David Cadier : « Il faut bien comprendre la perception tchèque de la politique étrangère européenne »

Photo: Commission européenne

Un des piliers de l’Union européenne, la PESC, Politique étrangère et de sécurité commune, est le volet européen de l’action extérieure. Comme toutes les politiques européennes, la PESC est le résultat d’un compromis entre les 27 membres, dont les conceptions en politique étrangère divergent parfois. A ce sujet s’intéresse David Cadier, doctorant au Centre d’études européennes de Sciences-Po et au Cefres à Prague : Radio Prague l’a rencontré pour un entretien sur les préférences tchèques et centre-européennes en matière de politique étrangère.

Photo: Commission européenne
« Je fais ma thèse au départ sur la République tchèque et sa politique étrangère. La question que je me pose est : ‘Cinq ans après l’élargissement de 2004, quelles sont ses préférences en matière de politique extérieure de l’Union Européenne et comment elle les met en œuvre dans le cadre de la PESC, la Politique étrangère et de sécurité commune’. Sachant qu’il me semble intéressant de comparer le cas de la République tchèque avec les trois autres pays dits de Visegrád, c’est-à-dire la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie. »

Vous parliez de ‘préférences’ de la République tchèque, quels sont les principaux éléments de ces préférences ?

« En fait, j’utilise le terme de ‘préférences’ plutôt que le terme ‘intérêts’ dans le cadre de l’UE. Les études académiques sur l’UE en général se référent plutôt au thème de préférences car il s’agit de décisions collectives, il faut bien comprendre qu’une politique extérieure à 27 résulte d’un compromis et d’une harmonisation des visions nationales. Et justement, ce qui me semble intéressant puisque cela n’a pas été tant étudié dans le milieu académique français jusqu’à maintenant c’est d’essayer de bien comprendre, de bien saisir ces perceptions, ces visions centre-européennes, de la sécurité notamment, qui sont assez différentes de la France et qui sont souvent assez mal comprises. »

Et si justement on devait résumer ces préférences autour de principaux thèmes, par exemple autour des relations avec la Russie ou des relations avec les USA, quels points vous définiriez ?

« Alors, c’est toujours un peu difficile de résumer la politique étrangère, car c’est le produit d’un processus plutôt complexe. Il n’empêche qu’on peut à mon avis identifier trois domaines de politique extérieure qui tiennent à cœur la République tchèque dans l’arène européenne. Ca serait premièrement les relations transatlantiques, avec les Etats-Unis ; deuxièmement la question de l’énergie et troisièmement la question du voisinage est-européen. La question des relations transatlantiques n’est pas abordé tant que ça dans le cadre de la PESC, c’est-à-dire dans le cadre de la politique extérieure de l’UE, mais plutôt dans des projets bilatéraux tel que le bouclier anti-missile ou de façon encore plus institutionnalisé dans le cadre de l’OTAN. En revanche l’énergie et la politique européenne de voisinage sont des thèmes qui sont abordés par Prague dans le cadre de l’UE et ce sont des thèmes qui touchent évidemment à la question de la Russie. Et c’est là qu’il y a mon avis une spécificité centre-européenne, centre-européenne et balte en fait, dans le sens où c’est là qu’il y a une différence par rapport aux anciens états membres, avant l’élargissement de 2004. Prenons par exemple les atlantistes : on a souvent décrit les tchèques et polonais comme des atlantistes : il y a d’autres atlantistes que les états d’Europe centrale et orientale, le Royaume-Uni, le Danemark, la Hollande sont des états atlantistes. Il n’y a pas vraiment une spécificité atlantiste des Etats d’Europe centrale et orientale, par contre il y a une spécificité dans les relations avec la Russie. Mais là encore, chaque état membre d’Europe centrale et orientale a une approche divergente. »