Coupe Davis : au tour de la France !
L’équipe de République tchèque de tennis peut continuer de rêver à une troisième victoire consécutive en Coupe Davis. Malgré l’absence de Tomáš Berdych, Radek Štěpánek et Lukáš Rosol ont fait respecter leur statut de favoris en dominant le Japon (5-0) en quart de finale ce week-end à Tokyo. En demi-finales, en septembre prochain, c’est donc en France, difficile vainqueur de l’Allemagne (3-2), que la Reprezentace affrontera.
« Même si Tomáš Berdych n’a pas joué, je suis très content de la manière avec laquelle Radek Štěpánek a assumé ses responsabilités de leader de l’équipe. Lukáš Rosol s’est mis au diapason lui aussi de façon formidable. Même si notre qualification dès le double samedi peut donner à penser le contraire, Radek et Lukáš ont eu des matchs très difficiles à disputer. Je tiens d’ailleurs à tirer mon chapeau aux Japonais. Je ne sais pas si c’est leur classement qui ne correspond pas à leur potentiel ou s’ils se sont dépassés devant leur public, mais ils ont vraiment bien joué au tennis. »
Dès la première journée vendredi, les Tchèques avaient fait un grand pas vers la qualification en remportant les deux premiers simples. Radek Štěpánek a tout d’abord dominé Tatsuma Ito en quatre sets (6-7, 7-6, 6-1, 7-5), avant que Lukáš Rosol, aligné en l’absence de Tomáš Berdych, ne vienne à bout de Taro Daniel en cinq manches (6-4, 6-4, 3-6, 4-6, 6-2). Deux matchs gagnés donc, mais plus accrochés qu’attendu, comme le reconnaissait Lukáš Rosol :
« Joueur en Coupe Davis en ayant le rôle de favori n’est jamais évident. C’est une compétition très spéciale où les joueurs moins bien classés savent se mettre au niveau des meilleurs sur un match ou deux. Les joueurs supposés plus faibles n’ont rien à perdre et jouent beaucoup mieux que sur les tournois le reste de la saison, car ils représentent leur pays et sont devant un public qui les pousse et les transcende. Quand on voit les autres rencontres de ce week-end et les difficultés de la France contre l’Allemagne ou de la Suisse avec Federer et Wawrinka contre le Kazakhstan, on voit bien qu’un match de Coupe Davis n’est jamais gagné d’avance. Le vainqueur est souvent celui qui en veut le plus. »Le duo Štěpánek-Rosol achevait ensuite le travail dès le lendemain, samedi, en offrant le troisième point décisif dans le double. Sans trembler, la paire tchèque improvisée a dominé Tatsuma Ito et Yasutaka Uchiyama en trois sets (6-4, 6-4, 6-4), et ce pour le plus grand plaisir de l’inusable Radek Štěpánek, 35 ans et toujours le même enthousiasme de ses 20 ans :
« Le plus important est que nous ayons gagné. Les gens pensent peut-être que ce n’était que le Japon ou que c’est une qualification automatique parce que nous restons sur une longue série de victoires. Mais tout le monde veut battre les doubles tenants du titre. Tout succès en Coupe Davis représente beaucoup de travail et un grand investissement de toute l’équipe. On ne s'en rend pas forcément bien compte, mais ce que nous sommes en train de réaliser depuis quelques années est assez exceptionnel. Je crois qu’on n’en prendra la pleine mesure que lorsque nous n’aurons plus les mêmes résultats. En attendant, nous avons toujours envie de gagner et c’est ce qui continue à nous faire avancer. »
Et à entendre Radek Štěpánek, cela ne fait aucun doute que c’est une nouvelle fois très ambitieux que les Tchèques aborderont leur demi-finale :« Tout est possible. Regardez les Japonais : leurs deux meilleurs joueurs étaient blessés contre nous, alors qu’ils avaient légitimement de bonnes raisons de croire en la qualification avec l’absence de Tomáš de notre côté. Il y a vraiment beaucoup d’éléments qui peuvent influencer en Coupe Davis. Nous, nous avons souvent la chance d’être au complet. Et si ça pouvait de nouveau être le cas en demi-finale, nous qualifier pour une nouvelle finale serait vraiment super. »
Décalage horaire oblige entre Tokyo et Prague, les Tchèques ont validé leur ticket pour les demi-finales dès samedi matin. A ce moment-là, la France était alors encore menée 2 à 0 par l’Allemagne après une journée de vendredi au scénario catastrophique. Du coup, les Tchèques, à l’image de Lukáš Rosol pas mauvais pronostiqueur, pouvaient faire part de leurs préférences pour leur prochain adversaire :
