir étudier à la JAMU :
« Quand j'étais petite, j'adorais chanter. Ensuite, j'ai voulu faire du théâtre. J'ai trouvé la possibilité de faire des études de comédie musicale, c'est un programme qui est en place depuis quatorze ans environ et tout était clair : on peut combiner le chant, l'art dramatique et la danse. »
Pour Lucie, qui vient de terminer ses études, le futur passe par Brno, même si bien entendu elle ne refuserait pas une proposition à Prague :
« Il y a quelques années, tout était concentré à Prague. Il y a un an, on a construit à Brno un nouveau théâtre de comédie musicale et grâce à cela, il y aura à l'avenir plus de possibilités. En ce moment, il arrive que des acteurs quittent Prague pour Brno. Mais il y a sans contestation une grande rivalité entre les deux villes. Une fois par an a lieu un festival de comédie musicale et d'opérette. A cette occasion, on a la possibilité de voir ici les grands spectacles musicaux de tout le pays et aussi de Slovaquie. »
En effet, face aux grosses productions commerciales pragoises, où l'accent est mis sur les vedettes connues pour attirer le public, mais qui ne sont pas forcément des spécialistes du genre, Peter Veslar pense aussi que Brno peut tirer son épingle du jeu :
« A Brno, la situation est un peu différente, on trouve des auteurs qui créent des comédies musicales tchèques plus authentiques et on sent moins le côté commercial. »
Ce jeune artiste slovaque, qui a terminé ses études à la JAMU il y a deux ans, préfèrerait donc travailler dans cette ville plutôt qu'à Bratislava:
« Je n'ai pas envie d'y retourner parce que l'économie tchèque se porte mieux et je crois qu'ici, il y a plus de possibilités. La création artistique slovaque se concentre plutôt sur le théâtre qui est de meilleur niveau qu'en Tchéquie pour une raison simple : les Slovaques jouent plus avec le coeur tandis que les Tchèques jouent plutôt avec la raison. »
Que pensent alors ces jeunes artistes de la création artistique en France ? Lucie, qui a rédigé un mémoire de fin d'études sur les comédies musicales françaises, a une opinion bien tranchée sur la question :
« On y trouve très peu de dialogues par rapport à chez nous. L'accompagnement est en général déjà enregistré tandis que chez nous, on préfère la « live music ». Ce qui est un peu dommage, je trouve, c'est qu'il ne s'agit pas d'un genre synthétique : on trouve des danseurs, des chanteurs et des acteurs tandis que chez nous, on s'efforce de relier les trois capacités. »
Malgré tout, Lucie serait bien tentée par une carrière à l'étranger :
« J'aimerais bien trouver du travail en France ou en Grande-Bretagne, je crois que le niveau y est plus élevé mais le problème principal est la langue. Certains étudiants de JAMU travaillent à Vienne, à Londres ou en Allemagne mais ce n'est pas facile. »
Nous souhaitons donc bonne chance à nos futures vedettes...