De la seule visite de Benoît XVI en Tchéquie à la construction d’une nouvelle salle de concert à Prague
La démission du pape Benoît XVI, le travail d’experts tchèques sur différents sites archéologiques étrangers, le débat sur la construction d’une nouvelle salle de concert à Prague, les retombées de l’affaire de l’alcool frelaté au méthanol… Tels sont quelques-uns des sujets qui ont été traités dans la presse de ces derniers jours et qui ont attiré notre attention.
« Par rapport à Jean-Paul II, il a préféré nager dans des eaux intellectuelles. Ce n’était pas un pape des foules, mais un pape d’une foi soigneusement réfléchie. »
Expert en histoire ecclésiastique, Jaroslav Šebek estime qu’ « il y a lieu d’apprécier la grandeur du geste du pape Benoît XVI ». Pour Tomáš Halík, prêtre et professeur universitaire, ce dernier peut servir d’exemple d’un conservatisme intelligent, « conservatisme qui est chez nous souvent lié à des groupes et des figures bizzares. » Il explique :
« Je pense qu’il s’inscrira dans l’histoire des deux mille ans de la papauté comme un pape intellectuel. Déjà avant son élection, il était considéré comme un des plus importants intellectuels catholiques de l’Europe... J’apprécie aussi qu’à l’instar de Jean-Paul II, il a poursuivi la ligne du dialogue interreligieux ».
L’unique visite de Benoît XVI en République tchèque, en 2009, a été également évoquée dans le journal. Nous citons :
« En septembre 2009, le pape a visité d’abord Prague, puis Brno et la ville de Stará Boleslav dans laquelle il s’est incliné devant la dépouille mortelle de saint Venceslas et a célébré une messe en présence de près de 50 mille fidèles venus de tout le pays. Il s’agissait de la première visite d’un pape dans cette ville jouissant d’une histoire millénaire... Une visite qui, selon les témoins, avait à côté de son aspect officiel une importante dimension humaine. »Le journal rappelle également que le prédécesseur de Benoît XVI, Jean-Paul II, avait visité Prague à trois reprises, la première visite ayant eu lieu en avril 1990, au lendemain de la chute du régime communiste.
La Bulgarie, l’Egypte, la Mongolie, le Pérou, le Soudan, l’Ouzbekistan, le Cambodge. Autant de pays dans lesquels sont déployées des équipes d’archéologues et d’experts tchèques chargés de sauvegarder des monuments locaux. Une des dernières éditions du quotidien Lidové noviny a consacré deux pages à ce sujet, indiquant quelques intéressantes précisions.
« Les égyptologues tchèques sont très appréciés. C’est depuis le début des années 1960 qu’ils examinent la fameuse localité d’Abusir où se trouvent les dits temples solaires. Leur dernière grande découverte dans cette localité, celle du tombeau de la princesse Shert Nepti, remonte à l’automne dernier... Le travail des égyptologues tchèques jouit d’un grand prestige et d’une grande reconnaissance auprès des autorités tchèques. Une certaine somme du budget de l’Etat est d’ailleurs régulièrement débloquée pour leur usage. »En Mongolie, les Tchèques renouent avec les résultats de la première expédition tchéco-mongole de la fin des années 1950 qui examinait un monument du 8e siècle, tandis qu’en Ouzbekistan, les archéologues tchèques travaillent sur une nécropole datant des 4e et 5e siècles. Dans la mystérieuse ville de Machu Picchu au Pérou les Tchèques prospectent les terrains pour éviter leur glissement et pour assurer la sécurité de cette précieuse localité. En ce qui concerne le Cambodge, le journal écrit :
« Faisant partie d’un groupe d’une dizaine d’équipes internationales, les scientifiques tchèques travaillent dans le parc archéologique d’Angkor sur la conservation des temples moyenâgeux en pierre. Ils étudient les effets de l’humidité, de l’altérnance des températures ou des secousses provenant de l’aéroport voisin. »
A la question de savoir, comment les archéologues tchèques sont accueillis à l’étranger, Jaroslav Řídký de l’Institut archéologique répond :
« On porte sur nous le même regard que sur d’autres experts étrangers – Allemands, Français ou Américains. On nous prend pour ceux qui ne sont ni pires ni meilleurs. »
« Prague aspire à une nouvelle salle de concert appelée à devenir un important centre culturel, non seulement de Prague, mais de tout le pays », peut-on lire dans l’édition de ce jeudi du quotidien Mladá fronta Dnes, déjà cité. C’est une idée qui revient depuis la deuxième moitié des années 1990. Elle a été sérieusement soulevée une nouvelle fois par le maire de Prague, Václav Svoboda, qui consulte à ce sujet architectes, urbanistes et experts en musique. Il explique :
« Il s’agit maintenant de persuader les Praguois du bien-fondé de cette idée et de leur faire comprendre que la capitale tchèque a impérativement besoin d’une telle salle, en dépit de sa situation financière peu favorable. »
Il existe pour cela deux raisons principales. D’abord, Prague doit posséder des espaces modernes, avec une capacité de quelques 2 500 places, dont les deux principales salles de concert, celles du Rodolphinum et de la Maison municipale, ne disposent pas. Aussi splendides soient-elles, elles ne répondent plus vraiment aux besoins des spectateurs et des musiciens. Le directeur de la Philharmonie tchèque, David Mareček va jusqu’ à prétendre qu’il n’y a pas à Prague d’endroit où jouer les partitions d’auteurs de la fin du XIXe siècle, comme Berlioz, Mahler, Janáček ou Stravinski. Le deuxième enjeu est de doter Prague d’une oeuvre d’architecture remarquable au niveau mondial. L’architecte Pavla Melková précise :
« Cette nouvelle construction donnerait non seulement une réponse aux problèmes d’ordre technique des salles existantes, mais elle constituerait un geste positif de la société contemporaine démontrant qu’au coeur de notre intérêt ne figurent pas seulement des constructions mégalomanes de transports, mais également des défis culturels. »
L’important est de trouver un endroit convenable. D’après le journal, il y a désormais six endroits qui entrent en lice, dont la localité près de l’enceinte historique de Vyšehrad qui propose une superbe vue sur l’ensemble de la ville. De l’avis des experts, il faudra cependant attendre encore une dizaine d’années pour voir cette construction se réaliser.
« Le méthanol a liquidé le rhum et la vodka car la prudence demeure de rigueur. » Tel est le titre d’un article publié sur le serveur aktualne.cz dans lequel son auteur Tomáš Franek examine les retombées de l’affaire de l’alccol frelaté au méthanol qui a frappé le pays en automne dernier et causé la mort d’une quarantaine de personnes. Il écrit :
« Cette affaire a causé aux firmes des pertes s’élevant à des centaines de millions de couronnes. Les gens n’achètent plus certaines boissons, en premier lieu la vodka et le rhum, soit celles dans lesquelles le méthanol a été le plus souvent retrouvé. Pendant que certaines petits producteurs de liqueurs n’ont pas encore renouvelé leur fabrication, les fabriques traditionnelles enregistrent elles aussi d’importantes chutes. On peut dire que l’affaire de l’alcool frelaté a touché l’ensemble des fabricants. Dans les magasins, la chute des ventes des boissons alcoolisées concernées est quand même moins marquante que dans les restaurants. »
En conclusion, l’auteur de l’article constate : « Il existe une perte qui paraît inestimable, c’est celle du renom de la production nationale de liqueurs, tant auprès des consommateurs locaux qu’à l’étranger. »