Croissance nulle des salaires pour la première fois depuis 2000
Le montant du salaire brut moyen mensuel en République tchèque s’est élevé à 23 665 couronnes au troisième trimestre de cette année (près de 950 euros). Il s’agit d’une légère augmentation de 2 % par rapport à l’année dernière et donc, a priori, d’une bonne nouvelle. Mais les chiffres publiés lundi par l’Office tchèque des statistiques ne cachent pas une réalité moins réjouissante, à savoir un coup d’arrêt ou presque de la croissance des salaires.
« La dernière fois que le montant du salaire moyen a légèrement baissé, c’était en 2000. Cette fois, nous assistons à une quasi-stagnation. Il y a eu une baisse notamment dans la fonction publique et l’enseignement, deux secteurs touchés par les mesures d’économie décidées par le gouvernement sous la pression du déficit des finances publiques. Mais même dans le privé il n’y a pas d’argent de trop. Les entreprises sont restées très prudentes et il n’y a pas eu de fortes augmentations des salaires. »
Les employés de la fonction publique ont été les plus touchés ces derniers mois par la crise et la politique économique très austère de la nouvelle coalition gouvernementale. Le montant de leur salaire moyen ne s’élève désormais plus qu’à 950 euros, soit une baisse réelle de 3,6 % par rapport au troisième trimestre 2009.
Inversement, dans le secteur privé, les entreprises dans leur ensemble ont sorti la tête de l’eau, avec une augmentation réelle du salaire moyen d’environ 1 % pour un montant pratiquement identique à celui en cours dans la fonction publique. Reste que selon Jan Mertl, de l’Ecole supérieure des finances et de l’administration à Prague, la croissance des salaires ne constitue plus aujourd’hui un indicateur fiable de la croissance du niveau de vie :
« Ces dix dernières années, la structure des dépenses des ménages a fortement évolué. Aujourd’hui, la majorité des employés reversent l’essentiel de leurs revenus aux banques et aux propriétaires privés pour payer leur logement, mais aussi aux géants énergétiques, aux constructeurs automobiles et ainsi de suite. Cela fait que la part restante des revenus dont les ménages peuvent décider librement de l’allocation n’est pas aussi importante que le laissent croire les statistiques. »L’augmentation moyenne constatée dans le secteur privé s’explique également partiellement par le licenciement dans certains secteurs d’activité des employés aux plus faibles revenus. Si quelques employés très qualifiés et au profil recherché sur le marché de l’emploi gagnent donc plus dans le secteur privé et font grossir les chiffres, la réalité cachée derrière le statistiques est qu’un nombre toujours plus important de Tchèques, tant dans le public que dans le privé, est contraint de se serrer la ceinture.