« Je préférerais l’Allemagne. Les Allemands disposent aussi de joueurs de qualité comme Kohlschreiber, Haas ou Mayer, mais c’est plus près de chez nous que la France et nous pourrions compter sur le soutien d’un grand nombre de supporters. En plus, les Allemands sont des joueurs qui nous réussissent plutôt bien le reste de la saison et nous aurions, je pense, de plus grandes de qualification que contre la France. Mais même si l’Allemagne mène deux points à zéro après les deux premiers matchs, je pense que c’est la France qui va finalement gagner 3 à 2. »
Un peu plus tard, le 40e mondial, habituel premier remplaçant lorsque Tomáš Berdych est bien présent, était rejoint dans ses propos par son capitaine, Jaroslav Navrátil :« Les Français joueront à domicile et seront les grands favoris. En même temps, ce sont eux qui auront la pression et on a vu contre l’Allemagne que ce n’est pas simple à gérer. Maintenant, ils vont recevoir la République tchèque et tout le monde attend d’eux qu’ils se qualifient pour la finale. Ceci dit, cela n’enlève rien au fait que j’aurais préféré, en tant que capitaine, avoir l’Allemagne pour adversaire, car je pense que la France lui est supérieure. »
Pour affronter cette équipe de France supérieure selon eux, les Tchèques espèrent pouvoir compter sur les services de Tomáš Berdych, qui avait préféré faire l’impasse sur ce quart de finale pour mieux se reposer dans l’optique de la suite de la saison. Difficile de faire le moindre reproche au n° 5 mondial, lorsque l’on sait qu’il ne ratait au Japon que son deuxième match de Coupe Davis ces dernières années. Pour autant, son partenaire habituel Radek Štěpánek entend bien revoir Berdych à ses côtés contre la France :
« Il est évident que jouer avec ou sans Tomáš n’est pas du tout la même chose. C’est non seulement un des meilleurs joueurs au monde actuellement, mais depuis le temps qu’il participe à la Coupe Davis, avec l’expérience qu’il en a et tout ce qu’il a déjà fait pour l’équipe, ce serait forcément une grosse perte s’il ne jouait pas la demi-finale. Pour nous, le facteur chance est indispensable. Ce week-end, si Nishikori avait joué avec les Japonais, les choses se seraient sans doute passées très différemment. Mais nous savons aussi que si nous sommes au complet avec Tomáš en demi-finale, nous aurons de nouveau nos chances. »
Et à en croire le capitaine Navrátil, les supporters tchèques ont quelques raisons d’être raisonnablement optimistes :
« On verra comment va se passer la suite de la saison pour Tomáš. En septembre, tous les tournois du Grand Chelem seront passés et il faudra voir alors ce qu’il en est de ses chances de qualification pour le Masters. Mais je pense pouvoir dire que l’on reverra Tomáš en Coupe Davis. Ce qui est certain, c’est que vous avez besoin d’un groupe au complet en demi-finales et en finale, et même si je ne veux pas trop m’avancer avant d’en avoir discuté avec Tomáš, je pense que nous le serons. »
Si tel est le cas, la demi-finale France – République tchèque, du 12 au 14 septembre prochain, s’annonce palpitante et pleine de suspens. Et ce d’autant plus que les Tchèques, Tomáš Berdych y compris, sont très attachés à leur trophée, comme le rappelle, si besoin encore en était, Štěpánek :« Après notre deuxième finale victorieuse l’année dernière, beaucoup nous ont demandé si nous allions continuer. Pour moi, la Coupe Davis est une affaire de cœur et je répondrai présent tant que j’en serai capable et que l’on voudra de moi. Les émotions de la Coupe Davis n’existent sur aucun autre tournoi. Nous jouons pour nos supporters, nous voulons leur faire plaisir. Ils se déplacent avec nous partout dans le monde. Il y en avait même ici au Japon et nous sommes bien conscients de l’investissement que cela représente pour eux. Alors, c’est aussi une façon pour nous de les remercier. »
Et l’inverse est vrai aussi. Se déplacer de Prague à Tokyo pour un quart de finale de Coupe Davis est sans nul doute une façon de remercier des joueurs capables de tout, au Japon comme en France.