Commémoration de la canonisation de 1989 qui a précédé la révolution
Ce mardi 12 novembre marque le trentième anniversaire de la canonisation de sainte Agnès de Bohême, Svatá Anežka Česká, la première sainte d’Europe centrale à avoir été canonisée par le pape Jean-Paul II. Une journée importante dans la semaine qui a séparé la chute du mur de Berlin du début de la révolution de Velours à Prague.
Le chef de la diplomatie, Tomáš Petříček, faisait partie de l’importante délégation tchèque présente à Rome en ce début de semaine pour célébrer l’anniversaire de cette canonisation. En 1989, 10 000 personnes avaient été autorisées par le régime communiste à se rendre au Vatican – surtout pour éviter que la cérémonie se déroule à Prague. Ludvík Klimeš faisait partie du Comité d’organisation de ce pèlerinage historique à Rome :
« Nous n’arrivions pas du tout à comprendre comment cela était possible. Nous pensions qu’il s’agissait d’un miracle. »
Juste avant ce pèlerinage, le prêtre et théologien tchèque Tomáš Halík s’était entretenu près de deux heures avec le pape polonais Jean-Paul II :
« Lorsque j’ai parlé avec le pape Jean-Paul II le 7 novembre, la veille de la chute du mur de Berlin, il a dit que la fin du communisme approchait, qu’il allait bientôt s’effondrer chez nous, et que nous devions être prêts. Moi, je lui tenais tête, en lui disant que chez nous ce serait probablement une sorte de perestroïka. Il n’était pas d’accord. Le lendemain de la canonisation, c’est-à-dire le 13 novembre, une grande audience s’est tenue auprès du pape dans la salle Paul IV, en présence des 10 000 pèlerins. Je me suis adressé à eux, et j’ai cité cette ancienne prophétie rapportée entre les XVIe et XVIIe siècles par le prêtre et historien Jan František Beckovský : ‘Lorsque sainte Agnès sera canonisée, de jours meilleurs viendront pour le peuple tchèque’. »Dans un pays considéré comme athée, voire très athée, la date du 12 novembre 1989 a gardé son importance historique. Selon Tomáš Halík, c’est aussi en raison de tout ce que représente sainte Agnès :
« Il s’agit d’une femme qui a renoncé au pouvoir et à la richesse, afin de servir les pauvres. Sainte Agnès arrivait également à réconcilier les personnes, tels que le roi Ottokar de Bohême et son fils. Elle incarnait un personnage clément dans des situations dramatiques, telles que l’invasion de Brandebourg. C’est un personnage qui symbolise la chrétienté et qui se veut ouvert aux personnes. On pourrait la rapprocher de ce qu’incarne aujourd’hui l’actuel pape François, qui donne un visage sympathique à la religion. »
Ce mardi à la basilique Saint-Pierre au Vatican, la messe a été célébrée par le cardinal Dominik Duka. Mercredi, le pèlerinage tchèque devrait se terminer par une audience générale du pape François.