Covid-19 : Quel avenir pour le secteur de la restauration en Tchéquie ?
Les restaurants en République tchèque - fermés depuis plus d’un mois- pourront rouvrir leurs portes en juin. Toutefois, beaucoup sont déjà dans une situation critique et il y a quelques jours un restaurant bien connu des Pragois a annoncé qu’il avait fermé pour de bon. Comment les restaurateurs envisagent-ils l’après-coronavirus ? Jan Valenta, de l’entreprise de food tour « Taste of Prague », s’est livré au micro de Radio Prague Int.
Un célèbre restaurant praguois, Kuchyň, membre du groupe Ambiente, a déjà annoncé qu’il mettait définitivement un terme à son activité. Craignez-vous que ce type de scénario se reproduise à l’avenir ?
« Mercredi dernier (le 15 avril, ndlr), le gouvernement a annoncé que les restaurants ne seraient pas pleinement ouverts avant la mi-juin, plus ou moins. Et je pense, oui, qu’il est possible d’être confronté à quelques situations critiques. Le problème, c'est que la plupart des restaurants de Prague sont encore conservateurs et je pense qu’ils ont compris qu’ils doivent changer de modèle pour s’adapter à cette nouvelle réalité. »
On pourrait dire que beaucoup de restaurants pragois sont relativement moyens et reposent ainsi sur la présence des touristes, qui – peut-être – n’ont pas connaissance de meilleurs endroits où aller. Peut-on dire que les restaurants de Prague en général étaient sur un long fleuve tranquille jusqu’à présent ?
« Absolument oui. Si vous regardez la plupart des restaurants, beaucoup sont nés avec un modèle reposant sur le tourisme. Même si certains vont peut-être rouvrir leurs portes à la mi-juin, qui sait quand les frontières seront rouvertes et quand les touristes reviendront ? Il est clair que les restaurants vont devoir se (re)concentrer sur les Tchèques. Et j’ai bien peur que ceux-ci soient beaucoup moins indulgents que les touristes qui sillonnent Prague d’habitude. »Comme vous l’avez souligné, Prague se retrouve sans touristes et c'est bien parti pour durer. C’est difficile à anticiper bien sûr, nous essayons de prédire l’avenir, mais que pourrait être le paysage gastronomique à Prague, une fois que la pandémie sera derrière nous ?
« Je crois que la livraison aura une plus grande part dans ce paysage gastronomique, comme vous dites, qu’elle n’avait auparavant. Je pense que l’on verra plus de petits restaurants rapides sans fioritures, si l’on peu dire. Soyons honnêtes, la gastronomie à Prague dépendait déjà beaucoup du tourisme - des étoiles Michelin et d'autres restaurants gastronomiques. Je pense donc, que l’on va assister à un nouvel intérêt des restaurants pour la clientèle tchèque, ce qui signifie - comment dire? - une utilisation des aliments plus en phase avec leur budget et l’accent mis sur une cuisine plus décontractée qu'une cuisine raffinée. »
J’ai une question pratique. Comment pensez-vous que les gérants de restaurants vont gérer l’obligation du port du masque ?
« Je n’en ai aucune idée (rires). J'imagine qu'il y aura sûrement plus de distance entre les tables. Vous ne pouvez pas manger avec un masque sur la bouche, c’est une évidence. Nous verrons bien comment ils vont s’adapter. »Quel(s) impact(s) la pandémie de Covid-19 a-t-elle sur votre société « Taste of Prague » ?
« Nous sommes passés d’un calendrier rempli au printemps à rien du tout. Aujourd’hui, on ne peut pas fonctionner comme on le faisait. Quand je dis que beaucoup de restaurants visent les touristes en priorité et – peut-être – se reposent-ils trop dessus, cela s’applique aussi à nous. Nous nous sommes reposés sur le tourisme donc nous devons nous reconcentrer sur les Tchèques, nous devons offrir quelque chose aux clients en l'adaptant aux Tchèques. Je dois avouer que c’est l’ensemble de l’industrie du tourisme à Prague qui doit revoir sa copie. Ce que j’ai trouvé très intéressant, c’est que, alors que les restaurants gagnaient en sympathie auprès des locaux, avec l’idée de 'Oh, nous devons soutenir les restaurants locaux et leurs fournisseurs' et ainsi de suite, le tourisme, lui, n’a pas du tout reçu une telle sympathie. Cela montre à quel point l’industrie du tourisme était distante des locaux et, peut-être, à quel point la réputation du tourisme à Prague était mauvaise avant la mise en quarantaine du pays. »