David Rozehnal : « Jouer au PSG m'a permis de gagner ma place en sélection»

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Lundi en fin d'après-midi, à Gelsenkirchen, en ouverture du groupe E, la République tchèque effectuait ses débuts en Coupe du monde contre les Etats-Unis. Un événement que le pays attendait depuis la dernière participation à une phase finale de ce qui était encore la Tchécoslovaquie en 1990. Vladimir Smicer absent pour cause de blessure, Jaroslav Plasil vraisemblablement appelé à débuter les rencontres sur le banc des remplaçants et René Bolf pas retenu par le sélectionneur, David Rozehnal, le défenseur du Paris Saint-Germain, était donc le seul joueur dans l'équipe tchèque de départ à évoluer dans le championnat de France.

A 25 ans, David Rozehnal est avec le gardien Petr Cech et le milieu de terrain Tomas Rosicky un des plus jeunes éléments qui composent l'équipe type de la République tchèque. Bien qu'un certain manque d'agressivité et de présence sur l'homme lui soit encore parfois reproché, l'élégant défenseur central compense par une vision du jeu et une aisance technique dans la relance au-dessus de la moyenne. Formé au Sigma Olomouc, ce Morave discret a vu sa carrière prendre un premier tournant lorsqu'il a rejoint le FC Bruges, un des plus prestigieux clubs belges, suite à son titre de champion d'Europe conquis avec les espoirs tchèques en 2002. En fin de saison dernière, David Rozehnal a franchi une nouvelle étape en venant renforcer l'arrière-garde du Paris Saint-Germain, devenant ainsi avec Jaroslav Plasil à Monaco, Vladimir Smicer à Bordeaux et René Bolf à Auxerre le quatrième international tchèque à évoluer en Ligue 1. Un transfert dans le club de la capitale qui lui a également permis de prendre du galon en sélection, où il s'est progressivement imposé à la place de René Bolf. C'est donc en tant que titulaire qu'il aborde la Coupe du monde en Allemagne au sein d'une défense qui, malgré la présence de Petr Cech dans les buts, pourrait s'avérer être le maillon faible d'une équipe que de nombreux observateurs considèrent comme un prétendant potentiel au titre. Avant qu'il ne s'envole pour l'Allemagne, David Rozehnal s'est confié au micro de Radio Prague sur les chances et perspectives tchèques. Malgré sa première année passée en France, c'est dans sa langue maternelle qu'il a préféré s'exprimer. Il est d'abord revenu sur un tirage au sort guère clément pour les protégés de l'entraîneur Karel Brückner:

Karel Brückner,  photo: CTK
« Ce n'est pas le groupe le plus facile, mais j'estime quand même que nous avons une bonne chance de nous qualifier et je pense que ce sera avec l'Italie. Après, on verra, mais pour nous la priorité est de sortir du groupe. C'est notre objectif minimal. Si nous y parvenons, à partir des huitièmes de finale, ce sera un autre tournoi qui débutera où sur un match, c'est surtout la forme du moment qui fera la différence. »

Il y seize ans de cela, au cours d'une campagne italienne qui les avait menés jusqu'en quart de finale (battus de justesse 0-1 par la RFA de Lothar Matthäus futur vainqueur du tournoi), les Tchécoslovaques avaient également débuté la phase finale contre les Américains. A l'époque, ils s'étaient facilement imposés 5 à 1. Depuis, bien des choses ont changé dans les deux camps. La République tchèque a divorcé de la Slovaquie et pris son indépendance et les Yankees, quarts de finaliste malheureux lors du dernier Mondial, ne font plus figure de simples faire-valoir. Pourtant, David Rozehnal affirmait ne pas bien les connaître :

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« Je dois admettre que nos deux premiers adversaires sont un peu une inconnue. Je sais que les Américains ont obtenu de très bons résultats lors des matches de préparation. Quant au Ghana, je pense que ce sera une équipe très difficile à jouer et très imprévisible. Nous ne les connaissons pas du tout. Enfin, que dire des Italiens, si ce n'est que ce sont les Italiens ? C'est certainement l'adversaire le plus difficile de notre groupe, du moins sur le papier. De toute façon, c'est la Coupe du monde et toutes les équipes, qu'elles soient connues ou pas, veulent gagner cette magnifique statuette. De notre côté, il faudra simplement s'efforcer de jouer le mieux possible. »

Jouer le mieux et le plus possible, c'est ce qu'aura fait tout au long de la saison écoulée David Rozehnal sous ses nouvelles couleurs parisiennes, puisqu'il a été titularisé pour la totalité des trente-huit rencontres de Ligue 1. Jamais blessé ni suspendu, le défenseur tchèque peut donc s'estimer satisfait de ses premiers pas en France, malgré les résultats en dents de scie du club :

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« Collectivement, ça n'a certainement pas été une saison très réussie en championnat, même si nous l'avons en partie sauvée grâce à la victoire en coupe de France contre Marseille en finale. Sur le plan personnel, ce fut sans doute la saison la plus dure de ma carrière. J'ai participé pratiquement à tous les matches de championnat et de coupes et j'ai également commencé à jouer et à être plus souvent titulaire en sélection. Je pense que le fait de jouer au PSG m'a aidé à gagner ma place en équipe nationale. J'ai beaucoup joué, c'est le plus important pour un joueur. »

Pavel Nedved,  photo: CTK
Sacré champion de Belgique avec Bruges en 2005, David Rozehnal n'oublie pas que c'est là-bas qu'il s'est révélé au plus haut niveau. Même s'il garde un excellent souvenir de son passage dans la cité flamande, il est ravi d'avoir découvert la ligue 1 française :

« Je pense que ce n'est pas possible de comparer. Le championnat français a un niveau bien plus élevé que le belge. Le jeu est plus rapide, il y a plus d'engagement et moins d'écart entre les équipes. Par exemple, cette année, avec Paris, nous avons perdu contre le dernier et l'avant-dernier. Je crois que c'est le gros avantage du championnat français : il est très équilibré et le dernier peut battre le premier ou au moins lui causer des problèmes. »

David qui terrasse Goliath dans le championnat de France, voilà un scénario dont les petits Tchèques et David Rozehnal aimeraient qu'il se répète, cette fois lors de la Coupe du monde en Allemagne...