De la grenouille pour les amateurs tchèques de théâtre français

snez_tu_zabu.jpg

« Sněz tu žábu » - « Mange cette grenouille » : qu’on ne s’y trompe pas, même si la France s’apprête à célébrer l’excellence de sa cuisine dans 1 300 restaurants du monde entier, y compris en République tchèque, le 19 mars prochain, il ne s’agit pas là d’un festival gastronomique mais bien de théâtre. Reste (sans « s » et pas de table, donc) que qui dit « grenouille » en République tchèque (comme ailleurs d’ailleurs) pense immédiatement à la France. « Mange ta grenouille » est donc le nom donné au premier festival du théâtre français qui se tient ces jours-ci à Prague.

La tenue de ce premier festival du théâtre français, qui a débuté lundi soir avec le spectacle ‘Warpig’ de la compagnie Le festin de Saturne et s’achèvera vendredi, est le fruit du travail d’un petit groupe d’étudiants tchèques, comme l’explique Charlotte Fouchet Ishii, attachée culturelle à l’Institut français de Prague, un institut dont la participation a permis la tenue du festival :

« C’est une initiative tchèque de jeunes qui sortent de l’université et ont découvert durant leurs études le théâtre français et ont souhaité le remettre au goût du jour. Il y a déjà eu de nombreuses initiatives il y a quelques années, mais malheureusement nous n’avons pas pu poursuivre le programme de lecture scénique pour des raisons de traduction. Et là, deux jeunes personnes sont venues nous voir pour nous dire ‘on aimerait travailler avec l’IFP pour relancer une initiative concernant le théâtre français’, et nous les accompagnons donc à la fois pour le venue d’une compagnie française et pour la partie traduction, justement, de certains textes. »

Parmi ces étudiants organisateurs, la directrice du festival Natálie Preslová, qui dresse d’abord un état des lieux sur la place de la France dramatique sur la scène tchèque :

« Il est certain que nous connaissons moins le théâtre français que le théâtre allemand par exemple. Mais on a vu par exemple beaucoup de spectacles français dans le cadre du festival ‘Letní Letná’ qui présente plutôt des spectacles de cirque, ou pendant les Journées du théâtre français en République tchèque. Et on peut voir souvent aussi certaines pièces de Yasmina Reza dans des théâtres tchèques. » L’idée directrice de l’équipe du festival en faisant manger de la grenouille au public pragois est d’abord de faire découvrir à celui-ci le théâtre français contemporain :

« La programmation se compose de trois axes - les lectures scéniques, les spectacles tchèques et français et les débats et rencontres avec des artistes. Le public pourra voir par exemple une production intitulée ‘Wariot ideal’ du metteur en scène tchèque Vojta Šejda, un spectacle tchèque mais donné en français, ou encore le projet ‘L’année dernière à Marienbad’ présenté par l’ensemble ‘Depresivní děti touží po penězích’ (Les enfants dépressifs désirent avoir de l’argent). Cette production a été créée d’après le célèbre film ‘L’Année dernière à Marienbad’ d’Alain Resnais. Nous préparons également les lectures scéniques de trois nouvelles pièces de théâtre de jeunes auteurs français joués par des artistes tchèques. »

Si à Prague et dans toute la République tchèque depuis plusieurs années déjà, le Festival du film français rencontre un grand succès, il est en revanche plus difficile de prédire l’accueil qui sera réservé au théâtre français. Néanmoins, des efforts ont été faits pour attirer un public le plus nombreux et curieux possible, comme l’explique Natálie Preslová :

« Tous les spectacles, toutes les lectures scéniques et tous les débats seront traduits en tchèque ou en français pour accueillir le grand public. J’espère que toutes les représentations pourront offrir au public tchèque quelque chose de différent et je crois que notre festival éveillera l’intérêt du public tchèque pour le théâtre français. »

« Le festival aura lieu dans le centre culturel ‘Venuše ve Švehlovce’. C’est un nouvel espace créé par de jeunes artistes et des étudiants de théâtre tchèques. C’est une salle très belle et très intéressante qui se trouve dans un vieux bâtiment de l’Université Charles. » »

Une partie du programme sera également présentée à l’IFP. Et cela tombe plutôt bien. Sa directrice Isabelle Guisnel précise pourquoi :

« Le projet est très bien venu, parce que c’est une initiative tchèque, et parce qu’il va lancer en quelque sorte le mois de la francophonie. Je trouve que c’est vraiment une très grande occasion, nous avons pour partenaires l’ensemble des vingt ambassades francophones. Ce mois de la francophonie sera lancé par le Ministère tchèque des affaires étrangères le 20 mars avec un grand concours d’élèves francophones partout en République tchèque, et il se poursuivra à l’IFP, mais aussi hors de ses murs. A l’Institut, ce sera autour du polar francophone, avec des films du Luxembourg, de Suisse, du Maroc, et puis une grande journée, le samedi 21 mars, durant laquelle il y aura aussi des évènements hors les murs. Cette année, c’est le polar, mais la francophonie commence avec le théâtre français, et nous en sommes très contents. Les initiatives qui ne sont pas nécessairement les nôtres, je veux dire de l’IFP, s’agrègent très bien à des ensembles qui sont des rendez-vous que nous avons avec le public tchèque. »

Nous reviendrons bientôt sur les diverses manifestations prévues en République tchèque à l’approche de la Journée de la francophonie, le 20 mars prochain.