Covid-19 : la République tchèque va faire don de ses vaccins excédentaires
La République tchèque, où actuellement un peu plus de 62 % de la population est au moins primo-vaccinée, s’apprête à faire le don de près de 2,4 millions de doses de vaccins contre le Covid-19 à différents pays du monde. Parallèlement, lundi, le gouvernement a annoncé un nouvel assouplissement de certaines mesures de restriction.
Lundi, la barre des 10 millions de doses de vaccin anti-Covid administrés a été dépassée en République tchèque. Il aura fallu huit mois exactement pour arriver à ce chiffre symbolique, sensiblement identique à celui de la population du pays, puisque la campagne avait été lancée dès le lendemain des fêtes de Noël, avec notamment la vaccination du Premier ministre Andrej Babiš. A l’époque, un seul sérum, de la société Pfizer/BioNTech, était autorisé par l’Agence européenne du médicament, et les pays se lançaient dans une course, souvent égoïste et mesquine, aux vaccins.
Début avril, la République tchèque se faisait d’ailleurs remarquer en se rangeant, aux côtés de l’Autriche et de la Slovénie, parmi les trois Etats membres de l’Union européenne refusant de se montrer solidaires avec cinq autres pays en difficulté, parmi lesquels figurait pourtant la Slovaquie voisine, pour le partage de 10 millions de doses précommandées par Bruxelles. Elle-même en difficulté, au sortir d’une crise où la mortalité y avait été une des plus élevées en Europe, la République tchèque avait refusé tout compromis.
Quelques mois plus tard, ces négociations feraient presque penser à des comptes d’apothicaires. Comme l’a confirmé Andrej Babiš lundi, la République tchèque dispose désormais de plus de doses de vaccins qu’elle n’en a besoin et peut donc participer à la volonté internationale d’en faire profiter une plus grande partie de la population mondiale :
« Nous définissions les territoires où nous pensons que, dans le cadre du programme Covax, nous pourrions donner ces vaccins. Concrètement, il s’agit de pays prioritaires comme la Tunisie, la Géorgie, la Thaïlande, l’Ukraine, le Mali ou la Bosnie. »
Lancé et géré par diverses organisations internationales, Covax est le nom de l’initiative qui vise à garantir une distribution équitable des sérums anti-Covid à travers le monde, alors que la vaccination demeure un privilège des pays riches.
La République tchèque, qui a commandé près de 24 millions de doses des quatre différents vaccins autorisés au sein de l’UE, s’est engagée à en mettre 2,39 millions à disposition. Cet engagement s’inscrit dans le cadre de l’accord sur un don de 100 millions de doses à des pays tiers dont ont convenu les leaders des Vingt-sept. Prague entend même se montrer un peu plus généreuse encore, comme l’a précisé le ministre de la Santé, Adam Vojtěch :
« Nous avons aussi prévu deux autres dons qui se feront dans le cadre d’accords bilatéraux. Leurs destinataires seront le Vietnam et Taïwan, qui recevront respectivement 250 000 et 30 000 doses. »
Parallèlement à tout cela, la Slovaquie, un des deux pays membres de l’UE où le vaccin russe Spoutnik V est administré, rachètera très probablement un million de doses du vaccin Pfizer destinées initialement à la République tchèque.
L’objectif du gouvernement tchèque reste de vacciner au moins 70 % de la population âgée de plus de 12 ans d’ici à l’automne. Un peu plus de six Tchèques sur dix ont déjà reçu au moins une dose et 52 % sont désormais entièrement vaccinés, alors que 86 % des doses reçues jusqu’à présent ont été injectées.
A la fin du mois de juin, le calcul avait été fait que même si la totalité de la population devait être vaccinée, 7,4 millions de doses tout au plus seraient encore nécessaires. Les autorités tchèques, qui ne sont toutefois pas les seules en Europe dans ce cas, vont donc prochainement diposer de stocks de vaccins très excédentaires, quelque 5 millions à la fin de l’année. Et ce, malgré leur volonté d’étendre les centres sans inscription préalable à l’ensemble du pays et d’accélérer la vaccination des jeunes avant la rentrée scolaire, celle-ci étant ouverture aux plus de 12 ans.
Alors que la propagation du virus s’est désormais « stabilisée », selon le ministre de la Santé, diverses restrictions toujours en vigueur vont donc être assouplies à compter du dimanche 1er août. Concrètement, il s’agit de l’accueil du public dans le cadre des manifestations culturelles et sportives.
A condition qu’elles soient entièrement vaccinées, qu’elles présentent un test négatif récent ou encore une attestion de rétablissement de la maladie de moins de 180 jours, jusqu’à 7 000 personnes pourront être présentes sur un même lieu en plein air et 3 000 dans un lieu clos. Pour ce qui est de stades, ceux-ci pourront être totalement remplis à condition que tous les spectateurs soient vaccinés ou aient déjà été malades.
Dans les bars et boîtes de nuit, il redeviendra possible de danser, la jauge d’accueil dans les piscines passera de 75 à 100 %, tandis que les visites en groupe de plus 20 personnes seront de nouveau possibles dans les châteaux ou dans les musées.