Covid-19 : le variant Delta inquiète le gouvernement tchèque aussi

Comme dans certains autres pays en Europe, la propagation du variant Delta, le ralentissement de la vaccination et la nouvelle évolution de la situation épidémiologique inquiètent en République tchèque aussi, et ce, alors que beaucoup de restrictions sanitaires ont été assouplies ces dernières semaines.

Mardi, 160 nouveaux cas de contamination au Covid-19, dont 54 à Prague, ont été détectés en République tchèque. S’il n’y a pas encore matière à s’affoler, c’est néanmoins près de la moitié de plus qu’il y a une semaine, une donnée qui confirme que la baisse s’est bel et bien arrêtée. Par ailleurs, pour la première fois depuis la mi-avril, le taux de reproduction du virus – le fameux R effectif dont il a tant été si souvent question dans un passé pas si lointain – est repassé au-dessus de la valeur de 1.

Andrej Babiš | Photo: Archives du Gouvernement tchèque

Du coup, le Premier ministre, Andrej Babiš, qui la semaine dernière avait appelé à ne pas répéter les erreurs de l’été dernier quand les Tchèques avaient pensé qu’ils avaient partie gagnée, a informé qu’un Conseil des ministres exceptionnel se tiendra ce jeudi soir :

« Nous allons évoquer la situation des pays où le Covid est de nouveau un thème important. Mais nous devons aussi regarder ce qui se passe chez nous, et notamment à Prague où l’incidence augmente. »

Tandis que le taux d’incidence pour 100 000 habitants sur les sept derniers jours est passé de 6,7 à 7,2 à l’échelle nationale, il s’élève désormais à 21,2 dans la capitale, où l’évolution est clairement la plus inquiétante, notamment parmi les jeunes, dont très peu sont vaccinés.

Pour l’heure, le ministère de la Santé s’est contenté de restreindre les voyages. La Russie, dès ce jeudi, et la Tunisie, à compter du début de la semaine prochaine, sont les deux premiers pays qui ont été ajoutés à la « liste noire ».  Et il est fort possible que le gouvernement décide d’un sort identique pour l’Egypte, autre destination appréciée des touristes tchèques.

Photo illustrative: Anna Shvets,  Pexels

Le ministère de la Santé a expliqué que l’interdiction de voyage visait à prévenir l’introduction et la propagation de nouveaux variants en République tchèque. La Russie a connu une accélération significative du nombre d’infections en juin, principalement en raison de la propagation du variant Delta, plus contagieux. En Tunisie, le nombre de nouveaux cas n’a cessé d’augmenter depuis le mois de mai, et ces dernières semaines, le taux de positivité des tests y est resté supérieur à 30 %.

Mais le ministère prépare aussi de nouvelles mesures pour le territoire tchèque. Alors que, depuis ce mercredi, les tests de dépistage ne sont plus obligatoires dans les entreprises, les employés de retour de vacances, y compris dans le cas d’un séjour en République tchèque, seront prochainement très probablement tenus de présenter un test Covid négatif à leur employeur. Une contrainte qui vaudra aussi pour les personnes qui ne seront pas complétement vaccinées, autrement dit celles qui n’auront encore reçu qu’une seule dose.

Vlastimil Válek | Photo: ČT24

Pour Vlastimil Válek, député membre du parti d’opposition du TOP 09, il s’agit toutefois de veiller à ce que les mesures qui seront prises n’incommodent plus l’ensemble des Tchèques, mais ne s’appliquent que dans les régions qui sont des foyers de circulation du virus :

« Il n’est plus possible d’appliquer des restrictions à l’échelle nationale. Si tel était le cas, avec le retour du port du masque, de l’interdiction de sortir ou de se rassembler, cela serait complètement fou, car on sait que la situation se détériore à une échelle locale. »

Malgré la poursuite du déconfinement, le ministre de la Santé sait que le Covid-19 est seulement affaibli et que la progression du variant Delta dans le monde fait planer une ombre sur l’optimisme qui règne en République tchèque depuis deux à trois mois. Adam Vojtěch est conscient que le retour de certaines restrictions sera forcément impopulaire dans un contexte de retour à la vie normale, mais qu’il ne pourra peut-être pas y échapper :

Adam Vojtěch | Photo: Archives du Gouvernement tchèque

« Les mesures envisagées pour l’instant peuvent représenter un inconfort certain ou une gêne pour différents voyageurs. Mais, plus globalement, la priorité est bien évidemment de penser à la santé de la majorité des Tchèques et de limiter autant que possible le risque d'importation et de propagation des mutations du coronavirus. »

Jusqu’à présent, 120 cas du variant Delta ont été détectés par les laboratoires en République tchèque, et ce, dans six des quatorze régions du pays. Si les conséquences de ce variant plus contagieux sont encore très limitées et concernent donc essentiellement certains pays à l’étranger, le gouvernement entend rester vigilant.

C’est pourquoi il entend insuffler une nouvelle dynamique à la campagne de vaccination. Bien que plus de la moitié des quelque 8,5 millions d’adultes aient déjà reçu au moins une dose et qu’un peu plus de 3 millions de personnes soient déjà complétement vaccinées (soit environ 30 % de la population), la République tchèque reste encore assez éloignée de l’objectif d’immunité collective. Celle-ci pourra être considérée comme atteinte lorsque 70 % de la population aura été vaccinée, soit environ 7,5 millions de Tchèques.