Crise migratoire : malgré les quotas, la République tchèque entend bien contribuer aux avancées de l’Europe

Le sommet à Bruxelles, photo: ČTK

Bien qu’il continue de considérer le résultat de la réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE mardi comme une déception, le gouvernement tchèque respectera ses obligations qui découlent de l’accord européen sur le dispositif de répartition des réfugiés. C’est ce qu’a affirmé le Premier ministre, mercredi, avant même de s’envoler pour Bruxelles, où il a participé au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement. Même si ses représentants politiques continuent à penser que cette répartition contraignante ne constitue pas une solution à la crise migratoire, la République tchèque ne souhaite pas, dixit Bohuslav Sobotka, participer à une escalade de la tension au sein de l’UE et entend, au contraire, mettre la main à la pâte pour la protection des frontières extérieures de l'Union et contenir le flux des migrants.

Le sommet à Bruxelles,  photo: ČTK
On peut critiquer la position tchèque, et nombreux sont-ils, en Europe mais aussi en République tchèque, à le faire. Mais, à la différence de la Pologne notamment, dont la volte-face de mardi a été très mal ressentie à Prague, ou encore de la France, dont le président François Hollande refusait catégoriquement au début de l’été encore les quotas de répartition des réfugiés - un mot qu’il a banni depuis de son vocabulaire pour parler de « mécanisme obligatoire d’accueil » - s’il y a une chose que l’on peut difficilement reprocher au gouvernement tchèque, c’est son manque de consistance. Interrogé par la Télévision tchèque suite à la réunion de mardi, le ministre de l’Intérieur, Milan Chovanec, confirmait que le point de vue du gouvernement n’avait pas bougé d’un iota :

« Notre position a toujours été la même. Nous souhaitons que soit instaurée une politique de retour des réfugiés n’ayant pas droit à l’asile en Europe, que les frontières de l’espace Schengen soient protégées, qu’une aide soit apportée dans les camps de réfugiés qui se trouvent dans les pays tiers de l’Union. Cela fait déjà plusieurs mois que nous nous efforçons d’attirer l’attention de nos partenaires européens sur ce que nous pensons être les solutions. Si les chefs de gouvernement parviennent à un accord ce mercredi, il s’agira alors de donner vie à ce document et de l’appliquer. »

Milan Chovanec,  photo: ČTK
« Nous sommes prêts à apporter notre aide. Mais nous continuons à penser que les quotas qui ont été adoptés mardi ne constituent pas une solution. Seul le temps montrera qui a raison. Mais à côté de cela, il faut tout mettre en œuvre pour éliminer les raisons de cette migration massive. Je pense que les choses avancent enfin dans le bon sens, même si cela fait des années que des mesures auraient dû être prises. Encore faut-il passer à l’action. Je suis convaincu que la bonne volonté manifestée par les premiers ministres ce mercredi sera suivie d’actes, ce qui signifie entre autres le renforcement de l’action des armées aux frontières, car c’est là quelque chose d’indispensable. »

Mercredi, la République tchèque a joint l’acte à la parole en proposant une aide, technique, matérielle et humaine, à la Hongrie pour la surveillance de ses frontières avec la Serbie. Même si aucune décision concrète n’a encore été prise sur ce point, la mise à disposition de matériel servant à contrôler les déplacements des groupes de migrants a été évoquée.

Plus généralement, les différentes mesures adoptées par les Vingt-Huit à Bruxelles sont celles prônées par le gouvernement tchèque, à l’exception bien entendu de celle de la répartition contraignante des réfugiés, point sur lequel les chefs d’Etat et de gouvernement ne sont toutefois pas revenus mercredi.

Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
Malgré la décision de la Pologne de voter en faveur de cet accord européen sur la relocalisation des réfugiés se trouvant en Grèce et en Italie, vote contraire à la position commune qui avait été adoptée préalablement avec la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie, ses partenaires au sein du Groupe de Visegrád, les premiers ministres des quatre pays ont tenu à démontrer leur unité en publiant une déclaration commune dans laquelle ils appellent à la mise en place de mesures concrètes pour endiguer la crise migratoire. Et malgré le goût amer qui est resté dans les bouches tchèques, le Premier ministre Bohuslav Sobotka l'assure: ne coopération centre-européenne conserve tout son sens et les quatre pays restent capables d’agir ensemble. Reste que c’est désormais aussi à vingt-huit qu’il convient d’agir.