Czech Airlines envisage de licencier un tiers de ses employés
La compagnie aérienne tchèque Czech Airlines (ČSA) envisage de licencier plus d’un tiers de ses employés en décembre et janvier prochains. La direction se justifie par la réduction du nombre de vols, consécutive de la crise en Ukraine. Le président du syndicat des transports, Luboš Pomajbík parle d’un plan d’action qui menace l’existence même de la compagnie aérienne tchèque.
« C’est l’accomplissement d’un processus décisionnel entamé déjà au printemps de cette année en vertu de quoi Czech Airlines ne fera plus usage des avions Airbus A320. Ce plan a été approuvé par tous les actionnaires en Assemblée générale de la compagnie. La crise russo-ukrainienne a mis en évidence le fait que nous ne nous servirons plus de cette flottille. En conséquent, ČSA a accéléré tout le processus. »
Ce n’est pas la première fois que la compagnie aérienne invoque la crise en Ukraine pour justifier des licenciements. Déjà en juin 2014, la direction a mis à la porte soixante stewards et une dizaine d’employés d’administration. Pour Luboš Pomajbík, qui dirige le syndicat des transports, cette justification est pour le moins douteuse :
« Les licenciements sont une habitude au sein de la compagnie. La réduction des salaires a également déjà eu lieu. En 2009, tous les employés ont renoncé à 15% de leur rémunération en échange du maintien des effectifs. Le « plan de restructuration » n’est pas un exemple de bonne gestion mais s’apparente plutôt à une tentative de liquidation de l’entreprise. L’argument avec l’Ukraine ne tient pas la route, les personnes ne seront pas réembauchées si la crise se termine. En plus, la direction devrait clairement démontrer que la réduction des vols vers certaines destinations correspond exactement à l’ampleur du licenciement des pilotes et des stewards. »Forte de 5 000 employés en 2008, Czech Airlines en compte désormais 870 en 2014. En plus du nouveau licenciement d’un tiers des employés, le « plan de restructuration » prévoit la baisse d’un tiers des salaires. A terme, les stewards toucheraient 18 000 couronnes net (650 euros) et les chefs de cabine 22 000 couronnes net (environ 800 euro) mensuels. Pour une partie de ceux ayant perdu leur emploi, ČSA promet de faire appel à ses partenaires de l’alliance SkyTeam pour leur trouver un nouveau poste, chez Korean Air ou Aeroflot russe par exemple. Face à cela, Luboš Pomajbík reste sceptique :
« La baisse des salaires ne concerne que les employés qui gagnent le moins. La direction est très prudente quand il s’agit de réduire le niveau de ses propres rémunérations. En ce sens, elle ne donne clairement pas l’exemple. En ce qui concerne les compensations pour les postes supprimés, certains employés ont déjà reçu des offres. On leur a proposé d’aller trois mois au Pakistan avec des conditions de travail autrement différentes que celles qu’ils connaissent à ČSA et une situation sécuritaire risquée. On ne peut pas s’étonner que certaines hôtesses de l’air qui ont déjà une famille aient refusé. »
Dans le contexte du dixième jour de grève des pilotes d’Air France, lesquels craignent la délocalisation à travers la création de la compagnie à bas prix Transavia Europe, Luboš Pomajbík remarque des parallèles dans les combats des employés français et tchèques :
« Chez nous, la compagnie à bas prix Travel Servis, où les conditions de travail sont bien différentes, devient un actionnaire de ČSA. C’est une situation analogue à celle en France. Quand la direction promet des postes ailleurs, nous savons déjà que les conditions proposées seront bien pires. »
L’entreprise Czech Airlines est entre les mains de Korean Air qui détient 44 % de ses actions. La compagnie à bas prix Travel Servis a annoncé son projet d’acquérir 34% des actions. Cette transaction doit être approuvée par la Commission européenne. Si validée, l’Etat conserverait une partie minoritaire à travers Czech Aeroholding.
Ce mercredi, les syndicats ont annoncé qu’ils étaient prêts à se mettre en grève pour empêcher ce plan de licenciement. Le Premier ministre Bohuslav Sobotka s’est dit quant à lui inquiet que la réduction continue des effectifs de la compagnie ne mène à sa disparition.