Costumes et accessoires, trésor des studios Barrandov (2)
L’uniforme du brave soldat Chvéïk, le mobilier et les accessoires de la chapelle Sixtine, un sofa du célèbre film Amadeus ou encore la pantoufle perdue de Cendrillon : tout cela et bien plus encore se trouve dans le département « costumes et accessoires » des studios de cinéma Barrandov à Prague. C’est avec une visite de ce dépôt que se poursuit notre nouvelle série estivale consacrée au « Hollywood tchèque » et qui vous invite à découvrir ce qui se cache derrière le tournage d’un film.
« Une fois les décors d’un film prêts (cf. www.radio.cz/fr/rubrique/faits/une-visite-dans-les-studios-de-cinema-barrandov-les-decors-1), il convient encore de leur donner vie. Cela se fait par exemple en ajoutant une tasse de café à moitié pleine, un livre ouvert, un napperon décoratif, etc. Tous ces accessoires se trouvent dans cet endroit. Ils sont classés selon différentes époques afin que vous puissiez trouver, par exemple, un verre de style Renaissance et un autre de style Art nouveau. »
De petits accessoires quotidiens, mais aussi trois étages avec du mobilier de différentes époques : original ou réplique, chaque pièce dans le dépôt a une histoire particulière :
« Voici l’original d’un sofa rococo. En regardant attentivement le film Amadeus de Miloš Forman, vous verrez une scène dans laquelle Constance Mozart rend visite à Antonio Salieri afin de demander du travail pour son mari. Elle est alors assise sur ce sofa. »
350 000 est le nombre approximatif de costumes déposés dans les ateliers Barrandov. Chaque homme, femme ou enfant peut s’y habiller aussi bien dans le style Renaissance qu’avec des vêtements datant de l’an 2000. Věra Krátká :
« Jusqu’en 1989, la plupart des costumes étaient fabriqués dans nos ateliers. A l’époque, ces ateliers étaient beaucoup plus grands. Aujourd’hui, la tendance des cinéastes est de travailler le plus rapidement possible, il n’y a donc pas assez de temps pour tout fabriquer. Par exemple, avant le tournage du film Amadeus (au début des années 1980, ndlr), les cinéastes disposaient d’une année complète pour préparer les décors et les costumes. Aujourd’hui, tout cela doit prendre moins d’un mois. La majorité des costumes sont empruntés auprès de différentes entreprises de location. Seuls les costumes pour les acteurs qui incarnent les rôles principaux sont cousus sur mesure. »
Il est difficile de déterminer le nombre exact de films dans lesquels sont apparus les divers objets du dépôt de Barrandov. Outre les films et séries tournés dans les ateliers pragois, comme Les Misérables, L’homme qui rit, Mission Impossible, Snowpiercer ou Borgia, ce sont en effet les différents tournages étrangers, producteurs de spots publicitaires, organisateurs d’événements historiques, ainsi que des particuliers qui les louent pour réaliser leurs propres projets.
Les studios Barrandov, qui se classent parmi les plus grands en Europe, ont été créés en 1931 par Václav et Miloš Havel, le père et l’oncle de l’ancien président tchèque Václav Havel. Ils se développent rapidement et emploient avant la Seconde Guerre mondiale plus de 300 salariés. Depuis l’arrivée au pouvoir des communistes en 1948, les studios sont sous contrôle de l’Etat et le resteront jusqu’à la Révolution de velours en 1989. Privatisée au début des années 1990, la société Barrandov Studios s’ouvre aux cinéastes étrangers. Actuellement, le complexe propose tous les services liés à la préparation d’un film, il comporte quatorze salles de tournage, ainsi que différents laboratoires cinématographiques, studios d’enregistrements, ateliers de théâtre, ou encore de dépôts de costumes.
Bien que les studios possèdent avant tout des costumes, des meubles et des accessoires dans les style de différentes périodes historiques, depuis le gothique jusqu’au début du XXe siècle, il est possible d’y trouver également de vieux ordinateurs, postes de radio, téléviseurs, téléphones ou encore mixeurs. Au total, le département de costumes et accessoires rassemble quelque 500 000 objets. Comme le confirme Věra Krátká, cela fait de lui un des plus grands dépôts du genre en Europe :
« Il s’agit d’un petit miracle. Aujourd’hui, il existe principalement des entreprises de location indépendantes, qui ne font pas partie des studios de cinéma. De plus, elles se spécialisent souvent dans une période concrète ou par exemple seulement dans le mobilier des années 1960 et 1970. Parvenir à une collection d’objets anciens et récents comme la nôtre n’est pas facile. Nous avons réussi à le faire grâce à l’histoire longue de 85 ans des studios Barrandov. »
Les plus grands trésors du dépôt ne sont toutefois plus utilisés par les cinéastes. Ils se trouvent désormais dans les collections historiques et ne sont présentés au public qu’à travers différentes expositions. Chaque week-end, les ateliers Barrandov ouvrent une partie de leurs locaux au public auquel ils proposent de découvrir une exposition permanente présentant l’histoire du lieu, ainsi que les différents films tournés sur place.