Coronavirus : la République tchèque, un pays toujours plus à risque aux yeux de l’Europe
Belgique, Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Chypre… Depuis un peu plus d’une semaine, la liste des pays en Europe qui ont placé la République tchèque ou Prague parmi les régions à risque en raison de l’évolution de la situation sanitaire en lien avec le coronavirus ne cesse de s’allonger.
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Bien que préalablement annoncée par Bratislava, la décision prise lundi par le gouvernement slovaque d’ajouter la République tchèque sur sa liste des pays à risque a quelque peu déplu à Prague. Mais le Premier ministre, Andrej Babiš, a eu beau rétorquer qu’il n’existait pas plus de risques de contamination en République tchèque qu’en Slovaquie et que l’augmentation du nombre de cas positifs s’expliquait par un plus grand nombre de tests de dépistage effectués en République tchèque, rien n’y a fait. Pourtant, la semaine dernière encore, après avoir rencontré à Vienne ses homologues autrichien et slovaque, le même Andrej Babiš s’était félicité de l’accord trouvé entre les trois pays malgré la menace, pour ne pas fermer leurs frontières communes.
A compter de ce vendredi, les voyageurs en provenance de République tchèque devront donc présenter un test Covid-19 négatif daté de moins de 72 heures ou respecter une quarantaine de cinq jours s’ils entendent séjourner sur le territoire slovaque. La mesure ne concerne cependant pas un certain nombre de catégories de personnes, parmi lesquelles notamment les étudiants, les enseignants, les chercheurs ou les professionnels de la santé, ainsi que tous les travailleurs effectuant les allers-retours réguliers entre les deux pays et résidant à moins de 30 kilomètres du poste-frontière le plus proche.
Si les exceptions peuvent sembler relativement importantes, elles ne font néanmoins pas oublier que cette restriction constitue un coup dur pour beaucoup d’entreprises, les acteurs du tourisme puisque les Tchèques constituent traditionnellement la clientèle étrangère la plus importante en Slovaquie, mais aussi pour nombre de familles dont les membres sont dispersés des deux côtés de la frontière.
Plus généralement, au rythme où évoluent les choses, il sera bientôt plus simple de citer les pays en Europe où les Tchèques peuvent encore voyager sans restriction. Ce mercredi, il s’agissait encore de la France, des pays du sud de l’Europe et des Balkans (hors Slovénie), de l’Autriche voisine, de la Suède ou encore – pour les plus téméraires - de la Biélorussie. Pour tous les autres pays sur le continent, la liberté de circulation est désormais restreinte, quarantaine et/ou test négatif étant exigés.
Mardi, ce sont les Pays-Bas et Chypre qui ont à leur tour réagi à l’évolution de la situation sanitaire en République tchèque et ont renforcé leur régime aux frontières. Si l’obligation de quarantaine décidée par les autorités néerlandaises ne concerne encore que les voyageurs en provenance de Prague, le gouvernement chypriote, lui, a décidé d’interdire à partir de ce vendredi l’entrée sur son territoire à toute personne qui aura séjourné en République tchèque ou seulement transité par celle-ci durant les quatorze jours précédents. Nicosie a ainsi rangé la République tchèque, comme la Hongrie, dans la « catégorie C » des pays à risque, une catégorie où figuraient déjà des pays comme la France, l’Espagne, la Croatie, la Bulgarie ou les Pays-Bas.
Face à toutes ces restrictions de l’étranger, à Prague, de nombreuses voix s’élèvent désormais pour regretter le retard avec lequel le gouvernement a réagi à une évolution pourtant qualifiée de « préoccupante » depuis quelque temps déjà par l’Organisation mondiale de la santé. Le ministre de l’Intérieur, Jan Hamáček, a ainsi regretté que l’obligation du port du masque n’ait pas été rétablie dès la fin des vacances scolaires à la fin du mois d’août :
« Avec le recul, on peut effectivement se dire qu’il aurait été plus raisonnable de donner suite aux recommandations des experts. Mais pour des raisons politiques, la décision a été reportée. Aujourd’hui, le constat est que si nous avions rétabli le port du masque dix à douze jours plus tôt comme cela nous a alors été conseillé, le problème aurait pu être moins important qu’il ne l’est. »
La République tchèque figure désormais au troisième rang (derrière l’Espagne et la France) des pays européens où le nombre de nouveaux cas de coronavirus augmente le plus rapidement. La question se pose inévitablement de savoir quelles mesures vont désormais suivre :
« Si les gens se comportent de manière responsable en respectant les recommandations, il est possible que d’autres interdictions drastiques ne soient pas nécessaires. Mais si les chiffres de nouveaux cas continuent d’augmenter, les manifestations publiques et les rassemblements feront très probablement l’objet de nouvelles restrictions. »