Communales, sénatoriales, référendums : on vote ces vendredi et samedi en Tchéquie
Le compte à rebours électoral est enclenché : ce vendredi après-midi et de ce samedi matin, les électeurs tchèques, et les étrangers résidant en Tchéquie, sont appelés dans les quelques 14 000 bureaux de vote du pays pour élire leurs conseillers municipaux. En parallèle, on renouvelle également un tiers des 80 sièges de sénateurs et de nombreux référendums locaux sont organisés ici ou là, souvent pour poser la question de l’interdiction des machines à sous.
Pas sûr que cela permette de rehausser le niveau de la participation qui, il y a quatre ans, n’avait pas dépassé les 50%. Pour lutter contre cette abstention, certaines dispositions existent. Par exemple, les électeurs dont la carte d’identité serait périmée ou qui l’auraient tout simplement perdue peuvent réaliser, même pendant la durée du scrutin, une « carte d’identité express », valable un mois. Porte-parole de la mairie de la ville d’Ostrava, Andrea Vojkovská précise :
« Ils auront cette carte préparée en dix minutes. Et comme il s’agit d’un document qu’ils se font faire pour les élections, celui-ci sera gratuit. »
Autre innovation liée à une décision de la Commission électorale nationale sur la base d’un verdict du Tribunal régional de Brno rendu en septembre, près de 110 000 ressortissants issus des pays membres de l’UE et domiciliés même temporairement en République tchèque, ont pour la première fois la possibilité, s’ils se sont inscrits à temps, de participer aux élections communales. Un combat qu’a mené la médiatrice de la République Anna Šabatová, dont la porte-parole, Iva Hrazdílková, précisait au micro de Radio Prague :« La médiatrice de la République est convaincue que la République tchèque viole le droit européen. En effet, les ressortissants des Etats-membres, qu’ils soient en séjour temporaire ou permanent en République tchèque, doivent avoir le droit de voter aux élections européennes et municipales. Si la loi tchèque leur permet de participer au premier scrutin, elle en exclue certains du second car il faut avoir un titre de séjour permanent. Ainsi, même si des citoyens européens vivent durablement dans le pays, ils ne peuvent pas participer aux élections municipales. »
Quel sens donner à ce scrutin local ? Le vote des élections constituera-t-il une sanction ou une approbation du travail de la coalition gouvernementale de Bohuslav Sobotka au pouvoir depuis le début de l’année ? Des questions auxquelles essaient maladroitement de répondre la plupart des médias à travers moult sondages selon le politologue Tomáš Lebeda :
« Selon moi, le problème de ces sondages, c’est que dans ces élections, vous pouvez voter pour un parti mais également pour différents candidats sur différentes listes. A partir du moment où il y a des sondages qui essaient de modéliser cela, mais sans réellement entrer dans les détails, et qu’en plus ils sont ensuite « surinterprétés », du fait qu’ils ne concernent pas l’ensemble des 6300 communes mais seulement quelques-unes, souvent les plus grandes, par exemple Prague, Brno, Ostrava, on peut se demander s’ils apportent une réelle connaissance aux électeurs. Au contraire, on peut craindre qu’ils conduisent plutôt à une manipulation de ces électeurs. En d’autres termes, est-ce que les sondages, plutôt que de mesurer la réalité sociale, ne la créent pas ? »Parallèlement aux communales, 244 candidats, dont seulement 37 femmes, se disputent le renouvellement d’un tiers des 80 sièges de sénateurs. L’enjeu de ces sénatoriales, une élection à deux tours, est de savoir si le parti social-démocrate restera majoritaire à la Chambre haute du Parlement.
Localement, des référendums sont également organisés. Les thématiques des questions posées recouvrent un large champ mais ont souvent trait à l’interdiction des machines à sous. Le débat est vivace en République tchèque alors que le gouvernement prépare une loi sur le sujet et que, selon une étude du Centre psychiatrique de Prague, la société tchèque dépenserait annuellement entre 14 et 16 milliards de couronnes (entre 500 et 600 millions d'euros) pour lutter contre les conséquences des addictions aux jeux.