Coronavirus : le Comité olympique tchèque sous le feu des critiques après les forfaits de sportifs

Le vol charter organisé par le Comité olympique tchèque

Testés positifs au Covid-19 peu après leur arrivée à Tokyo, plusieurs sportifs tchèques n’ont pas pu participer aux Jeux olympiques. Responsable de l’organisation des vols entre Prague et le Japon, le Comité olympique tchèque est depuis critiqué de toutes parts. Et certaines fédérations sportives réclament désormais une indemnisation. 

On a beau souvent entendre dire que l’essentiel désormais n’est plus que de gagner, le plus important, pour certains sportifs tchèques qualifiés pour les derniers Jeux olympiques et présents à Tokyo, était quand même – déjà – de pouvoir participer. Or, en raison d’une contamination au Covid-19 et d’un inévitable placement consécutif à l’isolement de dix jours, plusieurs d’entre eux ont finalement été dans l’impossibilité de participer à leurs épreuves, ou alors n’ont pu y prendre part que partiellement.

Testée positive peu après son arrivée au Japon, la beach-volleyeuse Markéta Nausch Sluková et sa partenaire Barbora Hermannová ont ainsi été contraintes de déclarer forfait. Alors qu’elle avait expliqué un an plus tôt dans les médias tchèques qu’elle avait fait le choix d’attendre la fin des Jeux avant d’avoir un enfant, Markéta Nausch Sluková avait fait part d’une vive déception lorsqu’elle était bloquée à Tokyo :

Barbora Hermannová et Markéta Nausch Sluková | Photo: Petr Kadeřábek,  ČRo

« Je sais qu’il y a des choses bien plus graves qui se passent dans le monde, mais à vrai dire, dans le microcosme sportif dans lequel nous vivons, je suis terriblement triste de devoir achever le long chemin qui nous a menées, ma partenaire Bara et moi, à Tokyo de cette manière, et plus encore à Tokyo même, où ces Jeux devaient être le couronnement de notre parcours et du travail que nous avons effectué ensemble. C’est comme si on nous avait fermé la porte au nez. Honnêtement, ce qui nous est arrivé, est le cauchemar de tout sportif qui participe aux Jeux olympiques. »

Comme les trois autres sportifs tchèques testés positifs, Markéta Nausch Sluková a voyagé au Japon, le 17 juillet dernier, dans le vol charter organisé par le Comité olympique tchèque. Quarante-deux personnes, parmi lesquelles quatorze sportifs, se trouvaient à bord.

Plus tard, il s’est avéré que toutes les mesures de précaution (notamment le port d’un masque) n’avaient pas été respectées avant et durant le vol et, surtout, que le médecin qui a été le premier membre de la délégation tchèque testé positif n’était pas vacciné contre le coronavirus.

Le Comité olympique tchèque avait d’ailleurs admis qu’un peu plus de 80 % des Tchèques, sportifs et encadrement compris, présents à Tokyo dans le cadre de la tenue des JO, étaient vaccinés, et que la vaccination, bien que fortement conseillée, n’était pas une condition à la participation.

Miroslav Jansta | Photo: Filip Jandourek,  ČRo

Ce manque de rigueur est aujourd’hui la raison pour laquelle l’Union tchèque du sport (Česká unie sportu – ČUS), une association qui chapeaute l’ensemble des fédérations sportives nationales, exige des excuses du Comité olympique tchèque, ainsi qu’une compensation financière pour les sportifs qui, en raison du Covid-19, ont vu leur rêve s’effondrer. Président de la ČUS, Miroslav Jansta a même eu des mots relativement durs contre le Comité olympique tchèque :

« On n’exprime pas ses regrets en se contenant de dire que c’est dommage, que c’est terrible ou que c’était prétendumment l’enfer à Tokyo. Je pense que ce n’est pas la meilleure manière pour le président du comité olympique d’assumer ses responsabilités. Pour les sportifs concernés, mais aussi pour leurs entraîneurs et leur entourage, les dommages subis sont conséquents tant sur le plan professionnel, financier, que personnel. Ce sont plusieurs mois, voire années de préparation et de sacrifices qui n’ont finalement servi à rien. Il appartient donc au Comité olympique tchèque de les indemniser, comme cela se fait dans toute entreprise digne de ce nom. »

Jiří Kejval | Photo: Kateřina Rychtecká,  ČRo

Ces derniers jours, deux fédérations nationales, de volley-ball et de tennis de table, ont elles aussi informé qu’elles entendaient réclamer une réparation du Comité olympique tchèque. Celui-ci, très critiqué et qui a publiquement reconnu certaines erreurs, refuse néanmoins d’endosser toute la responsabilité dans cette affaire. Pour son président Jiří Kejval, qui la semaine dernière a quand même déclaré que le comité olympique était prêt à négocier avec les fédérations et les représentants des sportifs lésés, l’essentiel est de faire en sorte que pareille mésaventure ne se répète plus :

« Bien sûr, ce qui s’est produit a pour nous constitué une tragédie. Il nous faut découvrir où se trouve l’erreur dans le système, comment une personne positive a pu monter dans l’avion et en contaminer d’autres. Surtout d’abord parce que dans six mois, les Jeux olympiques d’hiver se dérouleront à Pékin dans des conditions similaires, et il ne faut pas que qu’une telle chose se reproduise. »

En attendant l’hiver prochain, dix des vingt-huit sportifs tchèques qui participeront aux Jeux paralympiques à compter de la semaine prochaine se sont envolés de Prague mardi. Mais, cette fois, il ne s’agit pas d’un avion affrêté spécialement par le comité olympique, mais d’un simple avion de ligne...