Danseuse étoile, Svetlana Zakharova de retour à Prague avec son nouveau spectacle « Amore »

'Amore'

Mené par la danseuse étoile du Bolchoï, Svetlana Zakharova, le ballet « Amore » est présenté ce jeudi au Palais des Congrès de Prague. Ce n’est pas la première fois que la danseuse russe est de passage dans la capitale tchèque. Il y a cinq ans déjà, Svetlana Zakharova y avait joué « Giselle » où elle se rappelle avoir été soutenue par le public, comme elle l’a confié au micro de Radio Prague :

Svetlana Zakharova,  photo: Loreta Vašková
« Je suis très heureuse de revenir à Prague. Cette ville est importante pour moi. Je me souviens avoir dansé dans un magnifique théâtre grâce au public qui nous a soutenus et attendus. J’espère par ailleurs que ce dernier nous accueillera avec autant d’enthousiasme que la dernière fois pour ce nouveau projet. »

Repérée grâce à une technique irréprochable, la carrière de Svetlana Zakharova a décollé lorsque le danseur et chorégraphe Mikhaïl Barychnikov lui a ouvert les portes du grand théâtre moscovite.

Enfant, Svetlana Zakharova a déménagé en RDA car son père était alors officier. Agée de dix ans, elle a dû quitter l’école de danse de Kiev dont elle faisait partie. Mais son destin lui avait prédit une trajectoire différente, confie-t-elle :

« J’ai passé six mois en Allemagne sans danser et cela me manquait un peu. Mais suite au départ des troupes soviétiques de la RDA, nous sommes revenus en Ukraine et j’ai tenté une nouvelle fois un concours de danse pour lequel j’ai reçu une réponse positive. C’est comme si Dieu m’avait toujours poussée sur le chemin de la danse classique. »

C’est ainsi qu’elle présente ce jeudi un nouveau projet intitulé « Amore » qui regroupe trois ballets autour du thème de l’amour. Le premier ballet, « Francesca Da Rimini » en collaboration avec le chorégraphe Yuri Possokhov et auquel la danseuse porte beaucoup d’importance sera malheureusement, annulé suite à l’accident de son partenaire de danse, Denis Rodkin :

'Amore',  photo: MuzArts
« Cela fait deux ans et demi que nous travaillons sur ce projet avec Denis. C’est l’un des rôles les plus difficiles à interpréter pour moi jusqu’à présent. Mais avec Denis nous avions réussi à créer une osmose entre les deux personnages jusqu’à ressentir la vibration dans les cellules de l’autre. Je l’ai vécu son accident comme une tragédie car il a fallu annuler plusieurs spectacles dans lesquels je dansais avec lui – ou alors il aurait fallu le remplacer. Malheureusement, travailler avec un nouveau partenaire ce n’est plus du tout la même chose. C’est comme si on reprenait l’intégralité du projet à zéro. Pour moi, Denis est irremplaçable. »

Ce ballet qui traduit les relations d’amour, de haine, de passion et de trahison prévoyait de nouveaux décors et costumes. Malgré le désir de Svetlana Zakharova de le réaliser et les tentatives d’adaptations suite à l’accident de son partenaire, la troupe a dû se résoudre à annuler le spectacle.

Le second ballet « Tant que la pluie n’est pas passée », mené par le talentueux chorégraphe Patrick De Bana, est un projet qui a pris racine en partant de rien. Svetlana et Patrick ont écrit la musique et y ont aussi incorporé de célèbres compositeurs. Svetlana Zakharova insiste sur la difficulté de monter un tel projet où le scénario a dû être revu plusieurs fois :

« Notre idée de départ et le résultat final se sont transformés en deux visions distinctes. Nous avons essayé d’approcher la philosophie de l’amour dans ce triangle amoureux composé de deux hommes et de moi-même. Ce n’est pas un ballet qui raconte une grande histoire, c’est chaque spectateur qui la constitue selon son état émotionnel actuel. Ça devient presque de l’improvisation pour nous, selon les émotions investies par le public dans cette représentation. On ne sait jamais à quoi s’attendre. »

Enfin, « Coups à travers la queue » de la chorégraphe Marguerite Dolon permettra aux spectateurs de sortir de la salle avec d’agréables émotions :

Svetlana Zakharova,  photo: Loreta Vašková
« Après de telles tragédies, je préfère que mon public sorte de la salle avec un esprit plus joyeux et léger. C’est pour cela que nous avons choisi la fabuleuse Marguerite Dolon pour la chorégraphie de ce troisième ballet. Elle a réussi à donner une tonalité amusante aux symphonies de Mozart. C’est un ballet plein d’humour et le public rit à cœur joie. Il est aussi question d’amour : celui de l’humour et celui que l’on porte à ses collègues danseurs. »

Numéros classiques et chorégraphies contemporaines se mélangent dans « Amore » où Svetlana a mis tout son cœur à l’ouvrage :

« Je suis très reconnaissante envers mes collègues d’avoir soutenu ce projet jusqu’au bout. Malgré l’annulation de Francesca Da Rimini nous avons essayé de créer une belle programmation pour satisfaire notre public et nous espérons que celui-ci sera conquis. »