Comment la musique tchèque résiste à la crise du coronavirus
« Les bienfaits de la musique sont devenus le leitmotiv de ces derniers mois », constate le magazine Respekt dans son récent article consacré à la scène musicale mondiale pendant la crise du coronavius. Comme partout ailleurs, en République tchèque aussi, le monde de la musique, et le monde de la culture en général, sont sous anesthésie. En attendant des aides financières de l’Etat, les musiciens ne sont toutefois pas inactifs face à l’arrêt du secteur.
Premier violon de l’Orchestre philharmonique tchèque, Jiří Vodička fait partie de ces nombreux artistes qui ont décidé de se réinventer. Devenu caméraman, il se consacre désormais à l’enregistrement de vidéos, de clips et de concerts. Comme il l'a raconté à la Télévision tchèque, cette nouvelle activité professionnelle lui permet de mettre en valeur, une fois de plus, son talent de violoniste :
« Lorsqu’un musicien enregistre un album, il sait comment son instrument devrait sonner. Mon expérience dans ce domaine me permet de conseiller les gens qui réalisent des vidéos pour qu'ils sachent comment monter ensemble l’image et le son. Je sais exactement ce qu’ils veulent. »
D’autres artistes touchés par les conséquences de la pandémie ont complètement changé de métier, ne serait-ce que temporairement : tel est aussi le cas du compositeur, auteur de musique de films et chef d’orchestre Varhan Orchestrovič Bauer qui se consacre désormais à l’assemblage de meubles.
Pour soutenir le compositeur, ainsi que d’autres musiciens en situation de précarité, l’homme d’affaires et mécène Karel Janeček, a mis en place un fonds d’urgence baptisé Strážci plamene (Les Veilleurs de feu). Ce fonds auquel il est possible de contribuer via le site https://www.znesnaze21.cz permettra de financer des projets musicaux et autres des artistes à travers le pays, tous genres confondus. A l’occasion du lancement du fonds, un concert de Noël a été diffusé en streaming depuis l’Eglise Saint-Sauveur, dans la Vieille-Ville de Prague, en présence de Varhan Orchestrovič Bauer, son orchestre symphonique et ses invités.
Parolier, écrivain, producteur et homme d’affaires, Michal Horáček est à l’origine de cette initiative. Il explique :
« Nous sommes tous les perdants de cette crise. Mais beaucoup de mes collègues musiciens se sont vraiment retrouvés sans ressources, ils gagnent leur vie comme livreurs, manutentionnaires ou postiers. Mais je crois qu’ils sont bien meilleurs dans leur métier d’origine et qu’il est temps de les soutenir. Les membres de l’orchestre qui se sont produits ce soir sont souriants et de bonne humeur et c’est la seule stratégie qui fonctionne par ces temps de crise, il faut arrêter de pleurnicher, garder le sourire et profiter de chaque occasion qui se présente pour écouter de la bonne musique. »
« Snadné je žít » (La vie est facile) voici le titre de la chanson que le musicien et acteur Jiří Macháček a interprétée lors de ce concert de soutien à la scène musicale tchèque. Il nous parle de sa manière de résister à la crise du coronavirus :
« Eh bien oui, il faut vivre comme si ‘la vie était facile’, on n’a pas le choix, sinon, ce serait trop lourd à supporter. Moi-même, j’ai été atteint du Covid-19 ce qui m’a permis de faire don de mon plasma sanguin. Cela va peut-être aider quelqu’un d’autre et ça me fait plaisir. Autrement, on continue à travailler avec mon groupe, on compose de nouvelles chansons, on répète au studio. On travaille sans gagner d’argent, mais c’est comme ça. Un jour, ça changera. Ce que je souhaite surtout pour cette nouvelle année, c’est que l’on puisse à nouveau se rencontrer les uns les autres et partager des moments ensemble. »