Coronavirus : la République tchèque, zone à risques bientôt « rouge sombre » ?

Photo illustrative: Elchinator/Pixabay, CC0

La forte tension à laquelle les hôpitaux restent soumis malgré la baisse du nombre de nouvelles infections, la prolongation par les députés de l’état d’urgence jusqu’au 14 février et le maintien des strictes mesures de restriction, ou encore la volonté de l’Allemagne de renforcer les contrôles frontaliers, confirment que la République tchèque compte toujours parmi les pays les plus touchés par l’épidémie de Covid-19.

-Ce n’est pas une surprise, mais on en a désormais la confirmation : les amoureux tchèques ne pourront pas célébrer la Saint-Valentin au restaurant cette année.

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Le 14 février, cela fera 132 jours consécutifs que l’état d’urgence, rétabli le 5 octobre, est en vigueur en République tchèque. En des circonstances exceptionnelles, cette mesure permet au gouvernement de répondre avec davantage de promptitude qu’en temps normal à un danger qui menace le pays, en évitant les souvent très longues procédures parlementaires.

Ainsi, aussitôt les députés se sont-ils résignés, ce vendredi, pour la cinquième fois en l’espace d’un peu plus de trois mois, à donner leur feu vert à sa prolongation et à renoncer à leurs pérogatives, le ministre de la Santé, Jan Blatný, a confirmé que les mesures de restriction rétablies dans une forme très stricte à la fin du mois de décembre, resteraient bien maintenues elles aussi au moins jusqu’à la mi-février. Dans le cas contraire, si l’état d’urgence n’avait pas été prolongé, les mesures en question auraient cessé d’être contraignantes ce samedi.

-Le nombre quotidien de nouvelles infections diminue néanmoins, avec un peu plus de 7 400 tests positifs jeudi. L’indice de risque épidémiologique, qui s’établissait à 73 vendredi matin, équivaut au quatrième des cinq niveaux d’alerte depuis désormais une semaine. En théorie, selon le système appliqué par le gouvernement pour évaluer l’évolution de la situation sanitaire, certaines mesures devraient donc être levées. Pourquoi n’est-ce pas le cas ?

Jan Blatný,  photo: ČTK/Kateřina Šulová

Le gouvernement se veut prudent. Le ministre de la Santé entend ne pas répéter l’erreur faite en décembre dernier, quand il avait succombé à la pression et autorisé la réouverture notamment des commerces, des restaurants et des écoles. Avant finalement, face à une nouvelle recrudescence des cas, de resserrer la vis dès le 27 décembre, aussitôt donc les trois jours traditionnels en République tchèque de fêtes de Noël passés.

-Relativement épargnée par la première vague de l’épidémie de coronavirus au printemps, la République tchèque compte en revanche parmi les pays les plus touchés depuis le début de la deuxième vague à l’automne.

Photo: Martin Pařízek,  ČRo

La situation, qui se caractérise par une courbe sinusoïdale, ne s’est pas pas ou peu améliorée depuis. Entre le 4 et le 17 janvier, la République tchèque a ainsi été le deuxième pays membre de l’Union européenne, derrière l’Irlande, avec le plus grand nombre de contaminations pour 100 000 habitants. Jeudi, le nombre, symbolique parce que rond, des 15 000 décès en lien direct ou indirect avec le Covid-19, a été dépassé. Rapporté à sa population (10,7 millions d’habitants), la République tchèque présente une mortalité particulièrement élevée (223 décès pour 100 000 habitants entre les 4 et 17 janvier). Quant aux hospitalisations, si leur nombre tend quelque peu à baisser ces derniers jours (6 131 jeudi soir), elles n’en restent pas moins encore relativement nombreuses. Confrontés pour beaucoup d’entre eux à une pénurie de personnel, en raison notamment de l’important taux de contamination, les hôpitaux tirent la langue.

-Du coup, la République tchèque fait partie des pays potentiellement les plus menacés par les restrictions à l’intérieur des frontières de l’UE.

Photo illustrative: Martin Pařízek,  ČRo

En mars 2020, quelques jours seulement après l’apparition des premiers cas de contamination, la République tchèque avait été un des tout premiers pays en Europe à fermer ses frontières et à confiner sa population. Ce « repli sur soi » lui avait valu de vives critiques des autres pays, avant que ceux-ci optent à leur tour pour la même stratégie. Même s’il ne s’agit en aucun cas d’un retour de bâton, un an bientôt plus tard, la République tchèque pourrait se retrouver dans la position en quelque sorte de l’arroseur arrosé, comme l’a confirmé la réunion en visioconférence entre les chefs d’Etat et de gouvernement européens, jeudi soir.

-L’Allemagne, où quelque 37 000 Tchèques travaillent, essentiellement dans les Länder frontaliers de Bavière et de Saxe, envisage très sérieusement de renforcer les contrôles aux frontières...

De telle manière à limiter autant que possible les déplacements. La République tchèque est plus particulièrement dans le viseur de Berlin, qui s’inquiète de l’apparition récente chez son petit voisin de la nouvelle forme de mutation du virus. « Si un pays où l’incidence du coronavirus est deux fois plus élevée que celle de l’Allemagne ouvre tous ses magasins et que nous les gardons fermés, il y a un problème », a ainsi déclaré Angela Merkel, et tout le monde a bien compris que c’est de la République tchèque dont la chancelière parlait. Une République tchèque qui pourrait bien très prochainement apparaître en rouge sombre sur la carte des zones à risques en Europe.